L'église Saint-Martin d'Ardentes 

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Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-après sont extraites d'Internet.

La page du site Internet Wikipedia consacrée à l'église Saint-Martin d'Ardentes est très documentée. En voici des extraits : « L'église fut bâtie en deux étapes, au cours du XIIesiècle : 1) le chœur, avec ses chapiteaux plus grossièrement sculptés, date du début du XIIesiècle. 2) la nef, et le transept sud avec son absidiole aux chapiteaux plus fins, datent de la seconde moitié du XIIesiècle. 3) le transept Nord avec le clocher en 1837.

En 1115, l'église Saint-Martin apparaît déjà dans la liste des biens de l'abbaye de Déols et un acte daté de 1117, émanant de Léodegard, archevêque de Bourges, ne serait que la confirmation d'une donation antérieure. L'église se trouvait soumise à une double juridiction : d'une part, celle de l'abbé de Déols (clergé régulier), et d'autre part, celle de l'archevêque de Bourges (clergé séculier). Cette situation amènera plus tard des conflits entre l'abbaye de Déols et le diocèse de Bourges.

L'église Saint-Martin a connu plusieurs campagnes de travaux. Dès le début, l'abside se démarque du reste du chœur, par deux marches et un dallage de pierre. L'autel est placé sur un socle de deux marches. Le chœur reste en terre battue jusqu'au XVIesiècle où un dallage de terre cuite est posé. Au XIVesiècle, on déplace le clocher, primitivement au-dessus de la nef, au-dessus du transept nord. ... En 1837, on démolit le transept Nord et son absidiole pour le reconstruire avec un clocher qui le surmonte...

Des fouilles faites sous la nef et le chœur, à l'occasion des travaux de restauration, ont mis au jour des vestiges gallo-romains (IIIesiècle) et mérovingiens (VIesiècle et VIIesiècle)... »


Nous allons à présent effectuer une analyse logique de ce texte en s'inspirant des observations auparavant effectuées sur de nombreux autres monuments.

Tout d'abord, l'auteur du texte de Wikipedia ne fait, dans la plupart des cas, que recopier les écrits d'auteurs antérieurs du XIXeou du XXesiècle. Il arrive même parfois que les textes justificatifs (ici les actes de 1115 ou de 1117) aient disparu. Concernant les actes les plus anciens, la plupart ne mentionnent que la présence d'une église et non la période de construction. Par contre, pour les périodes récentes, on peut avoir des indications concernant des travaux. C'est très probablement ici le cas en ce qui concerne des travaux effectués en 1837.

Nous avons effectué les constatations suivantes pour de nombreuses églises précédemment étudiées : si l'église est citée au XIIesiècle, alors l'église est du XIIesiècle ; si l'église est citée dans la deuxième moitié du XIesiècle, alors l'église est du XIesiècle ; si l'église est citée avant l'an 1000, voire dans la première moitié du XIesiècle, alors on fournit la date de l'acte qui mentionne l'église mais on ajoute que ce n'est pas l'église que l'on voit puisque l'église que l'on voit est du XIIesiècle. Bien sûr, nous ne sommes pas du tout d'accord avec une telle démarche que nous estimons un peu trop réductrice. Dans le cas présent, les actes de 1115 et 1117 permettent à l'auteur d'avancer une date du début du XIIesiècle pour une partie de l'édifice. Des différences entre chapiteaux lui permettent de proposer une datation de fin du XIIesiècle pour une autre partie.

Nous proposons une autre lecture de cet édifice qui apparaît de prime abord, très complexe.

Commençons par la nef ; c'est une nef unique charpentée (images 3, 4, 5). En fait, elle est couverte d'une voûte en bois. Nous l'assimilons à une voûte charpentée.

