La concathédrale de la Santissima Annunziata de Todi 

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Dans cette page, l'étude de la concathédrale de la Santissima Annunziata de Todi sera suivie d'un paragraphe de conclusions sur les monuments de la région Ombrie.


La concathédrale de la Santissima Annunziata de Todi

La page que lui consacre le site Internet Wikipedia, écrite en italien, nous apprend ceci :

« Historique : La cathédrale se dresse sur le site d'un édifice qui bordait le forum romain de Todi.Sa construction remonte aux premières années du XII e siècle.

Architecture :

La façade occidentale : L'édifice possède une belle façade romane rectangulaire. Cette façade tripartite est rythmée par quatre grands pilastres et est ornée de trois rosaces et de trois portails. Le compartiment central possède un grand portail surmonté d'un arc légèrement brisé aux claveaux polychromes et orné de rinceaux. Ce portail central est surmonté d'une immense rosace finement ciselée. Les compartiments latéraux, quant à eux, possèdent chacun un portail et une rosace de taille plus modeste.

Le chevet : Le chevet roman du XIII e siècle ne le cède en rien à la façade occidentale. Il possède une abside semi-circulaire rythmée par de fines colonnes engagées, dont certaines sont ornées de torsades. Ce chevet est divisé en deux registres étagés verticalement, couronnés chacun d'arcatures supportées par des colonnettes et surmonté d'une corniche ornée de feuilles d'acanthe et de billettes, supportée par des modillons sculptés.
»


Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous provienennt d'Internet.

Nous n'avons que peu de choses à ajouter au commentaire précédent. Nous ne ménageons pas nos critiques vis-à-vis des datations d'historiens de l'art qui semblent ne connaître que le XIIesiècle. Il nous faut cependant admettre que certaines églises ont pu être construites au XIIe siècle.

Mais étudions de plus près celle-ci. La façade occidentale (images 1 et 2) est différente des façades des basiliques antiques qui reproduisent le plan en coupe de la nef. On retrouve cependant les trois portes et les fenêtres au-dessus de chacune des portes. Nous pensons qu'elle a été construite dans une période de transition entre l'art roman et l'art gothique. Certains éléments de cette façade apparaissent bien de tradition gothique : arcs brisés, arcs trilobés, rosaces. Mais les rosaces que l'on voit ici ont, malgré leurs grandes dimensions, des orifices très petits mais nombreux. Nous pensons que ces orifices, trop petits pour contenir de véritables vitraux à thèmes, devaient contenir des verres colorés. Ce type de rosace pourrait préfigurer le vitrail. La façade occidentale pourrait avoir été construite dans la deuxième moitié du XIIe siècle. Il en serait de même du chevet orné d'arcatures lombardes de deuxième génération (images 3 et 4).

La nef (images 5 et 6) est formée de trois vaisseaux. Le vaisseau central est charpenté. Si cette église était située en France, nous en déduirions presque immédiatement que cet édifice est antérieur à l'an mille. Car après les environs de l'an mille (et en France), les constructeurs s'efforcent de voûter les nefs d'églises. Mais nous sommes au centre de l'Italie. Pour des raisons que nous essayons d'identifier (fréquence des tremblements de terre ? Conservatisme des traditions et respect des modèles architecturaux hérités des romains ? ...), il existe très peu de nefs voûtées en Italie remontant à la période romane. Il existe cependant des indices marqueurs d'une évolution. C'est le cas ici. Le système de piliers porteurs du vaisseau principal est dit mixte : il y a alternance de piliers cylindriques (de type C0000) et de piliers rectangulaires (de type R1010). De plus, les arcs reliant les piliers sont à double révolution. L'ensemble est significatif d'une date relativement tardive.

Datation envisagée pour la nef de la concathédrale de la Santissima Annunziata de Todi : an 1000 avec un écart de 100 ans. Cette datation est susceptible d'être nettement modifiée par une analyse fine des chapiteaux, analyse que nous ne pouvons faire actuellement.


Conclusions sur les monuments de la région Ombrie

Cette étude sur une des régions de l'Italie centrale nous a permis d'approfondir notre connaissance des églises d'Italie. Nous avons écrit ci-dessus que la plupart des églises dites « romanes » d'Italie n'étaient pas voûtées. La région d'Ombrie confirme cette opinion.

Après avoir exclu deux édifices considérés comme non « romans » : le Tempietto del Clitunno et la basilique Saint-Pierre de Pérouse, nous pouvons ranger les 28 autres édifices en trois groupes :

1) Les églises à nef triple à piliers reliés par des arcs simples : Santa Maria in Pantano de Massa Martana, Montecorona, Montone, Narni (trois églises), San Cristoforo de Passignano sul Trasimeno, Saint-Michel Archange de Pérouse, San Gemini, Spello, Spolète (7 églises). En tout 17 églises.

2) Les églises à nef triple à piliers reliés par des arcs doubles : Bevagna (2 églises), Bovara di Trevi, Lugnano in Teverina, Todi). En tout 5 églises.

3) Les églises à nef unique : Castel Ritaldi, Santa Illuminata de Massa Martana, San Faustino de Massa Martana, San Vito de Passignano sul Trasimen, San't Anatolia di Narco (2 églises). En tout 6 églises.

Nous estimons que les églises à nef triple ont précédé les églises à nef unique de superficie comparable. Et parmi les églises à nef triple, celles à arcs simples ont précédé celles à arcs doubles. Een conséquence, si on admet l'idée d'une construction ininterrompue d'églises entre le IVe siècle et le XIIe siècle, on peut considérer que le premier groupe a été bâti entre l'an 400 et l'an 900, le second entre 900 et 1050 et le troisième entre 1050 et 1150. Avec, bien sûr, de grandes marges d'incertitude sur ces dates. Et aussi sans doute une interpénétration des intervalles de datation. Il faut par ailleurs noter que ces datations ne concernent que les édifices initiaux. La plupart ont subi d'importantes restaurations au cours du temps. C'est encore plus vrai pour les plus anciennes.

Remarquons en particulier l'incohérence des propositions de datation qui ont été faites avant notre étude. La plupart de ces propositions de datation sont encore présentes sur Wikipedia. En effet, certaines de ces églises (en particulier à Spolète) ont fait l'objet d'un classement à l'ordre mondial élaboré par l'UNESCO comme étant des édifices construits durant la période lombarde (VIe-VIIe siècle). Alors que d'autres, exactement semblables, sont invariablement datées du XIe ou XIIe siècle ! Cinq siècles de différence, ce n'est pas rien !