La tour-porche de la cathédrale Saint-Vincent de Viviers
Selon la page du site Internet Wikipedia consacrée à la
cathédrale de Viviers, «
Quand l'évêque Léodégaire est élu en 1096, il trouve une
cathédrale en ruine. Il entreprend sa reconstruction. La
nouvelle cathédrale est consacrée le 27 février 1119 par
le pape Calixte II. ». Par ailleurs, il est dit que
la nef de cette cathédrale aurait été détruite par les
protestants en 1567. Il ne resterait que la tour-porche. Le
texte poursuit : « Le
clocher, dit encore « campanile » ou tour Saint-Michel,
remonte à la construction du XIe siècle.
Aujourd’hui relié à la nef par un porche, il constituait
la porte d’entrée du quartier canonial. Sa base carrée,
ornée de bandes lombardes, abritait un baptistère; elle
est maintenant murée. Au-dessus, se trouve une chapelle
dédiée à Saint-Michel. Un étage supérieur devait
constituer l’amorce d’un clocher inachevé (XIIe
siècle). Un étage octogonal fut rajouté au XIVe
siècle, portant sa hauteur à 40 m... »
À de nombreuses reprises, nous avons
témoigné de notre manque de confiance vis-à-vis des textes
du Moyen-Âge et surtout vis-à-vis de leur interprétation par
des auteurs contemporains. La plus grande partie des
archives de cette période ayant disparu, les textes qui
restent ne donnent qu’une vision partielle de cette période.
De plus en plus partielle lorsqu’on remonte dans le temps.
Par ailleurs, l’interprétation des textes subsistants pose
aussi question. D’ailleurs, peut-on affirmer qu’ils sont
subsistants ? Prenons par exemple le paragraphe du début : « Quand l’évêque Léodegaire
est élu en 1096 il trouve une église en ruine. Il
entreprend sa reconstruction. La nouvelle cathédrale est
consacrée le 11 février 1119 par le pape Calixte II
». En toute probabilité, au moins deux chartes, l’une en
1096, l’autre en 1119, sont à l’origine de la rédaction de
ce paragraphe.
Nous envisageons deux possibilités :
Première possibilité : l’auteur du texte d’Internet a eu en
main ces deux chartes, les a décryptées et traduites d’une
façon correcte peu sujette à contestation. Enfin, son
interprétation est elle aussi correcte et peu sujette à
contestation.
Deuxième possibilité : le texte d’Internet est la copie plus
ou moins conforme d’un texte précédent. Lequel texte est la
copie plus ou moins conforme d’un texte précédent. Et ainsi
de suite, de précédent en précédent. Mais en remontant
seulement au plus au XIXesiècle, soit 800 ans
après les événements. Et avec la possibilité supplémentaire
que les deux chartes initiales de 1096 et de 1119 aient
disparu.
Nous développons peut-être une méfiance exagérée, mais nous
estimons que l’hypothèse la plus fréquemment rencontrée est
la seconde.
Mais passons à l’analyse du seul
témoignage qui ait subsisté de cette cathédrale : la
tour-porche.
Il faut tout d’abord reconnaître que lorsque nous avons créé
ce site, il n’était pas question d’envisager d’étudier les
tours, clochers ou campaniles. Dans une telle étude, nous
étions totalement désorientés et dans l’incapacité
d’envisager une datation de constructions de plans
localement simples, globalement complexes. Nous en sommes
toujours au même point. Mais nous avons pris conscience de
cette complexité et voulons la mettre en exergue pour mieux
comprendre l’utilité de ces tours dont certaines sont
probablement antérieures à l’an mille.
Concernant la tour-porche de Viviers, nous avions envisagé
qu’elle faisait partie de « l’ouvrage Ouest » de la
cathédrale. Ce n’est pas le cas. Bien qu’elle soit située à
l’Ouest de la cathédrale, on constate par vue aérienne
qu’elle n’est pas située dans l’axe de la cathédrale mais
décalée par rapport à celui-ci. Sur cette même vue aérienne,
elle apparaît détachée du reste de l’église.
Il ne s’agit certainement pas là d’un résultat de la
réfection de la nef après la destruction de 1567. L'image
7 fait bien apparaître que, du côté de la nef, la
façade de la tour est bien intacte.
Une sorte de mystère entoure ces sortes de tours. Il faut
tout d’abord noter qu’elles sont ouvertes à la base ... et
non fortifiées. Elles devaient servir de lieu de passage.
Mais un lieu de passage qui, à la différence des portes
fortifiées érigées au XIVesiècle, ne comporte
pas d’obstacles tels que portes, herses ou pont-levis. Nous
envisageons qu’il y a dans cette architecture la révélation
du privilège « d’extraterritorialité » des églises, enclos
de monastères ou de cathédrales. Le passage n’avait pas
besoin d’être défendu. Il était protégé par son caractère «
sacré ».
Une autre caractéristique de cette tour est l’existence
d’une chapelle dédiée à Saint Michel installée au premier
étage. Ce n’est pas la seule fois que nous rencontrons cette
disposition. Nous l’avons déjà vue à Saint-Pierre de
Bessuejouls, en Aveyron. Nous pensons qu’il doit exister
d’autres tours ayant la même caractéristique et cherchons à
en comprendre le sens.
Nous ne comprenons pas pourquoi le porche abritait un
baptistère, mais il est possible que ce baptistère ait été
installé là après la destruction par les protestants.
Les chapiteaux des images
4, 5, 6, 8 et 9 semblent préromans. Surtout celui
de gauche de l'image 5.
Cependant, il y a là insuffisance de preuve.
En conséquence, la datation envisagée pour cette tour-porche
est l’an 1025 avec un écart de 100 ans.