D'une façon générale, nous estimons qu'avant l'an mille, toutes les grandes églises étaient à nefs à trois,, voire cinq vaisseaux. Et donc la nef unique que nous avons ici devrait être postérieure à l'an mille. Mais ce n'est pas aussi simple. Car il peut arriver qu'une nef triple soit transformée en nef unique à la suite de la suppression des colonnes et murs séparant le vaisseau principal des bas-côtés. Ce pourrait être le cas ici. Observons en effet les images 3 et 4 : de part et d'autre de l'arc triomphal, on peut voir, adossées au mur Est de la nef, deux colonnes demi-cylindriques, chacune portant un chapiteau. Ces colonnes et surtout les chapiteaux qu'elles portent ne servent à rien. Pour un observateur peu averti, c'est du « n'importe quoi! ». Nous pensons, quant à nous, que les constructeurs du Moyen-Âge ne faisaient pas du « n'importe quoi! ». Chaque étape de construction était réfléchie. Ces demi-colonnes ont été installées pour porter quelque chose. Ce quelque chose ne peut être que les chapiteaux. Et ces chapiteaux ont été installés pour porter quelque chose ... qui ne peut être que des arcs. Des arcs situés dans des plans perpendiculaires au mur Est. Donc dans la direction Est-Ouest. Ces arcs étaient destinés à porter des murs. Et justement, les restes d'une présence de ces murs transverses sont repérables à l'absence de pierres de parement sur le mur Est au dessus des chapiteaux.

En conséquence de cette observation, nous proposons l'hypothèse d'une nef triple à l'origine.

Bien sûr, d'autres interprétations sur la présence de ces demi-colonnes engagées et des chapiteaux qui les portent sont possibles. Mais toutes les interprétations n'ont pas le même indice de possibilité et celles que nous exprimons nous semble de loin la plus acceptable.


Il reste quand même des points à régler. S'il existait primitivement une nef à trois vaisseaux, on devrait voir de part et d'autre de l'arc triomphal, les ouvertures permettant d'accéder aux collatéraux. De telles ouvertures ont subsisté dans de nombreuses églises; on les appelle « passages berrichons ». Si ces ouvertures ont disparu, cela signifierait que les collatéraux ont été entièrement supprimés. Et donc que les murs actuels de la nef , dotés de petites arcades, ne seraient pas les murs extérieurs de la nef primitive.

Nous proposons pour cette nef l'évolution suivante : la nef initiale à trois vaisseaux est entièrement reconstruite ; non seulement les murs intermédiaires porteurs du vaisseau central, mais aussi les murs extérieurs. La suppression des murs intermédiaires est compréhensible ; on voulait augmenter le volume de l'espace central. Mais pourquoi supprimer les murs extérieurs qui devaient être encore en bon état. Nous pensons qu'il y a là une contrainte architecturale : ces murs devaient être trop éloignés l'un de l'autre pour permettre de recouvrir l'espace par un toit unique à deux pentes (il faudrait vérifier cela en effectuant des mesures précises. Existe-t-il des études permettant d'évaluer la portée maximale des poutres de bois ? Nous pensons que oui. Si elles n'existent pas, il faudrait le faire. Et ce dans les conditions de l'époque).

Ces nouvelles constructions permettaient d'avoir un espace intérieur plus vaste. Cependant les anciens collatéraux avaient disparu. Et par là-même, les fonctions de ces collatéraux étaient amenées à disparaître. Nous pensons en effet que les collatéraux ont eu au Moyen-Âge d'autres fonctions que doubler l'espace intérieur des nefs. Ils ont pu servir de lieux réservés aux catéchumènes en attente de baptêmes, ou de couloirs de déambulation durant les offices, ou de chemins pour les processions rituelles (ce qu'on voit encore dans des communautés monastiques). Il a donc été décidé, selon nous, de recréer des collatéraux. Mais plus petits et d'un style nettement différent des précédents. Nous émettons cette hypothèse à partir de l'examen des restes de colonnade situés sur les murs Nord et Sud de la nef (image 3 puis image 6). Il y a deux interprétations possibles à cette colonnade. La première de ces interprétations est qu'elle est formée de colonnes demi-cylindriques portant des demi-chapiteaux (sculptés sur trois faces). Lesquels chapiteaux portent des arcs. En bref : exactement ce que l'on voit. La deuxième interprétation est qu'elle était formée à l'origine de colonnes cylindriques portant des chapiteaux entiers (sculptés sur quatre faces). En bref : les baies entre piliers n'étaient pas aveugles mais ouvertes, permettant d'accéder à des collatéraux. Nous pensons que c'est cette deuxième hypothèse qui est la plus probable. Car la première ne peut se justifier par des considérations fonctionnelles. Car ces arcades ne servent en rien. Certes, nous avons déjà rencontré en de nombreuses occasions des arcades accolées à un mur. Mais ces arcades permettaient de doubler l'épaisseur du mur afin, par exemple, de porter une voûte, au faîte du mur. Mais ici, ce faîte est trop haut et les arcades n'ont aucune fonctionnalité portante. L'aspect esthétique, important pour nous, l'était moins à l'époque. Bien au contraire, les arcades devaient être une gêne pour les fresques, par ailleurs moins coûteuses à développer.

