La collégiale Saint-Aignan de Saint-Aignan-sur-Cher
Nous avons effectué une visite rapide de
ce monument et la majorité des images de cette page a été
réalisée lors de cette visite.
Cette église a fait l'objet d'un compte-rendu très détaillé
dans le livre « Val-de-Loire
Roman » de la collection Zodiaque.
Les textes relatifs à cette église ont été rédigés par Dom
Angelico Surchamp, fondateur de la revue Zodiaque
et l'abbé Pierre Renoux. Nous conseillons à tout lecteur
désireux d'une information plus approfondie - en particulier
en ce qui concerne les fresques de la crypte - de s'y
référer. Nous nous sommes plus préoccupés de l'histoire de
cette collégiale. Voici des extraits du texte de l'abbé
Pierre Renoux :
« 843-877
: Sous Charles le Chauve, les moines de Saint-Martin de
Tours consacrent une modeste chapelle dédiée à Notre-Dame
puis à Saint-Aignan, évêque d'Orléans. Eudes Ier,
comte de Blois, fonde le bourg de Saint-Aignan.
Début du XIesiècle : Construction d'une
seconde église, la première étant insuffisante et
détériorée par les incursions des Normands.
Vers 1030 : Foulques Nerra, dont les terres joignent
celles du seigneur de Saint-Aignan, est victorieux du
comte de Blois Eudes II et de Geoffroy de Donzy. Ce
dernier est incarcéré et étranglé à la prison de Loches.
Sa dépouille est ramenée à Saint-Aignan en une église
Saint-Jean ou en une chapelle Saint-Jean de ladite église.
1080-1200 : Troisième et définitive construction : église
sanctuaire, transept surmonté d'un clocher au point
d'intersection de la grande nef. Crypte.
XIIesiècle : Devenue “paroissiale”, l'église
reçoit, de l'archevêché de Bourges dont elle dépend, le
titre de collégiale et un Chapitre. [...] »
Nous restons un peu circonspects en
présence du texte précédent. Très probablement, les dates de
843, 877, 1030, 1080, sont issues d'écrits datés de ces
périodes. Mais il arrive souvent que les textes soient
imprécis. Dans certains cas, ils peuvent avoir été perdus.
Dans ces cas-là, on ne peut que rapporter ce qu'un autre a
écrit précédemment, parfois en interprétant d'une façon
abusive les renseignements obtenus.
Dans le cas présent, comment devons-nous comprendre la
phrase, « Début
du XIesiècle : Construction d'une seconde
église, la première étant insuffisante et détériorée par
les incursions des Normands. ». Qu'il existe un
texte ancien racontant d'une façon explicite qu'une église a
été construite en remplacement d'une autre plus ancienne
trop petite et, de plus, endommagée par les Normands ?
Ou bien que ces informations résultent d'une interprétation
libre de plusieurs textes, l'un signalant l'existence d'une
église dédiée à Saint-Aignan, et un autre relatant une
incursion normande dans la vallée du Cher, aucun ne parlant
de la construction d'une nouvelle église.
En tout état de cause, il conviendrait donc de s'assurer de
l'existence et du contenu des textes originels. Et il serait
tout aussi important de savoir ce que sont devenues les deux
églises, voire trois en comptant l'église Saint-Jean, ayant
précédé l'actuelle église.
Il est un point sur lequel nous sommes en total désaccord
avec l'abbé Pierre Renoux. Cela concerne la phrase
apparemment anodine : « 1080-1200
: Troisième et définitive construction : »
Pourquoi donc un tel désaccord ? Parce qu'on est forcé de
déduire de cette phrase que l'église a été construite en 120
ans. Ce qui est impensable. Il faut bien comprendre que
toute construction humaine doit s'effectuer dans un moyen
terme en prévision d'un usage sur le long terme. Ainsin si
on prend l'exemple d'une centrale nucléaire, sa construction
dure 10 ans et son fonctionnement 40 à 50 ans. Et c'est vrai
pour toute autre édification d'immeuble. Les temps sont
variables mais ne doivent pas excéder 20 ans pour la
construction proprement dite et parfois plus d'un siècle
pour son utilisation (9 siècles pour la collégiale
Saint-Aignan). Pourquoi pas plus de 20 ans ? Parce que les
concepteurs du projet veulent voir ce projet réalisé !
