La chapelle Saint-Georges de Lunas
Nous avons visité en juin 2021 cette
petite chapelle en ruine en compagnie d’Alain et Anne-Marie
Le Stang qui ont eu soin de prendre les photographies
ci-dessous.
Nous n'avons que peu de choses à dire sur cette chapelle qui
a suscité de nombreux commentaires à cause de son arc
triomphal, nettement outrepassé (images
1 et 2).
La datation de l'ensemble se révèle
délicate car il existe peu d'éléments distinctifs.
Cependant, le point de vue de l'abbé Giry est clair : «
Cette église se range parmi les plus anciennes de ces
églises à chevet plat, qui font l'objet de cette étude.
Elle succède directement à un habitat romain, dont on
réemploie les matériaux. Nous pouvons la dire
wisigothique. ». Lorsque l'abbé Giry a exprimé ce
point de vue, il y a une trentaine d'années, l'opinion
commune était que la civilisation romaine avait perduré
jusqu'au IVe siècle (les « invasions barbares »
auraient commencé peu après l'an 400 avec l'installation des
wisigoths en Narbonnaise). Les expressions, « Elle
succède directement à un habitat romain » et « Nous
pouvons la dire wisigothique. », pourraient donc
signifier que l'abbé Giry envisage une construction peu
éloignée de l'an 400, soit au Ve, VIe
ou VIIe siècle. Il n'exprime pas clairement cette
opinion. Peut-être parce qu'au même moment, nombre de
spécialistes refusent d'envisager qu'une construction puisse
être antérieure à l'an mille. Pourtant la présence de cet
arc outrepassé, bien à l'écart de toute influence arabe,
devrait interroger tout spécialiste un tant soit peu
compétent.
Quant
à nous, quelle est notre estimation de datation ?
Certains éléments nous font envisager une haute datation. Il
y a en particuliefr le fait que le chœur soit nettement
désaxé par rapport à la nef. Nous pensons que ce n'est pas
un hasard ou une faute de la part des constructeurs. Notre
idée est la suivante : aux débuts de l'ère chrétienne,
certaines églises étaient dédiées, non à un saint, mais à
deux saints (Pierre et Paul, Gervais et Protais, Cyr et
Julitte). Et nous pensons, peut-être à tort, que chacun des
deux saints avait son rôle : l'un, plus près de Dieu,
occupait le choeur; l'autre, plus proche des hommes,
occupait la nef. L'orientation de chacune des deux salles
d'une même église devait être fixée en fonction de la fête
du saint à qui elle était dédiée. Il s'agit là d'une
hypothèse très hardie mais nous n'en voyons pas d'autre.
D'autres éléments militent en faveur d'une grande ancienneté
: la présence, semble-t-il, d'un sarcophage tardo-antique (image 14), le caractère
outrepassé de l'arc triomphal, la présence, signalée par
l'abbé Giry de céramiques romaines.
Mais, à l'inverse, d'autres détails nous font un peu douter
de cette grande ancienneté. Il en est ainsi des impostes.
Elles sont à chanfrein situé seulement vers l'intrados de
l'arc. Et non sur les côtés. Nous pensons qu'initalement, le
chanfrein des impostes était sur les quatre côtés.
Ultérieurement, on n'a conservé le chanfrein que du côté de
l'intrados de l'arc. En conséquence, l'arc triomphal
pourrait être plus récent que ce qu'imaginait probablement
l'abbé Giry.
Datation envisagée
pour l'église Saint-Georges de Lunas : an 800 avec un écart
de 150 ans.