L'église Sint-Janskerk d'Utrecht (Province d’Utrecht/Pays-Bas)
Nous n'avons pas visité cette église.
Les images de la présente page ont été recueillies sur
Internet.
Selon Madame Ava van Deijk, auteure du livre Pays-Bas
romans de la Collection Zodiaque
:
« Au
Nord de la cathédrale, l'évêque Bernold fonda dans le
deuxième quart du XIe siècle la collégiale
Saint-Jean-Baptiste. Comme l’église Saint-Pierre, elle fut
bâtie d'un seul jet. [...] Le
plan de Saint-Jean, qui contrairement à Saint-Pierre, se
dresse sur une place où elle est dégagée de tous côtés,
présente les mêmes caractéristiques que celle-ci,
construite un peu plus tôt. Ici également, il s'agit d'une
basilique à transepts et à colonnes avec un chœur
tripartite, sur plan semi-circulaire à l'intérieur, et
polygonal à l'extérieur. [...] La
différence de dimension entre les deux églises est
frappante : Saint-Jean est plus petite que Saint-Pierre.
Les différences de proportion s'exprimaient surtout en ce
que les colonnes de Saint-Jean étaient moins hautes et
plus sveltes. À l'heure actuelle, cette différence est
beaucoup moins perceptible, parce que ces colonnes ont été
emmurées et transformées en piliers. [...]
Pour
découvrir des ressemblances avec Saint-Pierre, il faut
surtout se concentrer sur la nef et le transept. Il a
fallu attendre le siècle actuel pour pouvoir reconstituer
l'histoire de la construction de l'église romane de
Saint-Jean, grâce aux fouilles effectuées, lors de sa
restauration, dans ce monument et ses environs immédiats.
Ce sont surtout les sondages effectués dans la nef qui ont
donné des résultats importants. Pendant très longtemps, en
effet, on s'était demandé si l'église avait été construite
sur le modèle d'une basilique à piliers ou sur celui d'une
basilique à colonnes comme Saint-Pierre. C'est la raison
pour laquelle on décida, pendant la restauration des
années 70, d'examiner les piliers conservés (un certain
nombre d'entre eux avaient déjà été démolis au XVIIe
siècle) et on découvrit qu'il s'agissait bien d'une
basilique à colonnes. Il apparut que celles-ci étaient
d'une seule pièce, mais de proportions moins trapues que
celles de Saint-Pierre. On comprit également pour quelles
raisons ces colonnes de grès rouge avaient été englobées
dans les maçonneries : des fentes et des décolorations
indiquaient qu'elles avaient été détériorées par un
incendie au point de ne plus pouvoir remplir leur rôle de
support. Les bases et les chapiteaux en avaient été en
partie retaillés, sans doute dans le but de réduire
l'épaisseur des piles maçonnées. On suppose que ces
transformations eurent lieu en 1148, lorsque l'église fut
la proie d'un violent incendie. »
Les images 1, 2, 3 et 4
de l'extérieur nous montrent une église fortement restaurée
avec une façade Ouest moderne (image
1), un chevet gothique (image
4), une nef en partie romane (images
2 et 3), un transept roman à la base, gothique dans
la partie supérieure (image
3). En ce qui concerne la nef, la seule partie qui
semble d'époque est une travée située en arrière de l'arbre
(image 3).
Le plan de l'image 5 donne
une idée de ce que devait être l'église primitive. Ou plutôt
une église
primitive car nous ne sommes pas certains que ce plan soit
révélateur de la totalité des transformations. Nous voyons
donc dans ce plan une nef de trois vaisseaux séparés par
deux rangs de piliers. Cette nef est prolongée vers l'Est
par un transept puis, en gros traits noirs, une abside
semi-circulaire où apparaissent les piliers de la crypte.
Cette abside est entourée par un avant-chœur, deux
absidioles et une grande abside, datant de la période
gothique.
Revenons à présent à l'abside aux traits noirs. Cette abside
est encadrée par deux petites absidioles tracées en
pointillés. L'abside et les absidioles sont situées dans le
prolongement des trois vaisseaux de la nef. Nous avons eu
l'occasion de décrire auparavant le déroulé suivant des
constructions. La première église est construite à partir du
plan d'une nef à trois vaisseaux avec trois absides en
prolongement. Par la suite, on décide de construire un
transept en remplacement de 2 travées (ou plus) de nef. Plus
tard encore, et, dans le cas présent, on supprime le chevet
roman et on agrandit le sanctuaire en installant un chœur
gothique.
Cette succession d'opérations est plausible. Une autre est
cependant envisageable. Elle tiendrait compte de
l'ancienneté supposée de cette église. Car les premières
églises n'avaient pas, selon nous, trois absides prolongeant
les vaisseaux de nef, mais une seule prolongeant le vaisseau
central. Nous ne pouvons cependant pas le prouver : si une
telle abside existe, elle doit être située sous le transept.
Datation
Nous apprenons, grâce au texte de Madame Ava van Deijk, que
les murs de la nef de l'église primitive étaient portés par
des colonnes cylindriques monolithes en grès. Nous apprenons
par la même occasion que certaines de ces colonnes ont été
remplacées au XVIIe siècle et que d'autres ont
été recouvertes et transformées en piliers quadrangulaires
au cours de la même période.
Ces informations permettent d'améliorer nos connaissances
dans deux directions. Dans un cas général, lorsque nous
pénétrons dans une église classique (XVIIe
siècle) ou baroque (XVIIIe siècle), à nef triple
portée par des colonnes ou piliers, il y a de fortes chances
que cette église soit plus ancienne que le XVIIe
ou XVIIIe siècle, mais restaurée durant cette
période. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, une
église analogue à celle des
images 6, 7 et 8 ne représente pas obligatoirement
l'église primitive, mais plus probablement, un modèle
fortement restauré de cette église primitive : au cours du
temps, des piliers ont été remplacés ou englobés de
maçonneries, des murs ont été refaits ou déplacés. La
restauration, au XVIIe ou XVIIIe
siècle, s'est efforcée de reconstituer l'idéal primitif – un
idéal qui sous forme architecturale s'exprimait en termes de
régularité, symétrie, lumière – sans un respect absolu des
formes primitives tout en les utilisant dans les structures.
C'est le cas ici (deuxième direction). Les structures
anciennes (colonnes cylindriques), lorsqu'elles existaient,
ont été englobées dans des piliers rectangulaires. Mais
l'ensemble (images 6, 7 et
8) se révèle ordonné et harmonieux. Et nous pouvons
nous imaginer ce que devait être la basilique primitive :
nef à piliers cylindriques monolithes, arcs simples reliant
les piliers, arcs de petit diamètre. Ce type de nef serait
selon nous très proche de celui des basiliques
paléochrétiennes : nefs à colonnes monolithes, piliers
rapprochés, murs latéraux portés par des architraves en bois
ou des arcs de faible diamètre, et … une seule abside.
Datation envisagée
pour la nef de l'église Sint-Janskerk d'Utrecht : an 550
avec un écart de 200 ans.