Croix de chemin pattées du Morbihan 

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Les images que nous reproduisons ici sont, dans leur grande majorité, issues du site Internet intitulé « Croix et calvaires de Bretagne ». Nous conseillons à tout lecteur intéressé par l’ensemble des croix bretonnes de consulter ce site pour de plus amples informations. Les images que nous avons recueillies ne sont qu’une petite partie de celles que l’on trouve dans ce site. Mais nous n’avons choisi que celles concernant le premier millénaire ou éventuellement les deux premiers siècles du deuxième millénaire.

Nous devons néanmoins ajouter que nous ne sommes pas certains que ce site soit exhaustif en ce qui concerne les croix du Morbihan. Nous avons constaté que ce n’était pas le cas en ce qui concerne les croix du département d’Ille-et-Vilaine : certaines communes étaient abondamment décrites, alors que d’autres étaient complètement dépourvues d’informations.

Un second site Internet découvert en Juin 2020, et aussi très intéressant, a permis d'enrichir la liste des croix de chemin pattées du Morbihan de 8 éléments supplémentaires.

La carte interactive ci-dessous permet de localiser globalement les principaux emplacements de ces croix pattées :


Nombre de croix pattées par commune :    1 croix       2 croix       3 croix       4 croix       5 croix       6 croix



Lors de l’examen de ces croix, il faut pour chacune d'elles se poser deux questions : « Est-elle réellement du premier millénaire ? », et, « Peut-on la dater avec plus d’exactitude ? ».

En ce qui concerne la première question, on peut d’ores et déjà lui donner une réponse globale : lorsque la croix est vraiment pattée, c’est-à- dire lorsque deux au moins des branches de la croix sont évasées vers l’extérieur, il existe une forte probabilité que cette croix date du premier millénaire. À condition cependant que la croix ne soit pas taillée trop régulièrement : des copies modernes ont pu remplacer des croix trop dégradées.


Passons à une étude plus ciblée :

Images 1 et 2 : La croix de Kervilaine à Belz. Cette croix a pu être taillée dans un ancien menhir. À remarquer la présence de deux croix pattées gravées sur le fût. Celle de l'image 2 est la plus représentative. Elle est à branches égales. Elle est caractéristique des croix pattées des premiers siècles du christianisme triomphant (IVe, Veou VIesiècles).

On retrouve une autre croix pattée gravée sur la croix de Baud (image 3). Est-elle aussi hampée ? C’est difficile de le savoir. Par contre, la croix gravée sur la stèle christianisée de l'image 4 (revers de la stèle dans l'image 5) est hampée. Nous avons déjà rencontré des croix pattées hampées. En particulier, elles sont présentes sur l’image de l’Agnus Dei. L’Agneau est représenté allongé devant une croix pattée hampée. Une mosaïque de Ravenne datée du VIIesiècle porterait cette scène. Cependant, dans les représentations de l’Agnus Dei, la hampe est longue, comme pour une croix de procession. Ici la hampe est courte. Jusqu’à présent, nous n’avons vu qu’en Bretagne ce type de croix pattée à hampe courte. Nous espérons que notre site nous permettra d’en découvrir d’autres. Nous pensons que ce type de symbole ne peut être qu‘antérieur à l’an mille. Après l’an mille, on retrouve des croix pattées à branches égales. Elles décorent les armoiries des ordres militaires des Templiers et Hospitaliers. Mais leurs images sculptées n’apparaissent qu’au XIVesiècle. Et surtout ces croix pattées ne sont pas, comme ici, hampées.

Peu de choses à dire sur la croix de l'image 6 si ce n’est que la forme « pattée » a été obtenue par un chanfrein (taille en biseau des angles).


Concernant la croix de Plouhinec (image 7), il semblerait qu’une figure ait été gravée. Peut-être un visage sur la branche supérieure ? En tout cas, l’ensemble apparaît très dégradé.

On a la chance d‘avoir un schéma représentatif (image 9) de la croix de Coët-A-Tous à Carnac (image 8). On peut y voir sur la tranche une croix pattée et sur la face avant une croix pattée hampée.

