L'église Santa Fede de Cavagnolo 

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Selon la page du site Internet « Chiese Romaniche e Gotiche del Piemonte » relative à cette église, page écrite en italien et obtenue en français par un programme de traduction automatique : 

« Période prédominante : XIIe siècle.

Historique : fondée, selon certains, dans la seconde moitié du
XIIe siècle par des moines bénédictins de l’abbaye de Sainte-Foy de Conques, en Auvergne, elle fut placée en 1477 sous la juridiction de l’évêque de Casale, [...]

Extérieur : la façade, en grès et en brique, d’exécution non homogène (la partie supérieure est le résultat de la reconstruction), a un portail très riche réalisé par des maîtres locaux. [...] Au-dessus du portail, protégé par une archivolte supportée par des chapiteaux sculptés de motifs zoomorphes et végétaux, le tympan est orné d’une représentation du Christ Pantocrator inséré dans une mandorle soutenue par deux anges. Dessous ce tympan, le linteau est formé l'une large bande d'entrelacs (pampres de vigne) de bonne fabrication, de main différente de celle qui a sculpté la partie supérieure. [...]

Intérieur : formé de trois nefs ponctuées de piliers cruciformes, de petite taille, [...] Des trois absides, seule la centrale a été conservée. Les demi-colonnes ont des chapiteaux sculptés, différents les uns des autres, qui soutiennent les arcs de renfort de la voûte en berceau. Les chapiteaux ont à la fois des motifs végétaux et des figures d’animaux, de lions et d’oiseaux, et une figure humaine. [...] »

Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-après sont extraites d'Internet.

Nous pensons qu'à l'origine elle devait être charpentée. Lorsqu'elle a été voûtée (en plein cintre sur doubleaux plein cintre), les murs du vaisseau central ont été abaissés. Cela a obturé les fenêtres supérieures qui devaient exister à l'origine (image 4).

L'ensemble est remarquable pour ses éléments sculptés. Il y a tout d'abord le portail (images 2 et 3). Les sculptures des archivoltes nous semblent trop bien conservées. Elles ont sans doute été fortement restaurées.

Par contre, la partie centrale (image 3) nous semble d'origine. Comme le souligne le texte ci-dessus, linteau et tympan ne sont probablement pas de la même « main ». Mais il y a plus que cela ! Sont-ils de la même époque ? On a en effet tendance à s'imaginer qu'un portail roman est un tout homogène. Ce n'est pas toujours le cas. Les premières façades héritées des basiliques romaines étaient peu décorées (du moins de sculptures car il est possible que certaines aient été peintes ; mais nous n'en avons pas la preuve, hormis pour les seules lunettes des portails italiens). Plus tard, à l'époque romane, en particulier en Aquitaine, ces façades ont été recouvertes d'un riche décor (colonnes, arcs, arcatures, panneaux sculptés) (image 1). Mais ce décor a préservé la porte d'origine et son décor antérieur tout en la mettant en valeur. Ainsi, dans le cas présent, il est possible que la façade (image 1) et, dans cette façade, l'archivolte du portail (image 2), soient plus récentes que le linteau et le tympan. Ceux-ci, de facture différente, sont peut-être de remploi. En effet, le linteau ressemble beaucoup à une face avant de cuve de sarcophage antique. On remarque d'ailleurs qu'à gauche et à droite, il y a interruption brusque du décor, ce qui ne serait pas le cas si la pierre avait été sculptée pour cette porte. Le tympan quant à lui ne présente pas les mêmes interruptions de décor mais on constate que certaines parties, comme les ailes ou les pieds des anges, affleurent les bords. Il a peut-être été retaillé à l'occasion de la construction d'un nouveau portail. En tout cas, de nombreux détails de ce tympan nous apparaissent préromans : ailes des anges, robes des personnages, leurs visages, l'absence d'auréole au nimbe du Christ, la « main de Dieu » dirigée vers le haut avec le signe caractéristique (annulaire et auriculaire baissés). Datation estimée de ce tympan : an 600 avec un écart de 200 ans.


Nous avons dit précédemment que la nef devait être précédemment charpentée. Nous envisageons cette hypothèse au vu des images de cette nef et, plus particulièrement, des images 5 et 6. On voit sur ces images que la corniche-sourcil au dessus des arcs est interrompue avant la retombée, au niveau des tailloirs des chapiteaux, par la colonne demi-cylindrique adossée au pilier. Nous pensons, qu'à l'origine, les sourcils devaient reposer directement sur une corniche horizontale prolongée en tailloir des chapiteaux. Donc, selon nous, la demi-colonne a été ajoutée après la construction d'origine. Cette demi-colonne sert à porter un doubleau qui porte la voûte actuelle. Si, par la pensée, on enlève la demi-colonne, cela fait enlever le doubleau puis la voûte. Il ne reste que la charpente d'un toit.

Les chapiteaux de cette nef sont selon nous caractéristiques de la période romane ou préromane. Ils sont proches de ceux que nous avons observés en France. Il y a le thème du lion ou hybride dévorant. Le corps de l'animal est retourné en volute sur les angles. Il est terminé par une tête qui semble dévorer un personnage ou une tête humaine (images 9 et 10). Dans le cas de l'image 10, le monstre dévore sa propre queue, image qui introduit un autre thème : le lion à queue feuillue.

Le chapiteau de l'image 11 est nouveau pour nous. On y voit des feuillages mais aussi des têtes humaines très stylisées et enfin une petite croix (pattée ?). Ce chapiteau pourrait être préroman.

Le chapiteau à entrelacs de l'image 12 pourrait être aussi préroman.

On constate, sur chacune des images de chapiteaux précédentes, que les tailloirs ne sont pas ouvragés. Il est possible que ces tailloirs aient été ajoutés ultérieurement lors de restaurations.


Datation

Les caractéristiques principales de la nef (nef d'origine, triple, charpentée, arcs doubles, piliers de type R1010 ou R1110) et l'absence de transept nous conduisent à une datation antérieure au XIIe siècle.

Datation envisagée pour l'église Santa Fede de Cavagnolo : an 1025 avec un écart de 75 ans.