L'abbaye Santa Croce de Sassoferrato
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La page du site Internet Wikipedia relative à cette église,
obtenue de l'italien par un traducteur automatique, nous
apprend ceci (extrait) :
« L’abbaye
est un complexe architectural appartenant à un groupe de
quatre églises - San Vittore alle Chiuse (Genga), Santa
Maria delle Moie (Maiolati Spontini) et San Claudio al
Chienti (Corridonia) - datant entre le XIe et
le XIIe siècle. De tels bâtiments de culte
représentent un caractère unique dans la région,
caractérisé par un plan de croix grec inscrit : ce serait
un schéma d’origine orientale très répandu dans les
églises byzantines de Grèce et des Balkans...
Le noyau central de l’église est défini par quatre grands
piliers composites. Sur chacun d’eux, sont placées deux
demi-colonnes en granit et calcaire, provenant de Sentinum
(ville antique ruinée voisine du lieu). En fait, de
nombreux matériaux classiques des ruines de l’ancienne
ville ont été utilisés dans le bâtiment : ici, les moines
ont trouvé de nombreuses pierres tombales de l’époque
romaine qu’ils gardaient jalousement. Sont également
visibles une série de chapiteaux intéressants d'origine
lombarde, sculptés dans du calcaire blanc, et qui
comprennent, ornements géométriques, motifs végétaux, avec
des bestiaires et des animaux fantastiques, et un, avec la
seule scène sacrée, qui représente la Crucifixion, un
thème étroitement lié à la dédicace de l’église à la
Sainte-Croix. Ceux-ci doivent être liés à l’art roman
lombard et datent diversement entre le XIe et
le XIIIe siècles. [...] ».
Nous n'avons modifié que de peu cette traduction
automatique, l'estimant parfaitement compréhensible malgré
certaines imperfections.
Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-après
ont été recueillies sur Internet.
L'absence d'un plan au sol, le peu de
clarté des diverses explications traduites de l'italien
rendent difficile la compréhension de l'architecture du
bâtiment. Observons l'image
1 de l'ensemble du monastère. Comme toutes les
images par satellite, celle-ci doit être orientée, le Nord
étant en haut de l'image. On repère au Nord-Ouest le toit en
quatre pentes du clocher. Puis, sous le drapeau rouge, le
toit à deux pentes, orienté Est-Ouest, qui doit recouvrir
les trois vaisseaux de la nef dont l'intérieur est visible
sur les images 5 et 6.
En continuant en direction de l'Est, on rencontre un autre
corps de bâtiment orienté Nord-Sud couvert d'un toit à deux
pentes. Ce serait le transept dont l'intérieur est visible
sur les images 7 et 8. La distinction entre
ce corps de bâtiment et le corps de bâtiment suivant,
orienté pareillement Nord- Sud n'est pas facile. Elle existe
pourtant et elle est bien visible sur l'image
2 où l'on voit en premier plan le grand bâtiment
Est, qui devait être réservé aux dortoirs des moines, et en
arrière-plan l'unique clocher. Entre les deux, un corps de
bâtiment percé de 5 fenêtres : ce serait la partie
supérieure du transept. Les
images suivantes 3
et 4 montrent les façades Nord et Ouest.
Le texte de Wikipedia attribue une origine orientale au plan
en croix grecque de cette église. D'autres commentaires
concernant les trois autres églises du même type envisagent
une origine nordique. Nous aurons l'occasion de revenir sur
cette question en fin d'étude de la région des Marches.
Cependant, un élément important pour la discussion mérite
d'être signalé. Regardons à nouveau la vue par satellite de
l'image 1. Il est
peu probable que cette image ait subi une distorsion. Et si
c'était le cas, les lignes droites des toits des bâtiments
seraient légèrement courbées. Ce qui n'est pas le cas. On
constate que le faîte du toit de la nef n'est pas tout à
fait perpendiculaire au faîte du toit du transept. Il
faudrait bien sûr vérifier cela par un plan au sol,
l'ensemble ayant pu subir des modifications. Mais si c'est
bien le cas, on peut légitimement douter d'un plan en croix
grecque dont une des branches est déviée. D'autant que la
croix grecque est une croix dans laquelle toutes les
branches sont de même longueur et de même largeur. Ce qui
n'apparaît pas sur cette image.
À l'inverse des trois autres églises
citées plus haut, celle-ci contient un certain nombre de
pièces sculptées d'un grand intérêt. Ainsi, une porte
d'entrée (image 9),
probablement située dans le narthex, présente des voussures
sculptées et surtout les chapiteaux de piédroits (images
10 et 11). Fait rare, les mêmes scènes sont
représentées à gauche et à droite : un aigle impérial et un
lion. Si l'aigle impérial, aux ailes déployées, a souvent
été rencontré dans la même attitude, en art roman, le lion
est quant à lui très original. Il semble suspendu sur des
objets de forme ovoïde (3 à gauche, 4 à droite). S'agit-il
de feuilles dressées ? Des entrelacs apparaissent sur les
corps des lions. Nous pensons que ces sculptures sont
préromanes (an 800 avec un écart de 150 ans).
Un second groupe de sculptures apparaît sur les piliers de
la nef (image 5).
Ce sont deux chapiteaux. Le premier (images
12, 13, 14) présente divers personnages. De gauche
à droite : un homme, au sexe dressé, posant une main sur uné
épée et levant l'autre main au-dessus du personnage suivant.
Celui-ci semble être un moine. Il désigne de sa main le
premier. Le troisième personnage est un quadrupède
représenté la tête en bas. Son corps est strié. Sa patte
arrière gauche est dévorée par un animal à tête de
crocodile. Au dessous de cette tête, une autre tête animale
apparaît (image 14).
L'interprétation de la scène entre les deux premiers
personnages semble claire. Elle symboliserait les relations
entre les puissances temporelles et spirituelles. Nous ne
connaissons pas la signification de la scène suivante.
Notons toujours sur l'image
14 la discontinuité entre les deux chapiteaux qui
ne sont pas tout à fait de la même hauteur. Chacun des deux
semble avoir été sculpté indépendamment et retaillé pour
créer une apparence de continuité. Mais les scènes ne «
recollent pas » entre elles. Nous envisageons qu'il ait pu y
avoir deux étapes de construction successives. Laquelle des
deux a précédé l'autre ? Nous l'ignorons.
Remarquons que les entrelacs de feuillages du chapiteau de
droite de l'image 14 et
du chapiteau de l'image 15
semblent très proches des entrelacs du tympan de la
Torre Gerosimilana (page précédente).
Remarquons surtout que ce système de chapiteaux de piliers
(la surface sculptée fait tout le tour des piliers avec deux
chapiteaux à surface plane sur des faces opposées et deux
chapiteaux à surface arrondie sur les deux autres faces) a
déjà été vue à Saint-Ambroise de Milan et, un peu
différemment, à Rivolta d'Adda. L'hypothèse d'une
construction lombarde de cette partie de nef pourrait être
confirmée.
L'hypothèse d'une construction en
plusieurs étapes doit être envisagée. Nous avons cependant
trop peu d’éléments pour émettre une chronologie de
construction.
Datation envisagée
pour l'abbaye Santa Croce de Sassoferrato : an 850 avec un
écart de 150 ans.