L'église du Prieuré Saint-Pierre de Carennac
L'historique de ce prieuré a fait
l'objet d'une étude très détaillée dans le livre livre « Quercy Roman » de la
collection Zodiaque.
Le lecteur intéressé pourra s'y rapporter. Nous rappelons
que les études faites sur ce site ne concernent que
l'architecture et les arts du Moyen-Âge et plus
particulièrement ceux susceptibles d'être antérieurs à l'an
mille.
L'image
1 nous donne une idée du chevet et de la façade
Nord du prieuré. Un temps, nous avons pensé que le bâtiment
aux fenêtres Renaissance de cette façade Nord pouvait avoir
été construit sur la façade Nord de l'église mais un examen
du plan de l'image33
nous a convaincu que ce bâtiment Nord était seulement
adjacent à la façade Nord de l'église.
Une autre remarque : les absides du chevet sont accolées.
D'où l'idée que le plan de l'église primitive pouvait être
celui d'une église à nef à 3 vaisseaux et à chevet à trois
absides en prolongement des nefs. Ce que le plan de l'image 33 confirme. Ce
plan est, selon nous, caractéristique d'églises très
anciennes construites durant plusieurs siècles au cours du
premier millénaire . Voir à ce sujet la page de ce site « Évolutions du
plan d'ensemble ; les plans initiaux » du chapitre «
Datation ».
Lorsque nous avons rédigé cette page, nous avons eu la
surprise de constater que ce type de plan était relativement
répandu et ce, pour des églises d'architecture considérée
comme archaïque. Ayant admis que, plus les édifices sont
anciens plus ils sont rares, nous en avons déduit au vu de
leur nombre relativement important que leur plan avait été
utilisé pendant une longue durée.
Il existe cependant une différence entre ce plan et le plan
type que nous venons de décrire (nef à trois vaisseaux avec
trois absides en prolongement). Dans ce dernier plan, il n'y
a pas de transept. Ou bien, lorsqu'il y a un transept,
certains détails montrent que le transept a été construit
sur une nef antérieure. À la suite de cette observation,
nous avions envisagé que ce type de plan aurait précédé
l'invention des transepts.
Or ici, il y a bien eu création d'un transept lors de la
construction initiale. C'est ce qui apparaît à le lecture du
plan. En effet, il existe une différence entre la distance
entre deux piliers de nef et la distance entre deux piliers
du transept. Ce qui signifie que le transept était prévu
dans le premier plan de construction.
Mais sommes nous en présence d'un vrai transept ? Lorsqu'il
existe un transept, une vue aérienne de l'édifice donne une
forme de croix. C'est d'ailleurs pour cela qu'on donne le
nom de « croisillons » aux ailes Sud et Nord du transept.
Rien de tel ici (image 33 et
image 10). On serait en présence d'une forme très primitive
de transept.
La nef est à trois vaisseaux voûtés en
berceau plein cintre sur doubleaux plein cintre (images 4, 7 et 8). Les arcs reliant les piliers
sont doubles.
Les images 5 et 9 font
apparaître la forme des piliers. Et là, on éprouve une
certaine surprise car on a trois formes différentes : un
pilier de forme C0000,
deux de forme R1111
et un autre d'une forme étoilée apparentée à la forme R1111. Il est possible
que ces piliers aient été construits en plusieurs étapes.
Les images
13, 14 et 15 représentent trois de ces piliers.
Nous découvrons sur ces images que, pour chacun de ces
piliers, la demi-colonne engagée située du côté du vaisseau
central semble démesurée par rapport aux autres
demi-colonnes. D'où l'idée que cette demi-colonne a été
ajoutée à un pilier préexistant. Comme on l'a vu dans
d'autres églises, la nef primitive était charpentée. On a
décidé de la voûter en ajoutant des demi-colonnes destinées
à supporter les doubleaux porteurs des voûtes. Ainsi, les
piliers de type R1010
auraient été transformés en piliers de type R1111.
Les scènes représentées sur les
chapiteaux des images 16,
17, 18, 19, 20, 21 et 23 nous surprennent par leur
archaïsme. Nous les trouvons plus anciennes que les
constructions qui les entourent. Ce qui est tout de même
paradoxal. Les décors sont barbares (entrelacs, feuillages).
Les représentations telles que le « lion à queue feuillue»,
les « lions affrontés », les « oiseaux au canthare », sont
bien présentes à l'époque romane (1000-1200). Mais avec une
moins grande liberté de ton qu'ici.
Les images 24, 25, 26 et
27 sont quant à elles plus caractéristiques d'une
période romane.
Sur le plan de l'image
33, on remarque que la nef est précédée d'un
ouvrage Ouest. Cet ouvrage Ouest contient deux portails
monumentaux. Le premier d'entre eux permet d'accéder à
l'église (image 2).
Son tympan (image 3)
est d'une grande beauté. Nous ne l’étudierons pourtant pas,
car il s'agit d'un tympan roman postérieur à l'an 1000.
Notre intérêt s'est surtout porté sur le portail, situé
entre la nef et l'ouvrage Ouest (image
28). Les 4 chapiteaux qui ornent ce portail sont
remarquables (voir les images
29 à 32). Leur décor s'apparente à celui des
chapiteaux des images 16
à 23 mais avec une plus grande finesse
d'exécution. Nous évoquons pour la réalisation de ces
sculptures le mot « wisigothique ». Un mot qui peut sembler
incongru mais proche de ce que nous connaissons de l'art
wisigoth.
Datation envisagée
pour l'église du Prieuré Saint-Pierre de Carennac : an 900
avec un écart de 150 ans.