La Citadelle de Saint-Florent (Haute-Corse)
Petite information concernant les églises de Corse
La Corse est une des régions de France que nous ne
connaissons que très peu : un seul séjour d'une semaine,
principalement consacré à des occupations familiales. En
conséquence, les principaux renseignements ou images que
nous avons sur les monuments de cette région sont issus de
sites Internet. Lire la
suite...
La Citadelle de
Saint-Florent
Nous n'avons pas visité ce monument. Les images ci-dessous
sont extraites de la galerie d'images de Google.
C'est un peu par hasard, en regardant ces galeries d'images
d'Internet, que nous sommes « tombés » sur cet édifice que
nous ne connaissions pas (images
1, 2 et 3). Un point de détail avait attiré notre
attention. Nous y reviendrons un peu plus loin.
Selon la page du site Internet Wikipédia qui lui est
consacrée :
« Description : La
Citadelle de Saint-Florent possède deux tours rondes et
une tour carrée. Elle gardait stratégiquement le golfe de
Saint-Florent en protégeant son port et les “arrières”
de Bastia.
Histoire : Construite
en 1440 par le doge de Gènes Giano di Campofregoso, la
Citadelle est développée et améliorée plusieurs fois, que
ce soit par les Génois au XVIe siècle, en 1553
par le général Paul de la Barthe de Thermesl ou au XVIIIe
siècle, lorsque la ville consolide ses fortifications. La
citadelle est transformée de nouveau à la fin du XIXe
siècle et au début du XXe siècle.
La
ville de Saint-Florent est fondée au XVIe
siècle autour de la citadelle. »
L'histoire de la Citadelle de Saint-Florent semble donc
solidement établie. Non seulement la citadelle, mais aussi
la ville même de Saint-Florent, sont postérieures à l'an
1440. Question : pourquoi en parle-t-on dans notre site
consacré au premier millénaire ?
Avant de répondre à cette question, reprenons le site
Wikipédia, mais cette fois-ci, lisons la page consacrée à la
ville de Saint-Florent :
« Antiquité : “
Dans le
Nebbio, se trouvait autrefois la ville appelée également
Nebbio ; elle était bâtie à un demi-mille de S. Florent,
sur une petite éminence où l'air est beaucoup plus sain
qu'à S. Florent. On voit encore les restes de cette
ville ; l'église est restée entière. C'est un édifice
aux magnifiques proportions tout en pierres blanches,
dans lequel les règles de l'architecture sont bien
observées : on peut conjecturer que c'est une
construction pisane. Il ne faut pas s'étonner que l'air
ait été sain dans cette ville, quoique très rapprochée
de S. Florent où l'air est loin d'être aussi bon. ”(Texte de Mgr Agostino
Giustniani (1470-1536) in Dialogo, traduction de
Lucien Auguste Letteron in Histoire de la Corse -
Description de la Corse, Bulletin de la Société des
sciences historiques & naturelles de la Corse –
Tome I - 1888. p. 13).
Il
s'agit de l'antique “Nebbio”,
qui a donné son nom à la micro-région ainsi qu'à l'évêché
dont la cité était le siège, avec la cathédrale romane
Santa-Maria-Assunta. »
Poursuivons la lecture de cette page :
« Par
ailleurs, lors des travaux de fortification de
Saint-Florent en 1553, une nécropole romaine a été mise au
jour.
“ Pendant
qu'on travaillait aux ouvrages de Saint-Florent et que
l'on creusait la terre pour faire de gros bastions, on
trouva, à moins de deux palmes au-dessous du sol, un
nombre infini de vases d'argile, assez longs et assez
hauts pour contenir une personne qui aurait dépassé un
peu la taille ordinaire. Tous ces vases étaient fermés.
