La chapelle Saint-Georges de Lunas 

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Nous avons visité en juin 2021 cette petite chapelle en ruine en compagnie d’Alain et Anne-Marie Le Stang qui ont eu soin de prendre les photographies ci-dessous.

Nous n'avons que peu de choses à dire sur cette chapelle qui a suscité de nombreux commentaires à cause de son arc triomphal, nettement outrepassé (images 1 et 2).


Dans son livre intitulé Les vieilles églises à chevet carré de l'Hérault (1983) , l'abbé J.Giry a fait une étude très pertinente de cette église dont voici des extraits : « Elle est située sur le tracé d'une vieille voie qui, de Lunas, s'élève à l'Est vers l'église Saint-Nazaire-des-Pascals dont il ne reste plus de trace, et vers l'église Saint-Amans qui jalonne une voie romaine de crête, Nord-Sud, autrefois très fréquentée. Les débris de tegulae, amphores, sigillée gauloise, trouvés sur place, témoignent d'une occupation romaine du site... ». Et il ajoute un peu plus loin : «... Aux abords ont été mises à jour des tombes à tegulae ... ».


La datation de l'ensemble se révèle délicate car il existe peu d'éléments distinctifs. Cependant, le point de vue de l'abbé Giry est clair : « Cette église se range parmi les plus anciennes de ces églises à chevet plat, qui font l'objet de cette étude. Elle succède directement à un habitat romain, dont on réemploie les matériaux. Nous pouvons la dire wisigothique. ». Lorsque l'abbé Giry a exprimé ce point de vue, il y a une trentaine d'années, l'opinion commune était que la civilisation romaine avait perduré jusqu'au IVe siècle (les « invasions barbares » auraient commencé peu après l'an 400 avec l'installation des wisigoths en Narbonnaise). Les expressions, « Elle succède directement à un habitat romain » et « Nous pouvons la dire wisigothique. », pourraient donc signifier que l'abbé Giry envisage une construction peu éloignée de l'an 400, soit au Ve, VIe ou VIIe siècle. Il n'exprime pas clairement cette opinion. Peut-être parce qu'au même moment, nombre de spécialistes refusent d'envisager qu'une construction puisse être antérieure à l'an mille. Pourtant la présence de cet arc outrepassé, bien à l'écart de toute influence arabe, devrait interroger tout spécialiste un tant soit peu compétent.


Quant à nous, quelle est notre estimation de datation ?

Certains éléments nous font envisager une haute datation. Il y a en particuliefr le fait que le chœur soit nettement désaxé par rapport à la nef. Nous pensons que ce n'est pas un hasard ou une faute de la part des constructeurs. Notre idée est la suivante : aux débuts de l'ère chrétienne, certaines églises étaient dédiées, non à un saint, mais à deux saints (Pierre et Paul, Gervais et Protais, Cyr et Julitte). Et nous pensons, peut-être à tort, que chacun des deux saints avait son rôle : l'un, plus près de Dieu, occupait le choeur; l'autre, plus proche des hommes, occupait la nef. L'orientation de chacune des deux salles d'une même église devait être fixée en fonction de la fête du saint à qui elle était dédiée. Il s'agit là d'une hypothèse très hardie mais nous n'en voyons pas d'autre. D'autres éléments militent en faveur d'une grande ancienneté : la présence, semble-t-il, d'un sarcophage tardo-antique (image 14), le caractère outrepassé de l'arc triomphal, la présence, signalée par l'abbé Giry de céramiques romaines.

Mais, à l'inverse, d'autres détails nous font un peu douter de cette grande ancienneté. Il en est ainsi des impostes. Elles sont à chanfrein situé seulement vers l'intrados de l'arc. Et non sur les côtés. Nous pensons qu'initalement, le chanfrein des impostes était sur les quatre côtés. Ultérieurement, on n'a conservé le chanfrein que du côté de l'intrados de l'arc. En conséquence, l'arc triomphal pourrait être plus récent que ce qu'imaginait probablement l'abbé Giry.

Datation envisagée pour l'église Saint-Georges de Lunas : an 800 avec un écart de 150 ans.