Le donjon de Soubès appelé aussi La Tour
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Nous n’avons que très peu de renseignements sur cette tour.
D’une part, nous n’avons pas connaissance de chartes ou
d’autres documents écrits la concernant. D’autre part, nous
ne l’avons observée que très rapidement. En particulier nous
n’avons pas vu la façade Sud. Et, bien sûr, nous ne
connaissons rien de l’intérieur.
Comme d’habitude, les historiens de l’art, ignorant qu’il a
pu se passer quelque chose entre l’an 400 et l’an 1000,
datent les parties les plus anciennes du XIeou
du
XIIesiècle. Au vu de quelques images de cette
tour, et, par comparaison avec d’autres images, nous pensons
qu’elle est antérieure à l’an mille.
L'image
1 fait apparaître les façades Nord et Ouest. Sur
la façade Ouest, à droite, on observe trois fenêtres
superposées datables du XVIIIesiècle. Ces trois
fenêtres ainsi que la fenêtre « romane » placée au-dessus
d’elles ont été sans doute percées ultérieurement.
Trois fenêtres géminées sont visibles sur la façade Nord (à
gauche sur l'image 1).
Ces fenêtres , séparées en deux par des colonnettes,
pourraient être qualifiées de
« romanes » si elles étaient protégées par des arcs en plein
cintre. Mais les colonnettes portent des linteaux. Il
semblerait que ces fenêtres aient aussi été percées
ultérieurement.
L'image 2 présente
une autre partie de cette façade Nord. On y voit en haut de
l’image le portail nord, qui permettait d’accéder à une
terrasse portée par des mâchicoulis et, de là, à un pont
levis. Sur la droite et en dessous, sont visibles trois
fenêtres. Nous aurons l’occasion de les étudier un peu plus
loin.
Mais passons à l‘image 3
de la façade Est. Ici, pas de grande fenêtre, hormis celle,
carrée, de la partie inférieure.
Les images 4 , 5, 6 et 7
montrent des fenêtres protégées par des linteaux et non des
arcs. Mais nous constatons à chaque fois une bizarrerie : la
partie inférieure du linteau a été retaillée en forme d’arc.
L'image
8 reproduit une partie de la façade Nord. Cette
façade Nord est percée à sa base par deux étroites fenêtres
identiques surmontées d’un linteau monolithe
(image 9). Au
dessus, on peut voir une autre fenêtre, de dimensions plus
importantes, elle aussi surmontée d’un linteau monolithe (image 10).
Sur l'image 11, nous avons réalisé un
agrandissement de ce linteau. On y voit des stries
concentriques donnant l’impression qu’il s’agit d’un arc
formé de pierres appareillées appelées claveaux. Mais ce
n’est qu’une impression : il s’agit bien d’un linteau strié
en forme d’arc.
Une telle disposition apparaît bizarre
et incongrue. Pourtant, nous l’avons déjà rencontrée et il
est possible qu’elle soit plus fréquente qu’on ne l’imagine.
Car on ne pense pas toujours à regarder le sommet des
fenêtres pour voir si on est en présence d’un arc ou d’un
linteau. En tout cas, les
images 13 , 14 et 15 d’une église de l’Orne
(Normandie) montrent bien que la pratique de placer au
sommet des fenêtres des linteaux imitant des arcs existait à
plus de mille kilomètres du village de Soubès. L'image
13 permet constater que les deux fenêtres
représentées sur les images
14 et 15 devaient faire partie d’un ensemble de
fenêtres disposées à intervalles réguliers sur le collatéral
d’une nef triple.
Il faut bien comprendre que toutes ces fenêtres ainsi que
celles des images 13 ,
16, 17 et 18 ne sont pas « romanes » (dans le sens
que l’on peut donner au mot « roman » : qui utilise des arcs
en plein-cintre formés de claveaux appareillés).
Nous pensons que, à l’époque romane, les maçons étaient
parfaitement capables de construire des arcs à claveaux
appareillés. Et même avant durant l’époque dite
« carolingienne ». A cette époque-là d’ailleurs, les
fenêtres sont nettement plus grandes que celles que l’on
voit ici. Il est certes possible que, par mesure d’économie,
les constructeurs aient continué à utiliser des techniques
anciennes. Mais on sait que, dans la pratique, en
architecture, les techniques nouvelles sont assez rapidement
adoptées : jusqu’à la fin du XIXesiècle, on a
continué à construire des ponts en pierre ; c’est à présent
totalement terminé.
Datation envisagée
pour cette tour de Soubès : Nous pensons que, du moins dans
sa partie inférieure (images
8, 9 et 10), cette tour est préromane, antérieure
à l’an mille. Il est possible que cette partie inférieure
soit le reste d’une chapelle (il serait intéressant de voir
si les deux fenêtres de l'image
9, transformées en archères, ont une suite derrière
le bâtiment de gauche).
Nous proposons cette datation : an 900 avec un écart de plus
de 100 ans. Mais il s'agit bien d’une proposition. Cette
proposition est entachée d’une forte incertitude et doit
être confirmée par beaucoup d’autres vérifications.