L'église Santa Illuminata de Massa Martana 

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La page écrite en italien du site Internet Wikipedia nous apprend ceci :

« La tradition veut que l’église ait été érigée sur le lieu de sépulture du Saint, qui avait fui Ravenne. L’église et le monastère sont documentés à la date de 1128, comme ayant été fondés au siècle précédent par des moines camaldules de Saint Apollinaire in Classe de Ravenne. Le monastère a été supprimé en 1260, quand il est devenu dépendant de la cathédrale de Todi.

La façade comporte trois arches, dont deux sont murées. Au-dessus de l’arc arrondi central, se trouve une fenêtre à meneaux. L’abside porte un clocher-mur. L’intérieur a des traces de fresques.
»

Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-après sont extraites d'Internet.

Nous allons étudier plus particulièrement la façade occidentale (image 1). Observons tout d'abord que la porte située au centre est située dans une baie abritée par une archivolte à trois ressauts successifs, le tout sans décoration. Nous sommes actuellement en train d'évaluer ce type de baie. Nous estimons qu'il est antérieur aux types de baies encadrées par des colonnettes supportant les arcs. Mais ce, sans pouvoir être plus précis quant à l'antériorité.

Une fenêtre géminée surmonte le portail (image 2). Son chapiteau est orné d'une croix potencée (ou gemmée?).

Encore au-dessus, à peine visible sur l'image 1, apparaît une plaque sculptée en bas-relief (image 3). Elle se révèle très intéressante. Nous l'estimons antérieure à l'an mille (an 850 avec un écart de 200 ans). Elle faisait probablement partie d'un chancel. Au centre, une croix gemmée est ornée d'entrelacs. Chacun des quadrants limités par les branches de la croix est occupé par un personnage :

En haut, à gauche, un oiseau. Mais s'agit-il bien d'un oiseau ? Le corps et les pattes s'apparentent à ceux d'un être humain. Qui plus est, le décor de plaques du corps fait plus penser à une armure qu'à des plumes d'oiseau.

En haut, à droite, un autre oiseau. Même réflexion que précédemment avec ceci de plus que la tête apparaît auréolée.

En bas, à gauche, un chasseur décochant une flèche en direction du cerf. Fait surprenant : le chasseur est installé sur un piédestal.

En bas, à droite, un cerf en train de brouter.

Nous considérons comme presque certain que cette sculpture n'est pas le fruit d'une imagination débridée. Comme si le sculpteur avait dit au dernier moment : là je vais faire une grenouille puis là je vais faire un mouton, et en dessous, un canard avec à côté un dauphin. Oh et puis non, je vais faire deux oiseaux, un chasseur et un cerf. Nous pensons que le sculpteur n'a pas agi ainsi. Il a eu des instructions. Ces représentations doivent avoir un sens. Mais lequel ? Il est possible que nous ayons l'imagination fertile, mais cette sculpture nous fait penser à une autre image : celle de crucifixions réalisées au IXe ou au Xe siècle. On a, pareillement à ce que l'on voit ici,  une croix partageant l'espace en quatre parties. Les quadrants du haut sont occupés par le soleil et la lune personnifiés. Les quadrants du bas sont occupés par le soldat Longin qui perce le corps du Christ et l'autre soldat qui soulage le Christ en humectant ses lèvres d'eau vinaigrée. Dans le cas présent, l'oiseau à bec en forme de croissant pourrait représenter la lune. Celui à tête auréolée, le soleil. Le chasseur serait associé à Longin, le cerf, à l'autre soldat.

En admettant même que ces rapprochements soient fondés, il nous faut admettre que le symbolisme attaché à ces scènes reste pour nous encore très obscur.


Datation envisagée pour l'église Santa Illuminata de Massa Martana : an 1000 avec un écart de 100 ans.