Abbaye Santa Maria de Piè di Chienti
La page du site Internet Wikipedia,
écrite en français, et relative à cette église, nous apprend
ceci : «L'abbaye
a priori fondée au Xesiècle est restée sous la
juridiction de l'abbaye de Farfa jusqu'en 1477. Des
documents citent la présence d'une abbaye en 936. Le pape
Sixte IV transfère la propriété à l'ordre de l'Ospedale de
Santa Maria della Pietà de Camerino . L'actuelle église
romane en pierre a été reconstruite en 1125 par le lombard
Agenolfo ou Adenolfo après qu'un tremblement de terre ait
provoqué l'effondrement des parties hautes de l'église.
L'église possédait une crypte inférieure, au-dessus d'un
presbytère élevé et trois chapelles radiales émergeant de
l'abside. Le périmètre de l'abside possédait un
déambulatoire permettant aux visiteurs laïcs de marcher
sans déranger les moines cloîtrés dans l'espace central du
chœur.
L'intérieur présente une configuration de basilique avec
une nef et deux bas-côtés. L'église a subi des rénovations
au cours des siècles mais des éléments tels que niches ou
chapiteaux semblent accréditer une origine antérieure au
IXesiècle.»
Il est probable que le texte précédent ait été traduit de
l'italien. La phrase «L'église
possédait une crypte...», au lieu de «L'église
possède une crypte...», serait due à un défaut de
traduction.
Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-après
ont pour source Internet.
Il y a une certaine incohérence dans le texte ci-dessus.
D'une part, l'abbaye aurait été fondée au Xesiècle
(cependant le mot «a
priori» fait apparaître une nuance dans cette
évaluation). D'autre part, elle aurait été reconstruite en
1125. Et enfin, le texte cite «des
éléments tels que niches ou chapiteaux semblent accréditer
une origine antérieure au IXesiècle.». Selon nous,
ces phrases apparemment contradictoires ne seraient que le
reflet des débats entre chercheurs.
En tout cas, nous sommes heureux de voir apparaître la
dernière phrase parlant d'une possible «origine
antérieure au IXesiècle.». Cette satisfaction ne
vient pas du fait qu'une origine antérieure à l'an mille
soit signalée. Car dans de nombreux autres cas, il est fait
mention de l'existence d'un édifice antérieur à l'an mille.
Mais jusqu'à présent et presque à chaque fois, l'église en
question a subitement disparu et comme celle-ci, a été «reconstruite
en 1125». Que ce commentaire se base sur des
données architecturales pour émettre cet avis sur
l'antériorité de l'église constitue pour nous un autre motif
de satisfaction.
Cependant, l'architecture de cette
église pose quelques questions. On note tout d'abord une
dissymétrie du plan. Il existe un transept. Plus exactement
deux croisillons de transept très différents l'un de
l'autre. Le croisillon Nord est élevé alors que le
croisillon Sud est de dimensions plus réduite. De plus, une
absidiole est greffée sur ce dernier.
Par contre, le chevet à déambulatoire est, quant à lui,
parfaitement symétrique. Il est décoré d'arcatures
lombardes. Nous estimons que les chevets à déambulatoire
avec chapelles rayonnantes sont au dernier stade d'évolution
du chevet roman. Nous les situons après l'an 1100 (avec un
écart de 25 ans) si bien que la date qui nous est donnée de
l'an 1125 pourrait correspondre à la construction de ce
chevet. En conséquence, il faudrait réétudier le document
ayant permis d'obtenir cette date. S'il y a bien
concordance, ce document pourrait constituer un élément
important permettant de confirmer la datation, non seulement
de ce chevet, mais aussi d'un grand nombre de chevets du
même type (images 2 et 3).
Par la même occasion, on pourrait dater ce type d'arcatures
lombardes. Il ne faudrait pas pour autant en déduire une
datation de toutes les arcatures lombardes. Nous estimons en
effet que leur construction s'est effectuée sur plusieurs
siècles.
À l'intérieur de l'église, on découvre une nef à trois
vaisseaux (images 4 à 9).
Le vaisseau central est charpenté. Les collatéraux sont peu
élevés mais ils portent une tribune, fait rare.
Primitivement, la nef devait être analogue à la partie Ouest
(images 4 et 6),
avec un vaisseau central très élevé encadré par les
collatéraux suppoortant des tribunes. Nous estimons
qu'ultérieurement, il a été décidé de poser un plancher dans
le vaisseau central, au niveau des tribunes et ce, sur la
moitié de la nef, côté Est. Ce qui fait que, sur cette
moitié de nef, il y a eu séparation en deux de l'église : en
dessous de ce plancher, une église inférieure ou crypte (images 7, 8, 9). Et
au-dessus, une église supérieure (image
5). Dans cette église, les anciennes tribunes
devenaient des collatéraux.
La nef présente un net aspect archaîque. Cependant,
l'existence des tribunes et la présence dans cette nef
d'arcatures lombardes relativisent son ancienneté ; ancienne
oui, mais pas tant que ça.
Nous ne pouvons dire grand-chose de plus, car cette église
doit révéler une grande complexité ; quels sont les liens
entre la nef et le chevet? entre la nef et les croisillons
du transept?
Datation
envisagée pour l’abbaye Santa Maria de Piè di
Chienti : an 900 avec un écart de 100 ans.