L’église Saint-Julien-de-Brioude à Nébian 

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Nous n'avons que peu de choses à dire sur cette église d'origine ancienne, comme en témoignent les traces de fenêtres sur les murs (image 1). La nef primitive devait être à trois vaisseaux.

Si nous consacrons une page à cette église, c'est parce qu'elle contient des pièces d'art intéressantes.

Il y a tout d'abord un autel « wisigothique » à croix pattée. Qu'elle soit wisigothique, nous n'en sommes pas certains. Cependant, il semblerait que les croix pattées soient plus fréquentes chez les peuples ayant subi l'influence de l'hérésie arienne. On.pourrait croire que ce n'est pas un autel mais seulement un pied d'autel. Mais il s'agit bien d'un autel. On en trouve d'autres dans le midi languedocien. Ainsi à Colombiers, dans l'Hérault. (images 2 et 3).

La pièce la plus intéressante est un sarcophage placé dans une chapelle latérale (images 4, 5 et 6). Voici ce que raconte un panonceau placé à proximité :  « Sarcophage d'Aquitaine VI-VIIe siècle, orné de pampres de feuilles de vigne et de lierre ; au centre, un cyprès, symbole d'immortalité ; le couvercle manque (provient de l'église Saint-Martin de Salvasargues, domaine de la Tour de Puech Augé). [...] ».

Nous ne sommes pas certains que ce sarcophage soit « wisigothique ». Il existe des sarcophages identiques placés dans des musées de la région (à Narbonne, en particulier). Nous ne sommes pas non plus certains que l’appellation « d'Aquitaine » soit justifiée. L'Aquitaine était une vaste région allant de la Loire aux Pyrénées mais excluant la Narbonnaise où se trouve Nébian. Enfin la datation du VIe - VIIe siècle, qui correspond à l'an 600 avec un écart de 100 ans, nous semble devoir être remontée d'un siècle (an 500 avec un écart de 150 ans). En effet, la forme parallélépipédique de la cuve nous semble plus proche de modèles romains que de modèles dits « barbares », qui ont prévalu aux VIIe, VIIIeet IXesiècles. Cela étant, il est possible que les rédacteurs de ce panonceau aient disposé d'informations que nous n'avons pas eues.


L'image 7 nous pose un problème. En effet, l'Agneau Pascal (avec sa croix pattée hampée) est représenté au VIIesiècle sur une mosaïque de Ravenne. Il l'est aussi dans des sculptures associées à cette période. Il réapparaît à la période moderne. Existe-t-il une telle représentation durant la période gothique ? Cette clé de voûte semble le prouver. Mais est-ce bien une clé de voûte ? Ou serait-il possible que la clé de voûte ait été taillée dans une pierre sculptée d'un Agneau Pascal, bien longtemps avant ?

Sur l'image 8, la croix est une croix latine. Les bras de cette croix sont terminés par des cabochons. Dans les quartiers supérieurs délimités par les branches de la croix, on peut voir deux oiseaux symétriques. Peut-être une survivance du symbole des « Oiseaux au canthare ». Dans les quartiers inférieurs, les symboles du Soleil et de la Lune. En dessous encore, deux colonnes torsadées ; des cierges ?

L'image 9 nous fournit une autre représentation de croix. Il s'agit en fait d'une Crucifixion. Le Christ y est représenté avec à ses pieds la Vierge et Saint Jean. Remarquer que la croix est pattée. Mais ses branches s'incurvent vers le haut. Nous avions déjà vu cette particularité sur des croix bretonnes. Mais nous les avons attribuées à la maladresse du sculpteur ou à la dégradation du matériau. Peut-être y a-t-il eu intentionnalité ?

Datation estimée de l'ensemble des pièces : an 600 avec un écart de 300 ans, les plus anciennes (l'autel et le sarcophage) pouvant remonter à l'Antiquité tardive.