L’église San Cristoforo de Passignano sul Trasimeno
La page écrite en italien du site
Internet iluoglidelsilenzio.it
nous apprend ceci :
« Les
origines de la pieve de saint Christophe sont très
anciennes, car elle apparaît pour la première fois en
1136, intitulée Sainte-Marie, dans une lettre du pape
Innocent II confirmant les possessions dues au diocèse de
Pérouse.
Elle se retrouve donc avec le même titre dans la
confirmation ultérieure de ces biens, faite par Frédéric I
er à l’évêque en 1163, et ne sera consacrée que
plus tard au saint (Saint Christophe). Une
église dédiée à ce saint, située à l'intérieur des murs de
la ville, étant signalée en 1361, on peut supposer que le
nouveau titre remonte à 1432, date gravée dans la pierre
du grand autel dédié précisément à saint Christophe,
pierre qui aurait pu être érigée à cette occasion.
Il est probable que l’église a vu le jour sur un lieu de
culte antérieur : le site, d’ancienne fréquentation, a en
effet révélé l’existence d'habitats de l’époque classique
tant dans les environs, où ont été découvertes des tombes
avec de riches objets funéraires, qu’à l’intérieur de
l’église où se sont conservés des vestiges remarquables de
structures anciennes et de nombreux témoignages de
développements du Haut Moyen-Âge attestant de sa
continuité d’utilisation.
La construction est raisonnablement datable entre la fin
du XI e et le début du XII e
siècle, période au cours de laquelle de nouvelles colonies
religieuses ont prospéré dans la zone rurale de la Buse et
qui, en particulier, coïncide avec un moment de
développement économique considérable pour le territoire
de Passignano.
Aujourd’hui, il est difficile d’imaginer l’importance et
la grandeur de l’église d’origine qui avait une
consistance et des proportions très différentes de celles
d’aujourd’hui. La Pieve était en effet un ensemble de
constructions articulées qui devait comprendre aussi un
porche attaché à l’église et un enclos bâti destiné aux
sépultures individuelles, couvert et décoré de fresques,
comme le rappelle une visite pastorale de 1593.
Cette construction, qui était encore en partie ruinée au
milieu du siècle dernier, a définitivement disparu
aujourd’hui. [...] Même
le volume subsistant de l’église est en réalité très
faible par rapport à la taille d’origine, puisqu’il aurait
été réduit, vers le milieu du XVIII e siècle
d’au moins deux travées, et privé des absides de fond qui
étaient présentes dans les trois nefs.
En revanche, l’existence d’une crypte qui n’apparaît
jamais directement dans les sources d’archives, n’apparaît
pas confirmée. »
On retrouve, à la lecture de ce texte, une attitude que nous
avons rencontrée et critiquée un très grand nombre de fois :
pour dater un monument dit « roman », les historiens de
l'art ne font confiance qu'aux documents écrits postérieurs
à l'an mille et négligent totalement les autres types
d'évaluation (architecture, iconographie, etc). Ici, malgré
le très grand nombre d'indices permettant d'envisager une
haute ancienneté, l'auteur ne prend en compte que la date de
1136 et il en déduit que « la
construction est raisonnablement datable entre la fin du
XI e et le début du XII e siècle ».
Le texte révèle néanmoins des détails très intéressants.
D'une part, à l'origine, l'église était dédiée à la Vierge
Marie. Puis la dédicace a été changée en celle de Saint
Christophe. Mais avant même la date de 1136, elle semble
affiliée au diocèse de Pérouse. Ces renseignements
apparemment anodins convergent avec d'autres informations
elles aussi anodines. Il semblerait que durant les premiers
temps du christianisme, l’Évêque, episcopus,
était responsable d'une communauté installée dans un
territoire nettement plus réduit que nos départements
actuels. Ce pouvait être une ville, voire un peuple habitant
cette ville. Mais, au fur et à mesure du temps, les évêques
des grands centres urbains se sont imposés. On a vu
apparaître des concathédrales. Cette concentration des
pouvoirs épiscopaux semble se manifester assez rapidement
puisque Grégoire de Tours qui vivait à la fin du VIe
siècle parle d'évêques vivant dans des petites cités fort
éloignées de Tours mais ne signale pas la présence d'évêques
à proximité de Tours (Le Mans, Blois, etc). Nous pensons
que, s'il ne les cite pas, c'est parce qu'il ne les
considère pas comme évêques, c'est-à-dire égaux à lui.
Par ailleurs, nous avons remarqué que la plupart des
cathédrales anciennes étaient dédiées à la Vierge Marie.
Nous pensons donc que cette église peut avoir été à
l'origine la cathédrale d'un petit territoire et que
l'enclos où elle se trouvait peut avoir été un groupe
cathédral, ensemble de lieux de prière comprenant la
cathédrale, le baptistère, et d'autres églises.
Nous n'avons pas visité cette église.
Les images ci-dessus sont extraites d'Internet.
Datation
Il s'agit d'une église à nef à trois vaisseaux. Les trois
vaisseaux sont charpentés.
Les piliers porteurs du vaisseau central sont de type R1010. Ceci signifie
que la section de base de ces piliers est rectangulaire avec
une saillie (de forme semi-circulaire) à l'Est et à l'Ouest.
Nous estimons que ce type de pilier est postérieur au pilier
à section circulaire (de type C0000)
ou rectangulaire (de type
R0000) mais antérieur aux autres formes de piliers.
Les arcs reliant ces piliers sont simples. Ces diverses
particularités sont signe d'ancienneté. Autre signe
d'ancienneté : l'absence de transept.
Datation envisagée
pour l’église San Cristoforo de Passignano sul Trasimeno :
an 800 avec un écart de 150 ans.