L'abside centrale, précédée d'un avant-chœur voûté en berceau, est à plan semi-circulaire (image 7). Dans le cul-de-four de cette abside, subsistent des restes d'une fresque probablement gothique (image 8).

Le transept est bas. Il a certainement été construit au cours d'une troisième campagne de travaux qui a supprimé une partie des arcades. On sait qu'il y a eu des aménagements du croisillon Nord de ce transept en 1837. Il a dû y en avoir aussi pour le croisillon Sud.


Notre site est censé ne traiter que le premier millénaire et donc ne parler que des monuments ou objets antérieurs à l'an mille. Mais tous ceux qui comme nous ont vécu le passage au troisième millénaire savent qu'un tel passage n'est que symbolique : la microseconde entre le 31 décembre 1999 et le Ier janvier 2000 s'est très vite passée. Justement, le temps d'une microseconde. Par contre ce que nous pouvons dire, c'est que nous avons vécu un temps, autour de ce passage. Pour certains,c'est l'année 2000, soit 365 jours. Pour d'autres encore c'est la période [1990-2010].

Concernant l'an mille, il nous faut admettre que la période est plus grande encore ; pour certains [950-1050.] ; pour d'autres [900-1100]. Nous pouvons donc nous permettre d'étudier des monuments susceptibles d'être de peu postérieurs à l'an mille stricto sensu. Mais il y a plus que cela. Car des croyances nées à une période donnée peuvent influencer des créations artistiques plusieurs siècles après leur naissance. On le sait pour le christianisme. Mais cela reste vrai pour de nombreux autres événements. Ainsi, par exemple, la cinéscénie du Puy-du-Fou, deux siècles après la Révolution Française.

En conséquence, l'étude d'objets artistiques datables du XIIe ou du XIIIesiècle peut éventuellement permettre de comprendre d'autres objets antérieurs de plus de deux siècles. C'est la raison qui nous conduit à examiner des sculptures diverses dont certaines, selon nous, seraient postérieures de plus d'un siècle à l'an mille.

Image 11 : L'Agnus Dei portant une croix pattée. La tête a été remplacée par un nimbe crucifère.

Image 12 : Des lions adossés.

Image 13 : Là encore des lions adossés. Mais cela pourrait être la figure dite de « Samson et le lion ». Un personnage vêtu d'une longue robe (un prêtre?) saisit chacun des lions par la queue. On retrouve une autre figure : le lion à queue feuillue. Une figure très caractéristique : la queue passe entre les pattes arrières pour remonter le long du corps et s'épanouir sous forme d'une feuille. Dans le cas présent, l'image est nouvelle. Elle pourrait signifier la maîtrise du spirituel sur le temporel.

Image 14 : Entrelacs et feuillages.

Image 15 : Thème énigmatique.

Image 16 : Autre thème énigmatique ; deux têtes humaines encadrant des hybrides (sphinx) affrontés.

Image 17 : Tête humaine dévorée par un quadrupède (loup ?) .

Image 18 : Chapiteau à feuilles dressées stylisées.


Image 19 : Masque crachant des volutes.

Image 20 : Quadrupède (lion ?  loup ?) crachant des feuillages.

Image 21 : Masque crachant des feuillages.

Nous rappelons que ces images sont extrites d'Internet. En ce qui concerne les chapiteaux, nous ne connaissons pas l'emplacement exact de chacun d'entre eux. Une meilleure connaissance de cet emplacement permettrait d'effectuer une datation comparative de ces chapiteaux en fonction de ce qui a été écrit précédemment. Nous avons en effet repéré au moins trois campagnes de travaux. De la première subsisterait le mur Est de la nef contenant l'arc triomphal et peut-être une partie de l'abside centrale et de l’avant-chœur. Les grandes fenêtres de l'abside ainsi que la colonnade supérieure auraient été érigées ultérieurement.

La seconde campagne de travaux concernerait la transformation de la nef triple en nef unique.

Au cours de la troisième campagne, les croisillons Nord et Sud du transept auraient été installés.


Datation envisagée pour la première campagne de travaux de cette église Saint-Martin d’Ardentes : an 900 avec un écart de 150 ans.

Datation envisagée pour la deuxième campagne de travaux : an 1100 avec un écart de 100 ans.

Datation envisagée pour la troisième campagne de travaux : an 1700 avec un écart de 100 ans.


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