L'église Saint-Pierre de Bommiers  

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La page du site Internet Wikipedia nous apprend ceci concernant l'histoire de cette église : « L'église fut construite entre le XIIeet le XVIIIesiècle. L'église Saint-Pierre est déjà citée dans une bulle donnée par le pape Pascal II, en 1151, en faveur de l'abbaye de Déols. Pour être plus précis, à cette époque, l'église Saint-Pierre relevait du monastère de Vouillo qui dépendait de l'abbaye de Déols. La construction de l'église ne semble pas remonter de beaucoup avant cette date. Il ne subsiste apparemment aucun document concernant la construction de cette église. Le plus ancien document remonte en 1773 et concerne des travaux de réparation dans le chœur. (...) »

Comme nous l'avons constaté en de multiples occasions, les historiens de l'architecture médiévale évaluent la datation des monuments,, non à partir l'analyse de l'architecture de ces monuments - analyse souvent très complexe - mais sur les textes qui les citent. Or plus les textes sont anciens, plus ils sont rares. De plus, la plupart des actes ne témoignent que de l'existence d'une église et non de sa construction. Par ailleurs, ces spécialistes ont une curieuse méthode de datation. Si le texte le plus ancien mentionnant l'existence de l'église est daté du XIe(respectivement XIIe) siècle alors l'église est du XIe(respectivement XIIe) siècle. Mais pas avant ! ce qui pourrait être envisageable au vu de la rareté des textes pour ces périodes. Si le texte le plus ancien mentionnant l'existence de l'église a été écrit avant l'an 1000, les auteurs mentionnent l'existence du texte mais le négligent et datent l'édifice du XIIesiècle. Nous ne disons pas cela pour critiquer. Nous ne faisons que constater ; au lecteur de se faire une idée !

En tout cas, dans le cas présent, c'est ce que nous constatons.

Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous sont extraites d'Internet.

De fait, nous n'avons que peu de choses à dire sur elle.

Le village est situé à proximité d'une motte féodale (image 1). Si l'édifice apparaît dépourvu d'intérêt sur l'image 2, l'image 3 est révélatrice d'un chevet à 3 (voire 5) absides et d'un transept bas et débordant (Remarque : nous qualifions de « haut » un transept tel que les croisillons sont de même hauteur que le vaisseau central de la nef. Si les croisillons sont d'une hauteur inférieure à celle du vaisseau central de la nef, le transept est dit « bas ». Si les croisillons débordent des murs latéraux de la nef donnant un plan en forme de croix, le transept est dit « débordant »).

Le plan de l'image 4 ainsi que l'image 5 permettent de comprendre l'évolution de cette église. Notons tout d'abord sur l'image 5 la présence de deux petits passages situés de part et d'autre de l'arc triomphal. Ces passages sont indiqués sur le plan de l'image 4. Ces passages sont appelés « passages berrichons ». Ils sont décrits un peu comme des anomalies, permettant d'accéder aux côtés de la nef. En fait, nous avons rencontré ces passages berrichons en de nombreux endroits et pour plusieurs d'entre eux, nous avons pu apporter l'explication suivante : la nef primitive n'était pas à un seul vaisseau mais à trois vaisseaux. Elle aurait été ultérieurement transformée en nef à un vaisseau par suppression des murs intermédiaires portés par des piliers et des arcs. Ne seraient restés de cette nef primitive que les murs extérieurs et le mur de séparation entre la nef et le transept. Ce mur de séparation aurait conservé les baies de communication entre le transept et les trois vaisseaux de la nef. À savoir la baie protégée par l'arc triomphal et les deux baies de communication avec les collatéraux. C'est-à-dire les « passages berrichons ».

Le plan de l'image 4 est aussi révélateur de ce qui peut apparaître comme une anomalie. Le chevet est à trois absides de dimensions presque équivalentes : l'abside principale et deux absidioles greffées sur le transept. Mais entre l'abside principale et chaque absidiole, on découvre une petite pièce au mur extérieur arrondi en arc de cercle. On songe à un couloir de passage entre l'abside principale et les deux absidioles. Mais voilà ! il n'y a pas d'ouverture entre cette pièce et l'absidiole voisine. Et pourquoi ce mur arrondi ? Faisons un effort d'imagination ! Commençons par supprimer les absidioles et les croisillons du transept. Puis prolongeons les murs extérieurs Sud et Nord de la nef en direction de l'Est. Prolongeons ensuite les arcs de cercle des murs de ces petites pièces pour les transformer en demi-cercles. Plaçons ensuite des bases de piliers dans la direction Est-Ouest en alignement avec les piliers du transept. Que voit-on apparaître? Le plan d'une église à nef de trois vaisseaux avec trois absides en prolongement de ces trois vaisseaux. Ces toutes petites pièces apparemment inutiles ne seraient que les restes des absidioles d'un chevet à trois absides.


Datation envisagée pour l'église Saint-Pierre de Bommiers

Nous envisageons trois périodes de construction.

Première période : une nef à trois vaisseaux avec trois absides en prolongement des trois vaisseaux. Cette nef est dépourvue de transept : an 800 avec un écart de 150 ans.

Deuxième période : on construit un transept en remplacement d'une ou deux travées de nef ; an 950 avec un écart de 100 ans.

Troisième période (la plus difficile à évaluer) : on transforme la nef triple en nef unique ; an 1550 avec un écart de 150 ans.