Le baptistère de Rescamone à Valle-di-Rostino (Haute-Corse) 

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Petite information concernant les églises de Corse

La Corse est une des régions de France que nous ne connaissons que très peu : un seul séjour d'une semaine, principalement consacré à des occupations familiales. En conséquence, les principaux renseignements ou images que nous avons sur les monuments de cette région sont issus de sites Internet. Lire la suite...


Dans cette page, l'étude du baptistère de Rescamone à Valle-di-Rostino sera suivie d'un paragraphe de conclusions sur les monuments de la Corse.



Le baptistère de Rescamone à Valle-di-Rostino

Nous n'avons pas visité ce baptistère. Les images ci-après sont extraites de la galerie d'images de Google, elles-mêmes issues de divers sites Internet.

Selon le site Corse Romane :

« Les dimensions du baptistère étonnent : près de 11m de diamètre. Deux portes y donnaient accès, la porte nord étant surmontée d’un tympan sculpté : un serpent se mordant la queue.

Les murs, percés de 4 fenêtres en meurtrière, parfois soulignées d’un trait gravé, étaient décorés à l’extérieur d’une arcature avec modillons sculptés (têtes humaines, motifs géométriques…). Certains de ceux-ci sont placés dans le mur de la fontaine de Casalvana.

La cuve baptismale a disparu mais un dessin du XVIIIe siècle permet de la reconstituer : un bassin rectangulaire en maçonnerie peu profond entouré d’un muret était surmonté d’une tour à gradins servant de support à la charpente en bois.

Cet édifice, le plus grand en Corse ayant gardé une partie de son élévation (3,65m), a souffert de glissement de terrain et a servi de carrière tout comme l’église d’ailleurs dont le linteau triangulaire de la porte occidentale a été arraché pour être réutilisé dans l’église de Valle.
  [...] »

Nous pouvons tout d'abord observer sur les images 1, 2 et 3 la technique de construction des murs de cet édifice : deux parois minces faites de pierres taillées encadrent un noyau formé de petits moellons liés entre eux par un mortier. C'est la même technique qui a été utilisée pour l'église voisine de Santa Maria.

Nous sommes un peu surpris par la forme de cette église. Sur l'image 5, son plan est octogonal (octogone régulier). Mais sur l'image 6, les restes de l'église, en bas à droite, ne sont pas ceux d'un octogone régulier. Deux possibilités : soit le plan de l'image 5 n'est pas celui du baptistère (malgré l'information donnée : « Malgré une localisation à l'Île Rousse, il s’agit bien du baptistère San Giovanni à Valle di Rostino (coggia.com) »), soit, le plan de l'église était, à l'origine, celui d'un octogone régulier, mais il y a eu déformation de la structure à la suite de glissement de terrain.

Cette église sert de dépôt lapidaire à diverses sculptures dont certaines proviendraient de l'église voisine Santa Maria. On distingue deux tympans. Sur le premier, un serpent se mord la queue (image 7). Sur le second, on aurait la scène classique du Péché Originel : Adam et Ėve encadrant l'arbre (image 8).


Cet ensemble (église Sainte-Marie, sa chapelle adjacente et le baptistère) se révèle intéressant dans la mesure où, en un même lieu, on trouve deux cuves baptismales. On en déduit qu'il y a eu succession de deux emplacements baptismaux. Selon toute probabilité, le premier emplacement serait la chapelle adjacente datant probablement de l'antiquité tardive. Celle-ci aurait été plus tard remplacée par le baptistère octogonal. C'est ce que nous avions auparavant envisagé. Aux débuts de l'ère chrétienne, les baptêmes étaient réalisés dans des pièces attenantes aux églises. Ce n'est que plus tard qu'auraient été construits des bâtiments spécifiques, les baptistères, en général de forme octogonale. Cependant nous rencontrons ici un problème. Jusqu'à présent, nous pensions que ces baptistères avaient été construits aux alentours de l'an 800 (avec un écart de 150 ans). Celui-ci serait plus tardif.

Datation envisagée pour le baptistère de Rescamone à Valle-di-Rostino : an 975 avec un écart de 100 ans.


Conclusions sur les monuments de la Corse

Il est difficile d'effectuer une synthèse sur un ensemble formé de seulement 36 monuments. Il semblerait cependant que, à l'inverse de ce qui se passe dans d'autres régions, le nombre de nefs triples soit limité. Nous avons donc très peu d'églises à nefs triples, et à notre connaissance, toutes les nefs de ces églises auraient été charpentées. Les problèmes de sismicité qui avaient été évoqués pour certaines régions d'Italie afin de justifier l'absence de voûtement des églises ne peuvent l'être pour la Corse. On est donc obligé d'envisager d'autres explications. Peut-être des explications d'ordre culturel ? Peut-être aussi parce que, durant toute une période du Moyen-Âge, la Corse a subi un déclin, justifiant l'absence de monuments de grande ampleur, qu'ils soient romans ou gothiques.

Nous remarquons aussi la rareté des chevets plats alors qu'ils sont relativement fréquents dans le Sud-Ouest de la France et le Nord de l'Espagne. L'existence de ces chevets plats pourrait peut-être s'expliquer par la présence dans ces régions de populations wisigothiques de culte arien.

La spécificité de la Corse pourrait aussi se manifester à travers certains thèmes iconographiques, comme celui du serpent qui se mord la queue.

L'étude prochaine de la Sardaigne et de la Toscane pourra peut-être permettre de déceler des influences réciproques.



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