L'église de cimetière San Lorenzo de Montiglio Monferrato
Selon la page du site Internet « Chiese
Romaniche e Gotiche del Piemonte »
relative à cette église, page écrite en italien
et obtenue en français par un programme traducteur
automatique :
« Période
dominante :
XIIe siècle
Généralités :
l’église remonte aux années autour de 1150, comme le
montre un document de 1147 qui atteste de la construction
de l’église à cette époque. Elle a été fortement remodelée
au XVIIIe siècle ou elle fut transformée de
trois nefs à une. La façade a été reconstruite entre 1955
et 1959.
Intérieur : une
nef avec un court transept, résultat d’une reconstruction
du XVIIIe siècle, avec quatre arcs de chaque
côté. [...] Les
arcs sont soutenus par des piliers cruciformes qui
soutiennent des chapiteaux à la décoration très fine et
variée. Sur les chapiteaux, on trouve les motifs les plus
variés de l’iconographie romane : sirènes, figures
monstrueuses, paysans pressant les raisins, oiseaux avec
des raisins dans le bec, motifs floraux et bien d’autres.
La nef centrale à voûte en berceau repose sur une
charpente sculptée en damier, qui s'enroule également sur
l’anneau extérieur des arcs longitudinaux. »
Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-après
sont extraites d'Internet.
Les renseignements ci-dessus se révèlent assez peu utiles en
ce qui concerne la datation. Que signifie en effet la phrase
« comme
le montre un document de 1147 qui atteste de la
construction de l’église à cette époque. » ? Que
l'église était en cours de construction ? Ou que l'église
était déjà construite ? Dans le premier cas, le document en
question serait exceptionnel. Nous ne connaissons pas de
texte écrit témoignant de la construction d'une église. La
plupart des textes ne font que mentionner l'existence d'une
église pour des questions d'héritages ou de répartitions des
dîmes. C'est d'ailleurs tout à fait normal. On ne conserve
en archives que des documents estimés importants, et, dans
le cas d'un monument, lorsqu'il a été construit et que tous
les travaux ont été payés ; il n'est pas nécessaire de
conserver les textes préalables à sa construction.
Il nous est difficile d'évaluer cette
église avec le peu d'images dont nous disposons. Nous
pouvons cependant faire les remarques suivantes.
Il existe une nette différence entre l'architecture de la
nef et celle du chevet, autant à l'extérieur (images
1 et 2) qu'à l'intérieur (image
4). Pour ce dernier, on constate l’alternance de
pierres et de briques à l'extérieur (images
1 et 2), et l'arc triomphal polychrome à
l'intérieur (image 4).
Laquelle des deux constructions a précédé l'autre ? Nous
envisageons – mais sans certitude – qu'à l'état initial,
l'église était à nef unique prolongée par l'actuel chevet.
Cette nef aurait été remplacée par la suite par une nef
triple dont le vaisseau central aurait été conservé. Il
resterait cependant une partie du collatéral Sud, aux deux
fenêtres romanes (à gauche sur l'image
1). Les parties ajoutées au XVIIIe
siècle seraient identifiables de part et d’autre de l'abside
centrale grâce à leurs fenêtres rectangulaires (images
1 et 2).
Le vaisseau central (images
4 et 5) est porté par des piliers probablement de
type R1111. On ne
sait pas au vu des images quelle est la forme des piliers du
côté du collatéral (l'appellation
R1111 signifie que les piliers sont à plan
rectangulaire avec sur chaque côté du rectangle une
excroissance demi-circulaire donnant à l'ensemble un aspect
cruciforme). Ce que nous avons appelé « excroissance
demi-circulaire» dans l 'encart précédent, témoigne de la
présence d'une colonne demi-cylindrique adossée au pilier.
Cette colonne doit normalement porter un chapiteau. Lequel
doit normalement porter autre chose : soit une autre
demi-colonne adossée, soit un arc doubleau. Côté Est et
Ouest, aucun problème : les arcs reliant les piliers sont
doubles. Côté collatéral, on ne sait pas. Côté vaisseau
central, il y a bien un chapiteau... mais rien immédiatement
au-dessus. Et la voûte au-dessus encore n'est pas portée par
des doubleaux. Cette voûte est-elle contemporaine à la
construction des piliers ? Nous l'ignorons.
En tout cas, la forme des piliers, et surtout la facture
minutieuse des chapiteaux, font envisager une période
tardive de l'art roman.
Quelques chapiteaux :
Image 6 :
Chapiteau du pilier « des sirènes » (voir image
12). Chapiteau à feuillages.
Image 7 :
Chapiteau aux aigles impériaux.
Image 8 :
Chapiteau à entrelacs encadré de deux chapiteaux à
feuillages.
Image 9 : Même
pilier que précédemment ; un des deux chapiteaux est à
feuillages.
Image 10 :
Chapiteau « hommes et entrelacs ». Les hommes sont nus et
surgissent à travers des pampres de vigne. Allégorie de
Bacchus ? Ce chapiteau est encadré par deux chapiteaux
identiques représentant des oiseaux picorant des grappes de
raisin.
Image 11 : Même
pilier que précédemment.
Image 12 :
Chapiteau des sirènes. Deux sirènes encadrent des entrelacs.
Il semblerait que ces sirènes ne soient pas féminines :
l'une d'elles serait barbue. Nous pensons que la référence à
l'Antiquité (l'Odyssée d'Homère) de ce type de
représentation que nous appelons « sirène » est tardive.
Initialement, la symbolique devait être toute différente de
celle de la légende d'Ulysse.
Datation envisagée
pour la nef de l'église de cimetière San Lorenzo de
Montiglio Monferrato : an 1150 avec un écart de 50 ans.