Certes, il arrive que des circonstances particulières
empêchent la finalisation des travaux, mais ces cas
particuliers sont rares. Certes aussi, il est possible que
des travaux soient effectués une centaine d'années après la
fin de la constructions mais cela concerne un autre projet
différent du projet initial ; une habitation évolue dans le
temps en fonction des désirs des propriétaires ; il ne faut
pas la concevoir comme immuable.
Image
4 : deux chapiteaux ; un homme dans des entrelacs
et des hybrides affrontés.
Image 5 : deux
chapiteaux ; des hybrides affrontés : entrelacs et masques.
Image 8 : deux
chapiteaux; hybrides et masque ; scène de l Annonciation ?
Image 9 : deux
chapiteaux ; thème énigmatique ; masque et feuillages.
Les images 10, 11, 12, 13
montrent l'intérieur de la nef. Les piliers sont de type R1212. Les arcs reliant
les piliers sont doubles. Les voûtes sont sur croisées
d'ogives posées sur des arcs brisés. Nous estimons que la
croisée d'ogives apparaît en période romane et qu'elle
constitue une pièce maîtresse de l'art gothique. Nous
pensons que cette église était primitivement charpentée et
qu'elle a été postérieurement voûtée. Assez paradoxalement,
bien que les dates de 1080 et 1200 ne soient pas prouvées,
elles correspondent à peu près aux périodes de construction
: 1080 pour la construction primitive d'une église
charpentée ; 1200 pour le voûtement.
Étude
des chapiteaux
Images 15 et 16.
C'est le même chapiteau : thème énigmatique ; à gauche, un
homme nu saisit un masque ; au centre, un coq ; à droite, un
homme portant une cruche.
Image 17.
Un centaure tire des flèches sur un cerf. Le thème du
centaure est assez répandu dans l'art roman. Centaure ? ou
sagittaire ? En tout cas, il semblerait que ce thème soit
associé au basculement des saisons.
Image 18.
Thème énigmatique ; un homme nu dans des entrelacs,
un lion dressé sur ses pattes.
Image 19 : Thème
très classique que nous appelons «les oiseaux au canthare».
Sauf qu'ici les oiseaux ont des queues de serpent.
Image 20 : Sirène
féminine à une queue. Le symbole est selon nous plus récent
que la sirène à deux queues.
Image 21 : Thème
aussi très classique de «Daniel entre les lions».
Image
22 : Le Sacrifice d'Abraham.
Image 23 :
L'Adoration des Mages.
Image 24 :
Annonciation ? Visitation.
Image 25 : La
Fuite en Égypte.
Image 26 : Le
Crucifixion.
Selon les auteurs du livre « Val-de-Loire
Roman », certains des chapiteaux auraient été
remplacés lors de travaux de restauration. Nous pensons que
c'est le cas de plusieurs décrits ci-dessus. Cependant, il
semblerait bien que les nouveaux chapiteaux imitent
relativement bien les modèles originaux.
La
crypte
Le livre « Val-de-Loire
Roman » laisse beaucoup de place à l'étude de la
crypte et de ses fresques. Nous pensons que cette crypte est
contemporaine au reste de l'édifice qui se situe en pleine
période romane. Les fresques seraient de peu postérieures à
la construction de la crypte, aux alentours de l'an 1200.
Datation
envisagée pour la collégiale Saint-Aignan (église
primitive charpentée) : an 1050 avec un écart de 50 ans.
Datation envisagée
pour le voûtement en croisée d'ogives de la collégiale
Saint-Aignan : an 1200 avec un écart de 50 ans.