La basilique San Michele d’Oleggio
La page du site Internet « Chiese
Romaniche e Gotiche del Piemonte »,
traduite de l'italien par un programme automatique, nous
apprend ceci :
« Période prédominante :
Xe siècle.
Historique : De
construction préromane, d'inspiration ottonienne, des Xe-XIe
siècles; [...]
mentionnée depuis le Xe
siècle, paroisse au moins jusqu’en 1347, abandonnée vers
le début du XVIe siècle avec une dégradation
progressive conséquente, elle a risqué d’être démolie en
1882. Elle est restaurée en 1923-28 et, pour la partie
picturale, en 1980.
Extérieur :
[...]
La façade qui n’est pas perpendiculaire aux murs, se
caractérise par l’absence d’ouvertures si vous excluez une
fenêtre transversale, au centre en haut, et le portail
placé dans une position asymétrique, à gauche.
[...]
»
Ce ne sont là que de petits extraits d'un compte-rendu très
descriptif, en particulier sur les fresques. Ne disposant
pas d'images de la plupart de ces fresques, nous n'avons pas
jugé utile de recopier le texte dans son intégralité.
Quelques remarques à son sujet. La première de ces remarques
concerne la datation. C'est une des premières fois que nous
trouvons une datation antérieure à l'an mille. Dans la très
grande majorité des cas, même quand elle est « mentionnée
depuis le Xe
siècle », elle est déclarée construite au XIe ou
XIIe siècle, sans qu'on sache ce qu'est devenu
l'édifice antérieur à l'an mille.
Une deuxième remarque doit être faite au sujet de
l'attribution à une « inspiration
ottonienne ». Cet édifice a la particularité d'être
presque entièrement décoré de ce que nous appelons en
France, « arcatures lombardes », et en Italie, « arcs
suspendus ». L'appellation « arcatures lombardes » vient
d'un point de vue d'historiens affirmant que la construction
des églises romanes a été effectuée par des maçons issus de
Lombardie où l'on trouve un grand nombre d'édifices décorés
de telles arcatures. Il est probable que les protagonistes
de cette opinion aient généralisé à outrance de peu nombreux
textes authentiques signalant la présence, hors d'Italie, de
maçons issus de Lombardie. Mais l'inverse pourrait être
aussi vrai : nous avons eu l'occasion de parler dans notre
site du « maître de Cabestany » (en Catalogne
française) qui, selon certains auteurs, aurait eu une
influence jusqu'en Toscane.
Pour en revenir à ces « arcatures lombardes », nous avons
constaté qu'elles n'étaient pas seulement concentrées en
Lombardie. Il y en aurait même peut-être plus dans le
Piémont... et en Catalogne ou en Occitanie, régions fort
éloignées de la Lombardie. On en trouve aussi plus au Nord,
à Châtillon-sur-Seine ou à Tournus. En fait, nous avons
réalisé que le nombre d'édifices à arcatures lombardes était
tellement important que leur construction a dû s'effectuer
durant plusieurs siècles. L'attribution aux seuls XIe
et XIIe siècles de ces édifices serait donc
insuffisante. De plus, nous avons constaté que les zones
d'implantation de ces édifices correspondaient aux zones de
colonisation franque. Nous savons en effet que la
colonisation par des tribus issues du Nord de l'Europe sur
des régions du Sud de l'Europe (Occitanie française,
Catalogne, Piémont, Lombardie, Toscane) a débuté au VIIIe
siècle et s'est amplifiée aux IXe siècle (les
empereurs carolingiens) et Xe siècle (les
empereurs ottoniens). Nous n'avons pas encore suffisamment
de connaissances sur les régions du Nord de l'Europe mais
nous envisageons que l'origine des « arcatures lombardes »
pourrait se situer, non en Lombardie, mais plutôt en
Rhénanie. Il s'agirait donc là d'une « affaire à suivre ».
Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous
sont extraites d'Internet.
Les images
de 1 à 4 font donc apparaître un édifice à
arcatures lombardes. Ces arcatures nous semblent trop bien
conservées pour un édifice qui a failli être démoli en 1882.
