Les deux églises de Querqueville : Notre-Dame et Saint-Germain
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Nous avons visité pour la première fois le site du cimetière
de Querqueville en novembre 2017. Malheureusement, ces deux
églises étaient fermées. Les
images 1, 2, 3, 4, 5, 13, 14 et 15 ont été prises
lors de cette première visite. Les
images 16, 17 et 18 de l'intérieur de la chapelle
Saint-Germain ont été capturées sur Internet. Le cimetière
de Querqueville a été à nouveau visité en septembre 2021 par
Anne-Marie et Alain Le Stang qui ont effectué les autres
prises de vue de l'actuelle page. Malheureusement, une fois
encore, les deux églises étaient fermées.
L'église
Notre-Dame (texte écrit en février 2018)
Avant même de visiter Cherbourg, nous avions eu connaissance
de l'existence d'une église située dans le cimetière de
Querqueville. Quelle n'a pas été notre surprise d'en
découvrir deux ! Ces églises étant fermées, nous n'avons pas
pu les visiter. L'église Notre-Dame (plan en image
5) n'est pas citée comme étant romane. Et au
premier abord, elle n'apparaît pas romane (image
19). Cependant, les différences de baies, en arcs
en plein cintre pour le chevet, en arcs brisés pour la nef.
font envisager une construction en plusieurs étapes.
Cependant, c'est le clocher qui nous semble le plus digne
d'intérêt (images 4 et 9).
Il semblerait - mais cela reste à vérifier - que les
fenêtres de l'escalier (images 3,
4 et 12) soient monolithes.
La présence de plusieurs églises en un même lieu, dont une
dédiée à Notre-Dame, fait envisager une datation ancienne
pour les édifices primitifs. On sait en effet qu'au cours du
Premier Millénaire, il n'y avait pas une cathédrale, mais un
groupe cathédral formé de plusieurs petites églises.
Réactualisation de ce
texte (en décembre 2021 après la visite
d’Anne-Marie et Alain Le Stang)
La page du site Internet Wikipédia consacrée à Querqueville
nous apprend ceci : « Église
paroissiale Notre-Dame, rue des Vignères, du XVIIIe
siècle. ». Nous avons dit auparavant que le chœur
et la nef ont pu être édifiés à des périodes différentes.
Mais ce n'est pas là le plus important : le clocher massif
semble bien antérieur au XVIIIe siècle.
Revenons à l'allusion au « groupe cathédral ». Ce que nous
appelons « groupe cathédral » est un ensemble de plusieurs
églises à l'intérieur d'un même enclos. Parmi ces églises,
l'une d'entre elles, en général consacrée à la Vierge Marie,
accueillait la cathèdre, ou siège de l'évêque. Une autre
était réservée au baptême. Et il pouvait y en avoir d'autres
dédiées à des saints locaux. On pourrait penser que
Querqueville était une trop petite ville pour accueillir un
évêque. Mais les communautés chrétiennes primitives
occupaient un territoire assez restreint. L'évêque (episcopus)
était responsable d'une paroisse analogue à nos cantons.
Ultérieurement, l'évêque est devenu responsable d'un
territoire plus important de la taille de nos départements.
Et l'ensemble des édifices qui occupaient l'enclos cathédral
a été ramené à un seul édifice : la cathédrale.
Nous nous aventurons peut-être un peu, mais il est possible
qu'il y ait eu, au cimetière de Querqueville, durant le
premier millénaire, un groupe cathédral.
N'ayant pu visiter l’intérieur de l'église Notre-Dame et
surtout, celui du clocher, nous ne pouvons avancer de
datation pour cette église et son clocher.
La chapelle Saint-Germain (texte écrit en février
2018)
S'il y avait en cet emplacement un « groupe cathédral »
formé de plusieurs églises, l'église Saint-Germain devait
être l'une d'entre elles. Il s'agit en effet d'une église
datant probablement du premier millénaire. La page Internet
du site Wikipedia traitant de cette église nous apprend
qu'elle est dédiée à Saint-Germain le Scott et qu'elle
daterait du Xeet du XIesiècle.
Cette église est à plan tréflé. En Arménie, on donne un
autre nom à ce type d'église : triconque. Nous estimons par
comparaison avec les églises d'Arménie que ce type d'église
à plan centré en forme de croix date des environs de l'an
800. Datation estimée
: an 800 avec un écart de 150 ans.
