L'église Saint-Blaise de La Celle-Bruère
Commençons par l'étude des fenêtres de
cet édifice (images 1, 4,
5, 6, 7 et 9). Ce sont de grandes baies non
décorées, hormis le sourcil qui protège certaines d'entre
elles des intempéries. Il faut les comparer à celles de
Châteaumeillant (page précédente). Ces dernières sont
encadrées par deux colonnettes portant chapiteaux. Nous
estimons qu'elles correspondent à un deuxième art roman.
Les fenêtres de l'église Saint-Blaise leur seraient donc
antérieures, caractéristiques d'un premier art roman, voire
d'un art préroman. Il nous est cependant difficile de
préciser une datation : nous ne faisons que commencer nos
recherches sur les fenêtres. Une étude d'ailleurs très
délicate. Il arrive souvent que dans un monument ancien, des
fenêtres soient élargies ou que d'autres soient percées. Par
ailleurs, il est fort possible que l'on ait continué à
construire des fenêtres non décorées au cours de la deuxième
période romane, par souci d'économie ou par volonté de
dépouillement austère.
Arrêtons nous à l'image
2. On y voit une porte murée. L'ouverture est
protégée par un linteau en bâtière surmonté par un arc de
décharge. L'espace vide entre le linteau et l'arc a été
comblé par de petits moellons (voir dans la page précédente
le portail Ouest de Châteaumeillant). Nous estimons que ce
type d'agencement est bien antérieur au système linteau
droit-tympan. Datation envisagée : an 900 avec un écart de
150 ans.
La façade Ouest (image 9) est plus sobre que celle de Châteaumeillant. On y
retrouve les fenêtres non décorées. Celles-ci sont cependant
à un ressaut. On remarque que, à la différence de nombreuses
autres églises, cette façade ne reproduit pas le plan en
coupe transversale de l'espace intérieur d'une église à
trois vaisseaux. En fait, le toit de la nef est à deux
pentes. Alors que, pour une église à plan basilical, le toit
est à quatre pentes : deux pentes pour le vaisseau
principal, une pente pour chacun des bas-côtés avec un
décrochement par rapport aux pentes du vaisseau principal.
Ce toit à quatre pentes, on le voit cependant sur l'avant
chœur (images 4 et 6).
Le portail de cette façade Ouest est
très endommagé. Il ne reste que deux tailloirs (images
10 et 11) et une voussure décorés de style
préroman (décors d'entrelacs, de cannage, billettes). Il
ne faut cependant pas en déduire que ces pièces sont
d'époque préromane. Ces décors, simples à réaliser, ont pu
être recopiés à l'époque romane.
Trois panneaux sculptés ont été posés sur cette façade. Le
premier d'entre eux (image
12) représente un homme posant sa main sur la
tête d'un autre. Le second (image
13) met en scène deux lutteurs. La même
inscription est présente sur ces deux panneaux ; « FROTO
Ardus ». Sur le troisième panneau, un agneau pose sa patte
avant dans un vase de forme cylindrique. Nous n'avons pas
d'idée de la symbolique concernant ces trois panneaux. Et
encore moins sur leur datation.
Les images
de 15 à 18 sont celles de de l'intérieur de la nef.
On constate que les absidioles qui encadrent l'abside
principale sont dans le prolongement des collatéraux
(images 17 et 18 et
plan de l'image 8).
On constate sur ce plan que les deux premières travées de
nef à partir du transept sont de même largeur que la travée
de transept. Par contre, leur largeur est différente de
celle des deux dernières travées.
Une des façons de vérifier s'il y a eu des modifications
dans la construction d'un édifice consiste à prendre des
photographies de chaque travée transversalement par rapport
à l'axe principal. Examinons les images
19 , 20, 21. On constate que, au moins pour les images 19 et 21, les
fenêtres sont décentrées par rapport à l'axe de symétrie de
l'arc. Alors que, à l'origine, elles devaient être centrées
sur cet axe.
On constate, toujours à partir des images 19, 20 et 21,
que les arcs sont simples et portés par des impostes (images 23 et 24). Les
impostes sont à chanfrein orienté vers l'intrados de la
voûte.
Les piliers sont rectangulaires de type R0102.
Cela signifie qu'il y a côté collatéral un pilastre adossé
au pilier. Dans le cas présentn le pilastre est de section
rectangulaire et porte une imposte laquelle porte un arc
doubleau. Côté vaisseau central, il y a deux excroissances.
Tout d'abord un pilastre de section rectangulaire puis, par
dessus ce pilastre, une colonne demi-cylindrique portant un
chapiteau.
Nous estimons que la construction de ces piliers s'est faite
en deux ou trois temps. Si elle s 'est faite en deux temps :
au cours d'un premier temps, les piliers étaient de type R0100, les collatéraux
étaient voûtés et le vaisseau central, charpenté.
Ultérieurement, les piliers auraient été transformés en
piliers de type R0102
et le vaisseau central, voûté en plein cintre.
Si elle s 'est faite en trois temps : au cours d'un premier
temps les piliers sont de type R0000,
les collatéraux et le vaisseau central, charpentés. Il y
aurait eu ensuite un voûtement des collatéraux (piliers R0100), puis enfin, le
voûtement du vaisseau central précédé par une transformation
des piliers en R0102.
À titre provisoire, nous estimons la datation de la
construction primitive à l'an 850 avec un écart de 150 ans.
On constate que l'existence de
chapiteaux (images 25 et
26) sur les parties hautes du vaisseau central au
lieu d'impostes (images
23 et 24) confirme l'hypothèse d'au moins deux
étapes de travaux.
Le chevet est de type « clunisien » :
une colonnade (image 33) sépare l'abside centrale des absidioles latérales.
Les chapiteaux de cette colonnade (images 34, 35, 36 et 37) sont de style roman
tardif. Les chapiteaux du transept (images
38, 39, 40, 41, 42) semblent quant à eux plus
anciens.
On déduit de ces observations que l'église Saint-Blaise a
fait l'objet de plusieurs transformations (au moins trois
). Nous ne pouvons cependant pas préciser davantage, cette
église nécessitant un examen plus approfondi.