Diverses églises d’Ille-et-Vilaine susceptibles de dater du 1er millénaire (page 2/2)
Les édifices étudiés dans cette page concernant le
département de l’Ille-et-Vilaine n’ont pas été visités.
Leurs images, en général des copies d’écran Internet,
servent à expliquer et à justifier les datations. Ces images
ne peuvent remplacer une visite in situ.
Les quatre églises décrites dans cette page sont : l’église
Saint-Loup du Lou-du-Lac, l’abbatiale
Saint-Méen de Saint-Méen-le-Grand, l’église
Saint-Sulpice-des-Bois de Saint-Sulpice-la-Forêt, l’église
Saint-Martin de Tremblay.
L’église
Saint-Loup du Lou-du-Lac
L'image 3 est
celle d’une église à nef unique rectangulaire et chevet
rectangulaire. Le plan est identique à celui des nombreuses
chapelles rurales à chevet carré décrites il y a plus de 40
ans par l’abbé Joseph Giry. Celui-ci n’avait mentionné que
les églises du département de l’Hérault. Depuis, beaucoup
d’autres églises ont été découvertes, non seulement dans
l’Hérault mais aussi dans les départements limitrophes. Nous
estimons que la plupart de ces chapelles sont antérieures à
l’an mille. C’est la première fois que nous identifions ce
type d’église au Nord de la Loire. Mais nous pensons qu’il
doit en exister d’autres.
Un autre indice d’ancienneté est repérable dans l’appareil
des murs. On voit en particulier au bas de l'image
5 un appareil en « opus spicatum » ce qui peut
être traduit par « appareil en épi » ou « appareil en arêtes
de poisson ». Un type d’appareil utilisé pour des édifices
de petites dimensions que nous estimons antérieurs à l’an
mille.
Datation envisagée
pour l’église Saint-Loup du Lou-du-Lac : an 900 avec un
écart de 150 ans.
L’abbatiale
Saint-Méen de Saint-Méen-le-Grand
Les images que nous avons recueillies de cet édifice ne nous
permettent pas d’en avoir une idée précise.
Une image revient fréquemment : c’est celle de deux arcades
(image 10 , à
droite dans l'image 8 ,
à gauche dans l'image 9,
emplacement 3 du plan de l'image
7). Ces deux arcs sont, selon nous, postérieurs à
l’an mille.
Faut-il croire pour autant qu’il n’existe rien dans cette
église d’antérieur à l’an mille ? Le plan de l'image
7 nous fait découvrir qu’il existe une « nef
antique ». Cette nef n’existe probablement qu’à l’état de
ruines. Mais, si cette nef est bien la nef d’une église,
elle doit être située à l’Ouest du chevet. Dans un tel cas,
sur le plan de l'image 7,
l’Ouest serait en haut, et l’Est, en bas. Et il y aurait eu
inversion pour l’église actuelle de la direction usuelle (
chœur à l’Est). Dans ce cas aussi, les deux arcs que l’on
voit révéleraient l’existence d’un chœur bénédictin.
Nous n’avons pas d’information sur le masque de l'image
12. Il
semble qu’il soit en staff (ou en stuc). On sait que les
gypseries (plâtre, staff, stuc) ont été employées plus
particulièrement durant le premier millénaire.
Cependant, dans l’attente d’une meilleure information, nous
ne pouvons proposer qu’une datation
basse pour l’abbatiale Saint-Méen de Saint-Méen-le-Grand :
an 1050 avec un écart de plus de 100 ans.
L’église
Saint-Sulpice-des-Bois de Saint-Sulpice-la-Forêt
Bien que n’ayant pas le plan de cette église en ruines, on
peut assez facilement le décrire après observation des images 13 à 18 : une
nef unique prolongée par un transept débordant sur lequel
sont greffées une abside et deux absidioles.
Le choix d’une construction de nef unique - et non d’une nef
triple - semble caractériser les églises de l’Est de la
Bretagne. Nous avons en effet constaté leur plus grande
fréquence en Ille-et-Vilaine (Antrain, Arbrissel,
Lou-du-Lac, Saint-Méen-le-Grand, Tremblay, et, le cas
présent, Saint-Sulpice-la-Forêt). En est-il de même pour les
départements limitrophes de l’Ille-et-Vilaine ? C’est ce que
nous vérifierons par la suite.
Cette église devrait présenter un grand intérêt pour
l’archéologie du bâti, à cause de sa structure « en écorché
». Il doit être assez facile de reconstituer son histoire à
partir de l’analyse du bâti (structure générale des piliers
et des arcs, appareils, ...)
Datation envisagée
pour l’église Saint-Sulpice-des-Bois de
Saint-Sulpice-la-Forêt : an 1050 avec un écart de 75 ans.
L’église
Saint-Martin de Tremblay
Comme pour l’église précédente, l’analyse architecturale de
cet édifice pourrait se révéler intéressante.
Pourtant, le premier contact se révèle décevant. On
n’éprouve pas, en présence de cette construction, l’émotion
ressentie lors de la visite d’une belle église romane
savamment ordonnancée. Et c’est bien le fait que cette
église ne soit pas ordonnancée qui la rend peu esthétique,
mais intéressante en vue d’une datation. Car si,
actuellement, l’église n’est pas savamment ordonnancée,
soyons certains qu’à l’origine, elle l’était. Le premier
architecte a conçu un plan parfait. Et, à l’époque, la
perfection se trouvait dans la symétrie des formes, Une
symétrie organisée à partir du plan vertical orienté
Est-Ouest.
Une telle symétrie n’existe pas dans l’église actuelle.
Observons en particulier l'image
19. La nef est recouverte d’un toit à deux pentes.
Il semblerait que la pente soit plus grande côté Nord que
côté Sud. Qui plus est, la verticale passant par l’entrée
principale Ouest rencontre successivement une fenêtre, un
oculus, mais pas le faîte du pignon. On constate par
ailleurs qu’il existe sur cette façade Ouest, côté Nord, un
autre portail d’entrée. D’où l’idée que la nef primitive
était à trois vaisseaux. De cette nef primitive, il ne
resterait que deux vaisseaux, le collatéral Nord et le
vaisseau central.
L'image 21 confirmerait
cette analyse. En effet, on peut voir à l’extrême gauche, un
pilier cylindrique (de type C0000)
porteur d’un arc simple. La retombée de cet arc repose sur
un pilier rectangulaire (type R0000
?) à imposte.
Dans le chapitre intitulé « Datation » nous nous sommes
efforcés de dater les nefs triples. Si, en ce qui conserve
les nefs à piliers dits rectangulaires, le processus d’une
évolution nous semble résolu (piliers R0000,
puis R1010, puis R1110, et enfin
R1111), c’est nettement plus difficile en ce qui
concerne les piliers cylindriques, représentés
essentiellement par des piliers C0000,
ou les piliers mixtes (alternance de piliers rectangulaires
et cylindriques). Cette difficulté de datation est telle
que, à plusieurs reprises, nous avons envisagé que ces nefs
à piliers cylindriques pouvaient avoir été entièrement
reconstruites au XVIesiècle.
Il semblerait que ce ne soit pas le cas ici. Le pilier et
les arcs pourraient donc être préromans. Cependant, en
absence d’éléments réellement convaincants, nous n’avons
aucune certitude au sujet de ce pilier et cette nef.
En conséquence, la datation
que nous proposons pour l’église Saint-Martin de Tremblay
repose sur la seule observation de son transept (image
23) : an 1050 avec un écart de 75 ans.