Réactualisation
de ce texte (en décembre 2021 après la visite
d’Anne-Marie et Alain Le Stang)
Poursuivons la lecture de la page du site Internet Wikipedia
consacrée à Querqueville en commençant par la toponymie : «
Le nom de la localité est attesté sous les formes
Kerkevilla et de Kirchevilla au XIIe siècle.
[...] Ce
toponyme est issu du norrois kirkja, “église”,
et du terme ville adopté
par les Normands, qui signifie dans son ancienne acception
“domaine agricole”. Querqueville est donc, à l'instar de
Cricqueville et Criquetot, littéralement, “le
domaine de l'église”
(cf. aussi Criquebeuf et Carquebut “la
maison de l'église”).
»
Nous avons essayé de localiser toutes ces agglomérations :
Querqueville, Criqueville-en-Bessin, Criquetot-l'Esneval,
Criquetot-sur-Longueville, Criquetot-le-Mauconduit,
Criquebeuf-en-Caux, Carquebut sont à proximité de la côte
Normande. Criquebeuf-sur-Seine est sur une voie navigable,
la Seine. Seuls Criquebeuf-la-Campagne et
Criquetot-sur-Ouville semblent relativement éloignés du
littoral. Ce n'est peut-être pas le fait du hasard. On sait
que les vikings étaient de grands navigateurs. Et il n'y a,
en Normandie, que peu de restes d'une présence viking. Il
est donc possible que la toponymie issue du norrois kirkja
témoigne d'une présence permanente de vikings en ces
localités. Les églises de Querqueville seraient-elles issues
d'églises normandes ? (en donnant au mot « normand » sa
signification primitive : homme issu du Nord de l'Europe).
La page du site Internet Wikipedia continue avec la
description de l'église Saint-Germain : « Chapelle
Saint Germain, rue des Vignères, consacrée à Germain à la
rouelle, rare sanctuaire mérovingien ou carolingien à
avoir échappé à la destruction par les Vikings. »,
puis sur le site de cette chapelle : « La
chapelle des Xe et XIe siècles est
dédiée à Saint Germain le Scott. [...]
L'originalité
de la chapelle préromane réside en son plan tréflé, assez
rare, qui date des environs de l'an mil. La courte nef
rectangulaire est adjointe à l'est de trois absides égales
semi-circulaires, voûtées, dont deux forment les bras du
transept et celle du milieu le chevet. Son décor est
limité à quelques fresques mal conservées et ses murs sont
bâtis en petites plaquettes de schiste en arête-de-poisson
(image 23). Une
tour-clocher a été ajoutée au XVIIe ou au XVIIIe
siècle, rompant quelque peu l'harmonie de l'édifice.
»
Cette chapelle est dédiée à Saint
Germain-le-Scott. La vie de ce saint - ce n'est pas Saint
Germain d'Auxerre - est abondamment décrite dans la page qui
lui est consacrée sur Wikipédia. Nous avouons cependant
notre scepticisme sur la réalité de cette vie ou du moins
sur certains épisodes plus ou moins légendaires de cette
vie. Selon les hagiographies, il aurait vécu au IVe
siècle. Les plus anciennes des hagiographies doivent dater
du VIIe ou VIIIe siècle. Or nous
estimons qu'il faut moins de deux siècles pour qu'une
histoire authentique racontée de bouche à oreille soit
transformée en légende. En conséquence, si une hagiographie
rapporte les faits de vie d'un saint antérieurs de plus de 4
siècles, il y a peu de chance de l'authenticité de ces faits
(par contre l'hagiographie peut être révélatrice de quelque
chose de différent). Concernant la vie de Saint Germain le
Scott, on apprend qu'il a débarqué en Normandie sur un
bateau en forme de roue. On apprend aussi qu'il a réussi à
enfermer dans une caverne un dragon à 7 têtes. La roue et le
dragon à 7 têtes sont bien présents sur des images récentes
de ce saint. Ils devraient normalement l'être sur les images
anciennes. Or on ne voit rien de tel sur les chapiteaux
historiés préromans ou romans : pas de personnage faisant du
surf sur un disque, beaucoup de dragons ou chimères de
toutes sortes mais pas un à sept têtes. La légende du dragon
à sept têtes pourrait avoir été inspirée par le combat entre
Hercule et l'hydre de Lerne.
Datation envisagée pour la chapelle Saint-Germain de
Querqueville
Après un réexamen de l'intérieur (images
16 et 17), nous constatons que les piliers porteurs
du clocher sont à section rectangulaire avec, en leur
sommet, des impostes à chanfrein vers l'intrados. Nous
proposons une datation plus tardive que précédemment : an
900 avec un écart de 150 ans.