L'église San Giovanni Battista de Carbini (Corse du Sud)
Petite
information concernant les églises de Corse
La Corse est une des régions de France que nous ne
connaissons que très peu : un seul séjour d'une semaine,
principalement consacré à des occupations familiales. En
conséquence, les principaux renseignements ou images que
nous avons sur les monuments de cette région sont issus de
sites Internet. Lire la
suite...
L'église San Giovanni
Battista de Carbini
Nous avons effectué une visite rapide de ce monument et la
majorité des images de cette page a été réalisée lors de
cette visite.
Il s'agit d'une église à nef unique charpentée. L'abside est
à plan semi-circulaire. Elle est voûtée en cul-de-four. Il
n'y a pas de transept.
Le site de Carbini occupe un paysage grandiose. Trois
bâtiments sont concernés. Il y a tout d'abord un élégant
campanile (image 4),
en grande partie reconstruit en 1886. Puis la petite église
ruinée de San Quilico (images
8 et 9). Et enfin l'église San Giovanni Battista,
seul édifice à peu près intact. Quatre bâtiments lorsqu'on
apprend que
« Des
fouilles menées dans l'abside de l'église ont révélé les
traces d'un édifice antérieur, plus petit, avec abside
semi-circulaire précédée d'une clôture de chœur. Ce
premier édifice serait datable du VI e ou VII e
siècle. Deux fragments d'inscription funéraire romaine
(201-300) ont été retrouvés dans les gradins de l'autel.
» (source : site Corse
Romane).
En fait, il semblerait bien que nous soyons en présence d'un
« groupe cathédral ». Nous rappelons ce qu'était un « groupe
cathédral » : au cours du premier millénaire, il n'y avait
pas de grandes cathédrales mais des groupes de plusieurs
églises réunies en un même enclos. Il y avait là l'église où
siégeait l'évêque (la cathédrale), en général dédiée à
Sainte Marie de l'Assomption et plusieurs autres églises
dont certaines pouvaient être dédiées à Saint Pierre ou à
Saint Michel, mais le plus souvent au saint du lieu. Et
enfin, il y avait le baptistère dédié à Saint Jean Baptiste.
Plus tard, au tournant du millénaire, ces groupes cathédraux
ont peu à peu disparu, remplacés par une grande cathédrale
réunissant sous forme de chapelles intérieures les anciennes
églises.
Dans le cas de Carbini, nous n'avons que deux édifices. Si
San Quilico peut être considéré comme le saint du lieu et si
Saint Jean Baptiste est bien représenté par une église,
celle-ci ne ressemble pas à un baptistère. Et d'ailleurs, il
ne semble pas qu'il y ait eu une cuve baptismale dans cette
église. On ne voit pas non plus d'église consacrée à
Notre-Dame de l'Assomption qui aurait pu accueillir le siège
d'un évêque.
Il faut cependant noter que le campanile qui « était
commun aux deux églises » semble assez éloigné de
celles-ci. En général, les campaniles sont accolés aux
églises. Serait-il possible qu'il y ait eu une autre église
accolée au campanile ?
Venons-en maintenant à l'église Saint-Jean-Baptiste. Elle
apparaît d'une grande unité de style. Elle est décorée
d'arcatures lombardes sur les quatre côtés. Ce qui constitue
une exception. Selon nous, ces arcatures lombardes sont de
deuxième génération. L'hypothèse selon laquelle elles
dateraient du XIIe siècle est envisageable. Nous
trouvons cependant l'affirmation « l'église
San Giovanni Battista fut construite au premier quart du
XIIe siècle suivant les critères pisans de
l'époque », plus problématique : « pisans
» ? nous sommes d'accord, « premier
quart du XIIe siècle » ? nous en sommes
moins sûrs.
Ces arcatures lombardes nous posent un petit problème.
Jusqu'à présent, nous pensions qu'elles avaient été
inventées dans le but de renforcer le chaînage des murs
gouttereaux dans la perspective d'un voûtement d'un
vaisseau. Or ce n'est pas le cas ici : la nef est charpentée
(image 5).
Entre les arcatures étaient disposés, à l'intérieur
d'alvéoles, des bols polychromes. Mais ces bols ont disparu.
Il reste les alvéoles : à droite sur les images
6 et 7. Remarquons les sculptures très dégradées
représentant un oiseau (à gauche sur l'image
6) et deux animaux affrontés (un oiseau et un
hybride quadrupède, à gauche sur l'image
7).
Datation
envisagée pour l'église San Giovanni Battista de
Carbini : an 1125 avec un écart de 75 ans.
Remarque :
il ne s'agit ici que de la datation de l'église
Saint-Jean-Baptiste. Le site est, selon nous, nettement plus
ancien.