L'église Saint-Gilles d'Hennebont 

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Nous n'avons que peu de choses à dire sur cette église photographiée récemment par Alain Le Stang.

À l'extérieur, on découvre sur les murs des traces d'arcades (images 1 et 2). Nous pensons qu'il existait là une nef à trois vaisseaux, les murs latéraux du vaisseau central étant portés par des arcs, eux-mêmes supportés par des piliers. À une époque donnée, cette nef aurait été transformée en une nef unique par suppression des collatéraux. Ne seraient restés que les arcs et les fenêtres supérieures côté Nord (image 1).

L'intérieur est un peu décevant (image 3). On a bien, comme c'était prévu dès l'examen extérieur, une nef unique. Cette nef unique est charpentée et semble l'avoir toujours été (absence de pilastres adossés aux piliers). Selon Corentin Olivier, archéologue du bâtiment qui a étudié la charpente, elle daterait du XIV e siècle. Il nous est difficile de contester ce dernier point. Car, autant la datation est difficile et sujette à débats en ce qui concerne les pierres, autant elle se révèle relativement simple en ce qui concerne les bois, pour lesquels il existe deux techniques d'évaluation : le C14 et la dendrochronologie. C'est cette seconde méthode qui a été utilisée concernant cette charpente, et selon Corentin Olivier : « la partie la plus ancienne dans la nef daterait de la deuxième partie du XIVe siècle : 1350-1370. ».


Le croquis de l'édifice réalisé par Alain Le Stang (image 4 ) révèle un sanctuaire à plan carré. Nous n'avons pas d'image de ce sanctuaire mais sa lecture doit être difficile car les murs sont, semble-t-il, recouverts d'un enduit et peints.

Le même plan témoigne la présence, côté Nord, d'un pièce rectangulaire (image 5), qui pourrait être le croisillon Nord d'un transept. Cette hypothèse est confirmée par deux observations. D'une part, sur l'image 1, le corps de bâtiment situé à gauche, qui abrite cette pièce rectangulaire est perpendiculaire à la nef centrale et de même hauteur que celle-ci. C'est l'image classique d'un transept haut et débordant. D'autre part, deux piliers ont été conservés (images 6 et 7). Ils sont typiques de piliers de croisée du transept. Ils sont situés dans la nef à la séparation entre nef et transept.

Revenons à la pièce du croisillon Nord. L'image 5 montre à droite, une fenêtre à ébrasement probablement murée. La surprise est de voir au dessus et encadrant cette fenêtre, un grand arc. Cet arc est situé à l'Est du croisillon Nord. Cet arc pourrait avoir protégé l'entrée d'une absidiole Nord. Concernant les chevets à transept haut et débordement, il est en effet fréquent de voir des absidioles greffées directement sur les croisillons Nord et Sud.

Le chœur carré, s'il est d'origine, pose problème. Il s'agit là d'une particularité déjà exceptionnelle dans le Sud de la France pour les grandes églises. À plus forte raison lorsque l'on se situe au Nord de la France.


Observons enfin les chapiteaux des piliers de croisée du transept (images 8 et 9). Ils sont à décors géométriques ( entrelacs et crosses).

Petit à petit, grâce à notre site et à des découvertes de chapiteaux comme ceux-ci, nous constituons un inventaire des chapiteaux de Bretagne. Il nous apparaît de plus en plus qu'il y a eu des styles de chapiteaux spécifiques à la Bretagne.


Datation envisagée pour cette construction

Pour le chœur, en l 'absence d'éléments probants, nous ne pouvons nous prononcer.

Pour la nef primitive à trois vaisseaux : là encore, le peu de restes identifiables nous oblige à proposer une « fourchette » très large : an 750 avec un écart de 250 ans.

Pour le transept l'écart se réduit : an 975 avec un écart de 75 ans.