Musée archéologique d’Oviedo 

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Le musée archéologique d’Oviedo est situé dans l’enclos de la cathédrale, près de la Cámara Santa. Il est d’un grand intérêt pour la sculpture préromane asturienne. Et, qui plus est, sa visite est gratuite !


Image 1 : Maquette de la Hiérapolis d’Oviedo. Le mot « Hiérapolis » signifie « Ville Sainte ». C’est l’ensemble de monuments, églises, chapelles, palais, qui se trouvaient dans l’espace sacré de la cathédrale d’Oviedo. Elle a sûrement été retrouvée à la suite de fouilles. Sont visibles 3 grandes basiliques et, au centre, en avant d’un bâtiment doté de tours, une chapelle qui pourrait être la Cámara Santa. De tout cet ensemble de bâtiments ne subsisterait que la Cámara Santa et, peut-être, la tour. Cet ensemble n’est pas aussi exceptionnel qu’on pourrait le croire. En fait, durant le premier millénaire, les ensembles épiscopaux des métropoles étaient constitués de plusieurs églises et non d'une seule. Ce n’est que plus tard, après l’an 1000, qu’ont été construites de très grandes églises, les cathédrales. A l’intérieur de celles-ci, des chapelles rappelaient le souvenir des anciennes églises détruites par la construction de la cathédrale.

Images 2 et 3 : Plaque sculptée qui pourrait être un chancel. Il nous est difficile de l’évaluer et de la dater. Est-elle même d’inspiration chrétienne ? La présence de palmiers fait envisager une origine orientale. Peut-être un culte à Mithra ?

Image 4 : Deux chapiteaux. Bien que daté du XIIesiècle, celui du centre semble nettement plus ancien. C’est un chapiteau à entrelacs de conception relativement ancienne. Nous le datons (sans certitude) du Xe, voire du XIe siècle.

Image 6 : Cette plaque sculptée semble être à destination funéraire, analogue à celles vues en Aragon à San Juan de la Peña. La croix ici représentée porte les lettres grecques suspendues « alpha » et « oméga ». Les objets portant des lettres suspendues sont caractéristiques de l’Espagne wisigothique (Trésor de Guarrazar). La plaque pourrait donc dater du premier millénaire. La Croix rappelle la « Croix des Anges » de la Cámara Santa, qui est datée des débuts du Xesiècle.


Images 7, 8, 9, 10 : Les colonnes montrées ici ont sans doute été récupérées de monuments romains. Cependant, les entailles donnant une forme de vis sans fin (images 9 et 10) ont probablement été faites plus tard. Les chapiteaux sont en général taillés sur trois faces et décorés de feuilles d’eau dressées. Ils sont à comparer, non seulement avec les chapiteaux de la cathédrale (page précédente), mais aussi avec les chapiteaux de certaines églises de Bretagne. Nous attendons de disposer de suffisamment d’images pour effectuer une telle comparaison. Peut-être existe-t-il un lien « celtique » entre ces deux régions d’Europe, les Asturies et la Bretagne ? Mais il est beaucoup trop tôt pour l’affirmer.


Les images 12 à 18 représentent des bases de colonnes. Ces bases sont sculptées de diverses scènes. Il faut savoir que les bases sculptées sont très rares dans l’art roman. Lorsqu’on analyse une église romane, on regarde le dessus des colonnes pour voir s’il y a des chapiteaux sculptés. Jamais le dessous.

Les seules bases sculptées que nous avons observées en France se trouvent à Loctudy, en Bretagne. Mais nous avons dit que Loctudy n’était pas romane mais préromane. Celles-ci seraient aussi préromanes (IXesiècle ?). Certaines proviennent de l’église San Miguel de Lillo sur le mont Naranco, à 4km d’Oviedo.

L’interprétation des scènes est difficile : ainsi celle de l'image 13 pourrait représenter l’Annonciation.

Revenons à l'image 12 pour remarquer que les personnages sont insérés dans des arcades. Les arcs sont en plein cintre non outrepassé. Les piliers qui portent ces arcs sont rectangulaires et massifs. Outre les arcs, ces piliers semblent porter un arc transverse terminé par un antéfixe en forme de tête humaine. Cet arc transverse participe au soutien d’un toit.

On retrouve la même forme dans l'image 15 sur la partie droite de la base. Sur la partie droite est représenté un pilier décoré de stries verticales analogues à celles vues sur l’église San Miguel de Lillo.

Et encore les mêmes arcades sur les images 16, 17 et 18. La tête humaine placée au dessus d’un pilier entre deux arcs fait immédiatement penser aux disques placés entre deux arcs que l’on peut voir à Santa Maria de Naranco.



Les pierres sculptées des images 20 et 21 auraient pu servir à supporter des claustras. Sur l'image 20 un cavalier, à droite, attaque à la lance un couple d’animaux. Un lion et une lionne ? Au centre la lionne allaite deux petits lionceaux disposés de part et d’autre d’un arbre de vie. On retrouve le même cavalier sur l'image 21.

La scène de l'image 20 est énigmatique. Peut être s’agit-il d’une scène de persécution de chrétiens ? Le groupe de lions représenterait une famille persécutée pour sa foi.

Toujours sur l'image 20 et en arrière plan, une colonnette porte des représentations humaines stylisées. Ces figures hiératiques font penser à des miniatures irlandaises comme le livre de Durrow.

La claustra de l'image 23 présente une baie géminée contenant deux croix. Les arcs sont nettement outrepassés. L’outrepassement est le résultat de la saillie des chapiteaux.



Datation

Nous pensons que tous ces objets sont antérieurs à l’an 1000. Cependant nous hésitons à avancer une datation pour chacun d’entre eux. Nous attendons pour cela d’avoir réalisé une étude comparative plus poussée.