On m'a dit qu'en les brisant, on trouva dans plusieurs
des ossements humains ; on m'a dit encore, mais sans
l'assurer aussi positivement, que sur quelques-uns de
ces vases ou de ces tombeaux, on voyait des inscriptions
latines indiquant qu'au temps où elles furent gravées,
avait eu lieu une bataille dans laquelle avaient péri
bien des milliers d'hommes. Mais je ne crois pas qu'on
trouve dans l'histoire quelque renseignement à ce sujet.
”
(Texte de Marc-Antonio Ceccaldi (1521-1561)in
Chronique - traduction d Abbé Letterone in Histoire de la
Corse Tome II - Bastia Imprimerie et librairie Ollagnier -
1890. p. 75-76).
»
Et, peu après :
« Saint-Florent
fut fondée par les Génois au XVIe siècle. Mais
dès 1440, une citadelle est bâtie afin de résister aux
assauts aragonais, français et ottomans. »
Ces deux pages extraites d'Internet font apparaître une
contradiction. D'une part, on nous dit, à deux reprises, que
la ville de Saint-Florent a été fondée par les Génois au XVIe
siècle. Mais d'autre part, on nous apprend la présence d'une
ville antique et de sa cathédrale à proximité immédiate (un
demi-mille, soit un peu plus de 800 mètres). La vue par
satellite de l'image 4, puis le plan
simplifié de l'image 5, permettent de situer
la citadelle et la cathédrale. Sur le plan de l'image
5, le
tracé sinueux reliant ces deux monuments définit le plus
court trajet à pied d'une longueur de 1100 mètres. Ce qui
donne bien à vol d'oiseau une distance d'environ 800 mètres.
Il s'agit là d'une distance bien courte pour deux villes
(Saint-Florent et Nebbio) qui seraient distinctes. On
remarque de plus que la cathédrale Santa Maria Assunta
semble proche d'un cours d'eau qui pourrait se situer à
l'emplacement de l'ancien port de la ville de Nebbio.
En plus de cela, le texte signale l'existence d'une
nécropole romaine au pied de la citadelle. Tout semble
indiquer que la ville de Nebbio a subsisté dans la ville de
Saint- Florent (avec sans doute un déplacement des
populations vers l'Est).
Mais venons-en au « point de détail » signalé ci-dessus :
cette citadelle … n'est pas une citadelle. D'après le
dictionnaire, une citadelle est un « ouvrage fortifié
destiné à protéger une ville ». Or manifestement, ce
monument n'est pas une fortification. Du moins il ne l'était
pas à l'origine, avant l'adjonction des trois tours qui ont
contribué à le rendre fortifié. Mais si, par la pensée, on
enlève ces trois tours, on obtient un édifice à plan centré
de forme cylindrique avec un noyau central lui aussi
cylindrique. Cet édifice ne ressemble à aucune
fortification. Et pour cause ! Une fortification s'adapte
aux replis de terrain. Elle fait face aux agresseurs
éventuels. Par contre, cette citadelle de Saint-Florent
ressemble beaucoup à d'autres édifices à plan centré : des
églises comme Sainte-Croix de Qimperlé (Finistère/Bretagne),
le temple de Lanleff (Côtes-d'Armor/Bretagne), Saint-Vital
de Ravenne (Émilie-Romagne/Italie), des baptistères comme
celui de Nocera Superiore (Campanie/Italie), des mausolées
comme celui de Sainte-Constance à Rome (Latium/Italie).
En conclusion de cette observation, nous pouvons dire qu'il
y a les textes d'un côté et, de l'autre, l'architecture.
Certes, les textes sont importants. Mais les a-t-on bien lus
? Ne serait-il pas possible que les génois se soient
installés vers l'an 1440 dans un bâtiment construit
plusieurs siècles auparavant ? Nous pensons que c'est le
cas. Il existe un moyen de vérifier cette hypothèse :
visiter l'intérieur du bâtiment et voir s'il n'existe pas
des restes même minimes d'un bâtiment antérieur à l'an 1440.
Datation
envisagée pour la Citadelle de Saint-Florent : an
800 avec un écart de 200 ans.