Sachant que les toitures et leurs bordures sont les éléments
les plus fragiles d'un édifice, nous pensons que ces
arcatures ont été fortement restaurées. La dissymétrie de la
façade (image 1)
est apparente : le portail est décentré vers la gauche. En
fait, il y avait bien symétrie à l'origine mais pour une
raison que nous ignorons, le portail d'origine a été muré et
un autre portail a été ouvert sur la gauche. La fenêtre
axiale au-dessus de l'ancien portail a aussi été murée,
opération qui a endommagé la fresque du fond de l'église (images 6 et 16).
Nous n'avons malheureusement pas le plan de l'église
supérieure. Il semblerait cependant, d'après le texte
ci-dessus, que la façade occidentale ne soit pas
perpendiculaire aux façades latérales. Pour le cas, il y
aurait une véritable dissymétrie de la construction. Une
dissymétrie, selon nous, incompatible avec l'ambition
initiale de construire un monument parfait. Cela
signifierait que la façade occidentale et la nef ont fait
partie de deux étapes différentes de construction. Et selon
nous, ce serait la façade occidentale qui aurait été
construite après la nef. Il faudrait bien sûr vérifier tout
cela. Mais si cela était confirmé, on aurait un nouveau
marqueur de datation (arcatures lombardes postérieures aux
nefs à piliers de type R0000).
Les caractéristiques de cette église
sont les suivantes : nef formée de 3 vaisseaux charpentés ;
piliers de type R0000
; arcs porteurs du vaisseau central, en plein cintre et à
simple rouleau ; trois absides en prolongement du vaisseau
central ; absence de transept. Tous ces éléments sont
caractéristiques d'une grande ancienneté (avant l'an
800 ; images de 5 à 9).
Il faut ajouter à cela la crypte. Parmi toutes les images de
cryptes que nous avons enregistrées sur notre site, celles
que nous avons ici (images
5, 7, 8) font partie des plus représentatives de
l'hypothèse de « mezzanines » que nous avons imaginée en ce
qui concerne les cryptes (la crypte est obtenue par
séparation de l'abside par un plancher horizontal : l'étage
supérieur accueille l'autel principal, l'étage inférieur
devient la crypte). Celle-ci, construite après la
construction initiale, n'est donc pas, contrairement à
l'opinion généralement admise, la partie la plus ancienne de
l'église (hormis dans ses murs extérieurs, murs de l'édifice
primitif). Cette hypothèse se vérifie une fois encore. On
peut voir sur le plan de cette crypte (image
12), non seulement le tracé de l'abside principale,
mais aussi le début de tracé des absidioles. Par ailleurs,
l'emplacement régulier des colonnes correspond bien à la
pose d'un plancher supérieur. Notons enfin que les piliers
et arcs sont caractéristiques du gothique (images
10 et 11).
Les
fresques
Le site Internet cité plus haut en décrit un bon nombre.
Nous en voyons deux exemplaires :
Abside principale
(images 5, 9, 13 , 14, 15)
: le Christ est représenté en gloire (Pantocrator) porté par
des anges (image 15).
Dans la bande inférieure, on trouve un cortège d'apôtres (image 14). Nous n'avons
pas encore pu faire un bilan d'ensemble sur les
représentations du Christ Pantocrator mais nous commençons à
envisager une classification. Certains éléments semblent en
effet caractéristiques d'une période : le cortège d'apôtres,
le Christ emporté par des anges (absence du tétramorphe), la
représentation du ciel rond et du rond de l'auréole du
Christ (et non la mandorle).
Nous pensons qu'il sera un jour possible de définir une
chronologie. En attendant, remarquons que l'image
15 du Christ est tout à fait semblable à l'image
15 de la page précédente consacrée à l'église
Saint Eldrade de Novalesa. La datation du Xe
siècle est tout à fait envisageable.
Mur du fond de la nef
(images 6, 16, 17)
: cette fresque représenterait le Jugement Dernier avec pour
principal reste, le cortège des élus (image
17). Fort différente de la précédente, elle
daterait du XIIe siècle.
Datation envisagée
Pour la nef de la basilique San Michele d’Oleggio : an 750
avec un écart de 200 ans.
Pour la façade Ouest et les arcatures lombardes de cette
basilique : an 950 avec un écart de 100 ans.
Pour la fresque de l'abside : an 950 avec un écart de 100
ans.