On remarque sur l'image 10 la présence de trois croix : une grande et deux petites. Certains auteurs envisagent qu’il s’agirait du Christ entre les deux larrons. À l’appui de cette thèse, il existe des miniatures du Xesiècle représentant cette scène. Nous ne sommes pas cependant tout à fait convaincus : d’une part, on trouve ailleurs des groupes de deux croix et non trois. D’autre part, on devrait avoir gravées sur ces croix des représentations du Christ et des larrons. Des croix portant des représentations du Christ existent, mais elles ne sont pas pattées. Et nous les pensons plutôt postérieures à l’an mille.

D’autre représentations de croix (croix latines ?. croix pattées ?) sont gravées sur les croix des images 11 et 12. Mais il est possible que ces croix aient été gravées ultérieurement.


Une croix pattée est gravée sur la croix de l'image 13.

La croix de l'image 14 pourrait être une croix palis (nous avons vu la définition de ce mot dans une page précédente concernant l'Ille-et-Vilaine). Les images 14, 15, 16, 17 et 18 sont celles de diverses croix pattées. Leurs formes sont diverses. La plupart ne sont pas symétriques par rapport à l’axe médian. Parfois le fût est incurvé, parfois aussi l’élargissement des branches s’effectue plus vers le haut que vers le bas. D’autres fois, les branches latérales sont plus réduites que la branche supérieure. Nous déduisons de ces observations que certaines de ces croix ont pu être taillées dans des menhirs ou des stèles de l’âge du fer. L’artisan sculpteur ne disposant pas d’un matériau tiré d’une carrière, spécialement adapté pour la sculpture qu’il voulait faire, devait adapter sa sculpture à un matériau de remploi, menhir ou stèle.


Cependant, il arrive que des menhirs ou des stèles anciennes aient été entièrement conservées mais christianisées par l’ajout de signes distinctifs chrétiens. On l’a déjà vu pour le menhir de Brignogan dans le Finistère. On le voit ici pour les croix de Plouhinec (images 19 et 20) . Les deux croix portent l’image du Christ. Nous pensons qu’elles datent toutes deux des débuts du deuxième millénaire (croix latines chanfreinées).

Parlons à présent des croix palis. La plupart des croix précédentes étaient taillées dans le granit. Le granit est un matériau lourd et cassant difficile à sculpter.

Les croix palis sont taillées dans un schiste de bonne qualité. Les schistes sont des roches sédimentaires. Ils peuvent se débiter par plaques. Ces plaques peuvent être très résistantes si les efforts portent dans le sens du clivage. Par contre elles sont difficiles à sculpter ou à graver car la taille, perpendiculaire ou oblique par rapport au sens de clivage, provoque un effeuillage de la pierre.


Les images 25, 26,27 sont celles d’une même croix. Il s’agit d’une croix palis. Elle est reconnaissable au fait qu’elle est monolithe et peu épaisse.

Les croix des images 21, 22, 23, 28, 29, 30 sont probablement elles aussi des croix palis.


Il reste quelques croix à étudier : les croix sculptées avec une représentation du Christ en croix. Certaines comme celle des images 31, 32, 33 montrent un Christ vêtu d’une longue robe. Nous pensons que ce type de croix latine avec un Christ vêtu d’une longue robe date des environs de l’an mille.

Concernant la croix de l'image 36, on a aussi une représentation du Christ en croix dans la même attitude que celui de l'image 32 (bras perpendiculaires à l’axe du corps) mais la croix est pattée. Cette croix doit donc être plus ancienne d’au moins un siècle.

La croix de l'image 37 est analogue à celle de l'image 32.

La croix de l'image 38, avec le Christ aux bras tendus en oblique, doit être postérieure aux précédentes. Il en est de même pour la croix de l'image 39.

La croix de l'image 42 porte aussi une représentation du Christ en croix.

On constate que les représentations du Christ en croix peuvent se trouver sur des croix de formes différentes, certaines pattées, d’autres latines avec beaucoup de variantes pour chacune des formes (chanfreinées ou non, à branches réduites ou non).