L’église Saint-Pierre-aux-Liens de Sulniac
Nous n’avons pas eu l’occasion de visiter l’église
Saint-Pierre-aux-Liens étudiée dans cette page. Les images
ci-dessous sont des copies d’écran Internet. Elles servent à
expliquer et à justifier des datations. Ces images ne
peuvent remplacer une visite in situ.
L’aspect extérieur de cette église de
Sulniac (image 1)
ne nous apprend pas grand-chose sur celle-ci. Il apparaît
seulement que sa nef semble être composée d’un seul
vaisseau. Par ailleurs, le chevet, plus large que la nef,
semble être dans le prolongement du transept : une
disposition tout à fait inhabituelle.
Les images suivantes sont plus instructives. Ainsi sur l'image 2, on découvre
que la nef est voûtée en plein cintre. L’arc est porté par
un chapiteau simplement épannelé. Nous pensons que cette nef
est néo-romane.
Par contre, la croisée du transept (images
2, 3, 4), avec ses chapiteaux sculptés, est bien
romane, voire même préromane. Cette particularité n’apparaît
pas au premier abord. En effet, cette croisée du transept
est voûtée sur croisée d’ogives. Or, selon nous, la croisée
d’ogives date de la fin de la période romane.. Mais certains
détails comme l’implantation des arcs de croisée (images
12 et 17) font envisager que la croisée d’ogives
a été installée sur une structure plus ancienne. La croisée
primitive devait être charpentée.
Les images 5 et 6 font
apparaître une partie du chœur. On peut voir sur la paroi
Nord un pilier cylindrique soutenant un arc (côté gauche).
Côté droit, on observe un départ d’arc. On déduit de cette
disposition qu’il y avait primitivement à l’emplacement de
ce mur une série d’arcades (au moins 2). Le décor du
chapiteau du pilier
(image 18),
montrant des anges portant des écus, est attribuable au XVesiècle.
Mais ce décor a pu être réalisé sur un chapiteau non décoré,
et ce, longtemps après la pose de ce chapiteau. Le fait que
ce chapiteau soit constitué d’une pierre monolithe de
grandes dimensions milite en faveur d’une telle hypothèse.
Concernant cette disposition
architecturale, deux hypothèses sont possibles. La première
de ces hypothèses est que le chevet était de type clunisien
avec une communication, par l’intermédiaire des arcades,
entre l‘abside principale et les absidioles secondaires. La
seconde hypothèse est que l’on est en présence d’une partie
de la nef primitive : le transept aurait été créé à
l’intérieur de cette nef.
Les images 7, 8, 9, 10 et
13 (le chapiteau de l'image
16 est le même que celui de l'image
7) sont ornés de dessins géométriques. Mais si on
observe ces images plus attentivement, on découvre un homme
aux bras levés émergeant des feuillages, sur le chapiteau de
l'image 7 (et donc
de l'image 16).
Il en est de même pour le chapiteau de l'image
8. Concernant
le chapiteau de l'image 9,
il y a bien un homme mais il ne lève pas les bras. Par
contre, son torse est apparent et on peut voir sur ce torse
une croix pattée. À remarquer que pour cette croix pattée,
seules les branches latérales semblent être élargies vers
l’extérieur. Particularité que l’on retrouve sur certaines
croix pattées de Bretagne. Ce qui devrait peut-être
permettre d’envisager une datation de ces croix.
Sur l'image
10, on
peut voir entre deux volutes une image très stylisée d’un
homme aux bras levés. Le chapiteau de l'image
13 est moins lisible. Néanmoins on peut, là
encore, deviner la silhouette d’un homme représenté debout.
La représentation d’un homme aux bras levés est celle de
l’orant. Elle est présente dès les premiers siècles du
christianisme. On la retrouve beaucoup plus tard , au
XIXesiècle avec le « ravi » des santons de
Provence. Mais, curieusement , elle est pratiquement absente
durant toute une longue période allant de l’an mille à l’an
1800. Par contre, nous avons eu l’occasion de repérer cette
image de l’orant (ou de l’orante) sur des édifices que nous
estimons antérieurs à l’an mille (avec une grande marge
d’erreur), édifices répertoriés sur notre site.
Datation : Par
manque d’images, nous ne pouvons estimer que la datation de
la croisée du transept. Du moins la croisée primitive non
voûtée.
D’une façon générale nous estimons que l’invention des arcs
doubles tels que ceux que l’on voit sur l’arc triomphal
séparant la nef du transept, est postérieure à l’an 800.
Nous pensons aussi que le système « imposte » a précédé le
système « chapiteau-tailloir » (il a pu y avoir coexistence
des divers systèmes pendant plus d’un siècle). Cette croisée
nous semble donc nettement postérieure à l’an 800. Mais
comme elle était probablement charpentée, elle devait être
antérieure à l’an 1000. À cette dernière date en effet, le
voûtement des églises nouvelles a été généralisé. Et on
n’avait pas besoin d’attendre l’invention de la croisée
d’ogives pour voûter des croisées de transept : on en a vues
qui sont voûtées en plein cintre.
En conséquence de cette réflexion, la datation
estimée est l’an 950 avec un écart supérieur à 100
ans.