La basilique Saint-Pierre de Pérouse
La page écrite en italien du site
Internet Wikipedia nous apprend ceci :
« L'abbaye
a été édifiée vers l'an 996 sur les vestiges de la
précédente cathédrale. Bien que les premiers documents qui
citent l'église datent de 1002, le premier siège épiscopal
de Pérouse a comme origine le VII e siècle.
Le premier abbé se nomme Pieto Vincioli, un noble pérugin
qui a été par la suite canonisé.
Durant les siècles suivants, l'influence de l'abbaye crût,
mais en 1398, elle fut mise à sac par les habitants de
Pérouse. [...]
Sous
le pape Eugène IV (1431-1447), le monastère retrouve sa
splendeur. Le pape unit l'abbaye avec la Congrégation de
sainte Justine de Padoue (“Cassinese”), lui permettant de
maintenir une position de prestige et son pouvoir en
ville.
Le plan intérieur de la basilique est composé d'une nef
avec deux bas-côtés. La nef est articulée en arcades
reposant sur d'antiques colonnes en marbre gris, venant
probablement d'anciennes constructions romaines. La partie
supérieure, décorée de toiles représentant des scènes de
l'Ancien et du Nouveau Testament, commandées par l'abbé
Giacomo da San Felice da Salò, ont été achevées entre 1591
et 1611. »
Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-après
sont issues d'Internet.
Comme nous l'avons constaté un grand nomre de fois, l'auteur
du texte ci-dessus ne tient pas compte de l'architecture de
l'édifice. La date « vers
996 » qu'il nous donne est probablement inspirée
par le texte daté de 1002 permettant d'affirmer qu'une
église existait à cette date. L'auteur en a sans doute
déduit que, puisque l'église existait en 1002, elle avait
été construite peu de temps auparavant. Mais il n'a pas
voulu envisager qu'elle ait été construite longtemps
auparavant … ou longtemps après.
Une autre erreur fréquemment rencontrée réside dans la
phrase : « La
nef est articulée en arcades reposant sur d'antiques
colonnes en marbre gris, venant probablement d'anciennes
constructions romaines ». La persistance de ce type
d'erreur est étonnante. Est-il vrai qu'à l'heure actuelle
les sculpteurs italiens sont incapables de travailler le
marbre ? Nous connaissons tous la réponse. Et nous savons
aussi que la sculpture sur marbre était pratiquée à grande
échelle en Italie au moins depuis la Renaissance, (exemple :
le baldaquin du Bernin : 1633).
Certes, l'utilisation d'un matériau en remploi est fréquent
en architecture. Nous l'avons signalé à de nombreuses
reprises sur des monuments décrits dans ce site. En
particulier dans les cryptes. Et cette utilisation est en
général très facile à détecter. Car l'ensemble se révèle
dizparate : colonnes de formes différentes, de hauteurs
différentes, chapiteaux différents. Pourquoi ces différences
? Tout simplement parce que le matériau en remploi est
récupéré sur un ou (en général) plusieurs monuments anciens.
Ces monuments ont été démantelés. Et ils l'ont été
progressivement. Dans le cas présent, l'auteur nous explique
que 16 colonnes toutes identiques ont été récupérées sur un
temple romain pour bâtir en 996 une église. Cela signifie
que pendant plus de 600 ans, les 16 colonnes ont sagement
attendu dans un coin qu'on vienne les chercher. Absurde !
En conséquence, nous devons envisager que cette église a été
entièrement rebâtie. En reprenant exactement le plan ancien,
plan d'une basilique paléochrétienne ? En imitant ce plan
ancien mais avec des dimensions plus importantes ? Nous
penchons en faveur de la seconde hypothèse.
À quelle date cette nouvelle église aurait-elle été
construite ? En 996 ? C'est peu probable, le style de cette
église ne correspond pas à la période préromane ou romane.
Et il en est de même pour les périodes suivantes. Hormis
pour les périodes classique et baroque, pour lesquelles le
marbre a été très utilisé. La période précédent de peu la
décoration picturale des parties supérieures de la
nef, l'année 1591, nous semble le meilleur choix.
Datation
envisagée pour la basilique Saint-Pierre de Perugia
: an 1575 avec un écart de 25 ans.