La chapelle de la Trinité à Prunet-et-Belpuig
La page de Wikipedia consacrée à cet édifice nous apprend
ceci : « La chapelle de
la Trinité était à l'origine une église paroissiale connue
sous le nom de Saint-Pierre de la Serra.
Le 31 janvier 953, une église était consacrée par l'évêque
Riculf II - évêque d'Elne de 947 à 966. De cette
construction ne subsistent vraisemblablement que des
éléments de fondations.
L'édifice actuel date du
XIe siècle (nef septentrionale, la plus
large, avec la grande abside) et fut agrandi au XIIesiècle,
voire au XIIIesiècle. Au XVIIesiècle,
l'église changea de vocable : elle fut alors dédiée à la
Trinité.
Architecture extérieure
La chapelle de la Trinité possède un beau chevet de style
roman lombard à abside unique.
Cette abside, qui repose
sur un soubassement en moellons gris, présente une
maçonnerie très différente dans sa partie basse et sa
partie haute : la partie basse est édifiée en moellons,
tandis que la partie supérieure est édifiée en pierre de
taille de couleur brune assemblée en petit appareil.
Trous de boulins (destinés à ancrer les échafaudages) ;
présente une décoration de bandes lombardes composée de
lésènes (en pierre de taille de toute leur hauteur, même
dans la partie basse) et d'arcatures ...
La façade méridionale présente deux zones de maçonneries
différentes, séparées par un joint marqué.
La partie de droite (environ un tiers de la longueur
totale) est percée d'une fine meurtrière et non de
fenêtres cintrées, et est surmontée, sous la corniche,
d'une frise en damier.
Le reste de la façade méridionale est percé d'une porte
surmontée d'un arc brisé, de trois fenêtres cintrées ainsi
que de deux toutes petites fenêtres à linteau monolithe.
Architecture
intérieure
L'église se compose de deux nefs d'inégale largeur. La nef
septentrionale, la plus large, terminée par une grande
abside semi-circulaire, remonte au XIesiècle.
À la fin du XIIe siècle, on lui a adjoint un
collatéral au sud. Afin d'assurer la communication entre
les deux vaisseaux, trois arcades en plein cintre furent
percées dans l'ancien mur gouttereau. L'ancienne porte
méridionale fut conservée et forme une quatrième arche,
beaucoup plus étroite.
L'église est intégralement voûtée en pierre : cul-de-four
pour l'abside, berceau sur doubleaux (au nombre de trois
) pour la nef septentrionale, et demi-berceau pour le
collatéral.
Le Christ roman
C'est incontestablement l'objet le plus remarquable à être
conservé en ce lieu, et l'un des plus beaux Christs romans
de la Catalogne.
Datant vraisemblablement
du XIIe siècle, il a été malencontreusement
endommagé par une « restauration » abusive au XVIIesiècle.
Heureusement, il a été récemment rétabli dans un état plus
proche de l'origine. »
Concernant la datation de cet édifice (
et de beaucoup d'autres), nous sommes devenus des habitués
du type d'argumentation proposé par nos prédécesseurs. Un
type d'argumentation basé sur un discours analogue au
discours suivant : « cet édifice est cité peu avant l'an
mille, mais ce n'est pas l'édifice que l'on voit puisque
celui-ci est du XIesiècle (ou du XIIesiècle
). Et bien sûr, rien n'est dit sur l'édifice disparu et sur
les raisons de cette disparition. Et rien non plus sur les
éléments caractéristiques d'un édifice du XIesiècle
(ou du XIIesiècle) permettant d'affirmer que
l'édifice ne peut vraiment pas être du Xesiècle.
Concernant l'église de la Sainte Trinité, cela donne : « Le 31 janvier 953, une église
était consacrée ... De cette construction, ne subsistent
vraisemblablement que des éléments de fondations.
... L'édifice actuel
date du XIe siècle. ».
Nous rappelons qu'une date de consécration (ici 957) ne
correspond pas forcément à celle d'une inauguration de fin
de travaux. Il est possible que cet édifice soit très
antérieur à 957.
Ces critiques mises à part, nous remarquons que l'auteur de
ce texte a correctement identifié les différences d'appareil
de pierres permettant d'envisager plusieurs étapes de
travaux. Ces différences sont apparentes sur l'image
3 pour l'abside, sur les
images 1, 4 et 5 pour la façade méridionale.
Remarquons que le portail d'entrée (images
1 et 6), surmonté d'un arc brisé, est très
probablement le résultat d'un réaménagement. Il a été percé
à l'époque gothique dans une façade romane. Comme il arrive
souvent, il devait exister un portail d'entrée face Ouest.
L'entrée a été déplacée côté Sud. Il faut admirer les belles
pentures de ce portail (image
7).
En entrant dans l'édifice, on est
surpris de découvrir une nef à deux vaisseaux seulement.
Nous sommes obligés d'envisager une église primitive à nef à
trois vaisseaux. Pour quelles raisons ? La première d'entre
elles est la rareté des nefs à deux vaisseaux. Nous en avons
certes rencontré au cours de notre étude, mais nous avons
démontré que ces nefs étaient dérivées de deux types de nef
: la nef unique (par adjonction d'un vaisseau), la nef
triple (par suppression d'un vaisseau). La deuxième raison
est la rupture de perfection : l'architecte qui élabore le
premier plan veut un édifice parfaitement équilibré, aux
volumes parfaitement symétriques par rapport à l'orientation
choisie. Ces états d'âme ne concernent que l'architecte de
l'édifice primitif, qui dispose des fonds pour effectuer les
travaux. Les successeurs de ce premier architecte
intervenant longtemps après n'ont pas les mêmes états d'âme
et, dans l'urgence de restaurations, peuvent modifier le
plan primitif en créant des dissymétries. C'est ce qu'on
observe dans le cas présent : l'absence de collatéral Nord
rompt l'harmonie de l'ensemble. Remarquons enfin que le mur
Nord (image 2)
ne présentre pas les caractéristiques observées sur le mur
Sud.
En conséquence, nous estimons que la nef primitive devait
comporter trois vaisseaux. Le vaisseau central était porté
par des piliers rectangulaires de type R0000
(images 11, 12 et 13
). Les arcs reliant les piliers étaient des arcs en plein
cintre soutenus par des impostes à chanfrein vers
l'intrados.
Datation envisagée pour
la chapelle de la Trinité à Prunet-et-Belpuig : an 750 avec
un écart de 150 ans.