L'église Santa Maria Assunta de Lugnano in Teverina  

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La page écrite en italien du site Internet Wikipedia, et relative à cette église, est très documentée. Nous en conseillons la lecture à toute personne qui pourrait visiter cet édifice. Nous-mêmes n'avons pu le faire, les images ci-dessous sont extraites d'Internet. Voici un court extrait de cette page, traduit de l'italien par un programme automatique, traduction éventuellement corrigée par nos soins :

« Histoire : La pieve primitive de Lugnano in Teverina a probablement surgi entre les VIII e et IX e siècles, mais une reconstruction a été réalisée au Bas Moyen-Âge, entre les
X e et XI e siècles, et les travaux ont été achevés en 1230 avec la construction du pronaos
(narthex). [...] »

Concernant la période que nous étudions - le premier millénaire, mais avec un dépassement jusqu'à l'an 1100 et, dans des cas exceptionnels, jusqu'à l'an 1200 - cette église est peu documentée. Essayons d'analyser les images à notre disposition :

Image 1 : La façade Ouest est précédée d'un portique porté par deux piliers et quatre colonnes. Cet ouvrage Ouest est ici appelé pronaos, à cause de sa ressemblance avec les monuments de l'Antiquité. Il est postérieur à la façade dont la partie supérieure apparaît au-dessus.

Image 2. Cette façade est percée d'une grande rosace encadrée par deux hautes fenêtres géminées. Les dimensions de la rosace, le style des colonnettes torses, le matériau utilisé (marbre) font ranger cette œuvre parmi celles de l'art roman tardif, un art roman ayant coexisté avec l'art gothique (première moitié du XIIIe siècle ?).
La rosace est encadrée par les symboles des évangélistes.

Tout semble donc apparemment très clair. Pourtant, il y a dans cette façade quelque chose qui n'est pas normal. Il y a en effet juste au-dessus de cette grande rosace une autre rosace plus petite,  encadrée par des « bols de céramique ». Ce que nous appelons « bol de céramique » est une cavité circulaire creusée dans la façade ayant pu contenir un disque de céramique colorée. Ce type de décor est visible sur des églises d'Italie, qui elles sont réellement « romanes ». De même, la rosace de petites dimensions fait envisager une construction antérieure à celle des grandes rosaces. Nous envisageons donc la situation suivante. La façade Ouest aurait été entièrement reprise au moment de la création du pronaos. L'ancienne façade devait contenir la petite rosace et les « bols de céramique ». Lors de la reconstruction de la façade, on a décidé de faire la grande rosace et les fenêtres géminées, mais on a voulu conserver (quitte à les déplacer) la petite rosace et les « bols de céramique ». Datation estimée de la façade primitive : an 1075 avec un écart de 75 ans. Datation estimée de la nouvelle façade : an 1225 avec un écart de 50 ans.


La nef (images 4 et 5) est à trois vaisseaux. Le vaisseau principal est porté par des colonnes cylindriques. Les arcs reliant ces piliers porteurs des murs gouttereaux sont en plein cintre et à double rouleau. Nous estimons importante cette dernière particularité car son invention serait relativement récente, aux alentours de l'an mille. Une autre particularité est la voûte en plein cintre qui ne repose pas sur des arcs doubleaux. La plupart des églises italiennes à plan basilical dont le vaisseau central est, comme ici, porté par des colonnes cylindriques, ont un vaisseau central charpenté. Les autres églises sont voûtées mais nous estimons que le voûtement a été effectué très tardivement durant la période baroque, avec des voûtes légères en stuc. Concernant cette église, nous beaucoup plus hésitants. D'une part, la largeur du vaisseau est réduite, ce qui rend possible l'installation d'une voûte lourde en pierre. D'autre part, il nous semble que si le voûtement avait été effectué en période baroque, les architectes n'auraient pas craint d'ajouter des arcs doubleaux, à la fois pour la décoration et pour le soutien de la voûte. De toute façon, il est facile de trancher : il suffit d'effectuer une visite des combles pour voir comment est constituée la voûte.

Les chapiteaux constituent un élément d 'évaluation intéressant. Il faut cependant noter que dans de nombreux cas, il a pu y avoir remplacement d'un chapiteau endommagé par un chapiteau plus récent. Celui de l'image 10 est roman, d'un art roman tardif. Par contre, ceux des images 11 et 12 présentent un caractère gothique très marqué (an 1300 avec un écart de 50 ans).


Il reste à analyser la clôture du chœur (images 5 puis 6). Cette clôture porte deux panneaux sculptés en bas-relief. Celui de gauche (image 7) représente deux personnages se tendant les bras. Il semblerait que la tête de celui de gauche (peut-être le Christ) soit auréolée. Mais l'auréole a été tronquée. Il en est de même pour celle du Saint Michel de l'images suivante. Nous en déduisons que les deux panneaux proviennent probablement d'un monument plus ancien et qu'ils ont été ajustés pour décorer l'actuel.

Image 8 : Comme nous l'avons dit précédemment, ce panneau représente Saint Michel terrassant le dragon.


Datation envisagée pour l'église Santa Maria Assunta de Lugnano in Teverina : an 1100 avec un écart de 150 ans.