La basilique Plechelmusbasiliek d'Oldenzaal (Overijssel/Pays-Bas) 

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Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous sont extraites d'Internet.

Selon Madame Ava van Deijk, auteure du livre Pays-Bas romans de la Collection Zodiaque  :

« Grâce à la prédication des apôtres anglo-saxons Marcellin (Machelm) et Lebuin, au VIIIe siècle, commença la christianisation du Twente, la région où se situe la ville d'Oldenzaal. Selon la tradition, ce fut Marcellin qui fonda une petite église de bois, consacrée à Saint Sylvestre, sur la pente Sud-Ouest de la Tankenberg, à l'endroit où se trouve aujourd'hui la cité. Cette église ne doit pas avoir survécu aux incursions des Normands, fréquentes au IXe siècle, qui firent fuir à Deventer les évêques d'Utrecht. Baldéric de Clèves (918-977) prit l'initiative de construire une nouvelle église dont le patron serait saint Plechelmus. Il organisa le transfert d'Utrecht à Oldenzaal des reliques du saint écossais, dont les ossements avaient été transportés deux siècles plus tôt de Pietersberg (plus tard Sint-Odiliënberg) – près de Roermond – à Utrecht. Des sources écrites mentionnent la consécration par Baldéric, en 954, de l'église à laquelle était rattaché un chapitre. […]

La construction des parties les plus anciennes de l'église actuelle remonte au XIIe siècle et l'édifice a sans doute été achevé vers 1200. Sa construction a probablement eu lieu pendant l'épiscopat de l'évêque Baudoin (1180-1186). […]

À l'origine, l'église présentait l'aspect d'une basilique à piliers de style roman tardif. […] La basilique est construite selon le principe qui fait correspondre deux travées des collatéraux à chaque travée de la nef principale ; des piliers trapus alternant avec d'autres plus sveltes séparaient primitivement les trois vaisseaux. Aujourd’hui, les piliers sveltes du côté Sud ont disparu. Des voûtes d'arêtes dépourvues de nervures couvrent la nef principale ainsi que le collatéral Nord (des voûtes en étoile), le collatéral Sud. […] »


Commentaire du texte ci-dessus

Nous avons dit dans la page précédente ce que nous pensions des incursions par les Normands, à savoir que ces incursions n'étaient pas forcément destructrices d'églises. Cependant, dans le cas présent, si l'indication selon laquelle l'église construite par Marcellin était en bois est exacte, l'hypothèse d'une destruction complète est plausible : de nombreuses églises en bois ont été détruites par des incendies volontaires ou involontaires.

On découvre l'importance des évêques issus des îles britanniques. Mais ce n'est pas la première fois. On avait décelé cette importance dans les pages précédentes consacrées au Bénélux ou à la Bretagne (France). Nous en sommes cependant surpris. Car cette importance n'apparaît pas en architecture ou dans les œuvres artistiques (sculptures, enluminures, etc.). Ainsi, on ne voit pas de croix celtique ou de stèle gravée pourtant fréquentes en Irlande, en Écosse, ou en Northumbrie ; pas non plus de manuscrit enluminé comme ceux de Kells, Durrow ou Lindisfarne, le manuscrit de Landévennec (Bretagne) étant l'exception qui confirme la règle. À l'inverse, on constate que des modèles continentaux se sont imposés dans les îles britanniques parfois à la demande des évêques autochtones. Il y a donc, semble-il , contradiction entre deux directions différentes : l'évangélisation du continent par des moines insulaires vers le VIIIe siècle, influences artistiques sur les îles par le continent vers le XIe siècle. Cette contradiction pose question. Serait-il possible que l'action des missionnaires des îles britanniques ait été grossièrement exagérée ? Et ce pour quelles raisons ? Ou bien serait-il possible que des œuvres artistiques inspirées de modèles irlandais ou anglais aient toutes disparu ? Et ce, pour quelles raisons ?


Essai de datation du vaisseau central et du collatéral Nord

Selon l'auteure : « La construction des parties les plus anciennes de l'église actuelle remonte au XIIe siècle et l'édifice a sans doute été achevé vers 1200. ». Nous sommes habitués à ce type d'évaluation : pour la quasi totalité des historiens de l'art, tout monument doté d'arcs en plein cintre date du XIIe siècle. Mais ici, c'est encore plus fort car ce monument aurait été achevé en l'an 1200. Schématisons : roman, c'est le XIIe siècle, gothique, c'est le XIIIe siècle ; et donc l'an 1200 marquerait la transition entre le roman et le gothique. Qu'est-ce qui permet de penser que cette nef marque la transition entre le roman et le gothique (images 9 et 11) ? La réponse est simple : les parties inférieures sont typiquement romanes ; les parties supérieures (voûtes) sont typiquement gothiques. Nous pensons que les archéologues qui ont analysé la question n'ont pas envisagé une éventualité : cette construction aurait pu être effectuée en deux temps : d'abord la partie romane, la nef étant charpentée, puis ultérieurement, le voûtement de cette nef. Avec une interrogation supplémentaire : qu'en est -il du collatéral Nord ? Car il pourrait y avoir trois temps : construction d'une nef romane, avec vaisseau central et collatéral Nord charpentés, puis voûtement du collatéral Nord, et enfin, voûtement du vaisseau central. Nous pensons que c'est une de ces deux dernières solutions qui se serait produite. ll faudrait pour cela étudier de plus près les piliers de la nef, afin de voir si, après la construction de la nef, des pilastres ont été accolés aux piliers dans le but de porter des arcs doubleaux, qui à leur tour devaient servir à supporter la voûte.

Compte tenu de l'hypothèse d'une nef primitive entièrement charpentée à piliers à impostes de type R0000 et arcs à simple rouleau, nous pouvons envisager la datation suivante pour la basilique Plechelmusbasiliek d'Oldenzaal : an 800 avec un écart de 150 ans.