La collégiale Saint-Feuillen de Fosses-la-Ville 

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Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous proviennent d'Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Historique : L’origine de la collégiale remonte à la fondation d’un monastère par le moine irlandais Feuillen de Fosses, venu évangéliser la région de l'Entre-Sambre-et- Meuse. En 651, un monastère est fondé sur des terres situées au bord de la Bebrona (la Blesme, affluent de la Sambre) données par la famille de Pépin de Landen. Comme pour la plupart des autres monastères de l’époque mérovingienne, son rôle principal est d’héberger les moines itinérants chargés d’évangéliser les régions d'alentour.

Assassiné par des brigands en 655 près du Rœulx, Feuillen de Fosses est enterré au monastère de Fosses, suivant son explicite volonté. Un culte se développe autour de son tombeau, lequel continue même après le départ des moines qui cèdent monastère et dépendances à l'évêque de Liège vers 900. L’évêque installe en 910 à Fosses un chapitre de chanoines, qui en compte alors 30, chargé d’y maintenir la tradition du chant choral.

En parallèle à la prospérité grandissante de la ville, une nouvelle église beaucoup plus grande est édifiée vers 1090, remplaçant l’ancienne église carolingienne. Dans ses grandes lignes, c’est la collégiale telle qu'elle existe au XXIe siècle, avec sa tour romane massive et sa crypte extérieure datant de 1086. Auprès de la collégiale sont construites les maisons canoniales.
»


Selon Xavier Barral i Altet, auteur du livre Belgique romane de la Collection Zodiaque :

« Les origines du monastère sont associées à l’œuvre du moine irlandais Feuillen. Sous l'impulsion d'Itte de Nivelles, il fonda le monastère dans lequel il fut enseveli après sa mort, dès 656. Le plan de cette première construction est inconnu, mais on sait maintenant que la fondation initiale correspond bien au site de l'actuelle église Saint-Feuillen. L'église était alors dédiée à Saint-Pierre. Pendant la période carolingienne, une église fut construite, partiellement révélée par les fouilles de 1951-1952. Cet édifice fut remplacé par un autre à la fin du Xe siècle, alors que l'église était déjà dédiée à Saint Feuillen et que l'abbaye avait été transformée en chapitre de chanoines. L'importance de ce dernier et de la ville est alors si grande qu'elle exige la construction d'un édifice de grandes dimensions, le deuxième attesté par l'archéologie, vraisemblablement élevé sous l'épiscopat de Notger de Liège, dans le dernier quart du Xe siècle. Il pourrait s'agir d'un vaste monument à trois nefs et transept doté d'absidioles orientées, greffées sur les croisillons et d'une abside principale de forme rectangulaire, plus large que profonde, couronnée à l'Est par un hémicycle.

En 1086, un événement important relança le culte de saint Feuillen : on procéda à l'ostension de ses reliques qui s'ensuivit de miracles, de l'établissement d'une fête annuelle puis, par voie de conséquence, du développement du pèlerinage. L'église, devenue trop petite, bénéficia de deux agrandissements notables, à l'Est et à l'Ouest.
[…]

À l'Est, au delà d'un transept bas, l'abside centrale a été enveloppée par une crypte extérieure. Celle-ci, encore en partie conservée, était munie de deux couloirs latéraux qui prenaient naissance dans les croisillons. Au delà de l'abside, la crypte n'était profonde que de deux travées et possédait trois absidioles dont la centrale a été remplacée au XVIIe siècle par une grande chapelle.

Ainsi l'abside proprement dite était fortement surélevée. La travée occidentale de la crypte permettait de passer sous ce sanctuaire surélevé et donc sous l'autel des reliques. À Fosses plus encore qu'ailleurs, on peut comprendre l'utilité et le rôle des cryptes extérieures qui permettaient d'établir une circulation et d'amplifier le chevet tout en l'enveloppant.
»


Commentaires sur ces textes

Des deux textes, le deuxième donne le plus grand nombre de détails. On souhaiterait cependant plus de précisions. En effet, ce texte parle de quatre églises successives. D'abord celle qui devait exister aux alentours de l'an 656, soit créée par Saint Feuillen, soit construite peu de temps après sa mort. Il y a ensuite l'église dite
« carolingienne » qui, d'après l’étymologie même du mot, aurait été construite à partir des débuts du IXe siècle, soit 150 ans après la précédente. Selon l'auteur, « Cet édifice fut remplacé par un autre à la fin du Xe siècle » : ce serait donc le 3e édifice « élevé sous l'épiscopat de Notger de Liège, dans le dernier quart du Xe siècle ». Enfin une quatrième étape de travaux révélée par la phrase : « En 1086, ... L'église, devenue trop petite, bénéficia de deux agrandissements notables, à l'Est et à l'Ouest. […]  ».

Le site Internet Wikipédia et l'article de Xavier Barral i Altet sont peu prolixes en ce qui concerne les transformations ultérieures. Le second indique seulement ceci :
« Malgré les reconstructions postérieures, aux XVIIe et XVIIIe siècles, on peut encore avoir une idée précise de ces deux parties (ouvrages Est et Ouest) de l'église de Fosses, notamment grâce aux restaurations entreprises en 1900 et 1934 et aux fouilles de 1951-1952, puis aux sondages entrepris en 1971. ». Les images 1 (de l'extérieur de la nef) et 6 (de l'intérieur de la nef) permettent d'avoir une idée de ces reconstructions effectuées aux XVIIe et XVIIIe siècles. L'église apparaît entièrement baroque. Le plan de l'image 4 est ainsi légendé : « plan restitué de l'église du XIe siècle (d'après S.Brigode, J. Mertens et A. Mierkens) ».


Le plan de l'image 4

La lecture de ce plan n'est pas du tout évidente. Rappelons d'abord que ce plan est un plan de restitution : il peut être entaché d'erreurs. De plus, tous les traits sont noirs ce qui pourrait signifier que tous les pans de murs sont contemporains, du XIe siècle. Nous avons du mal à le croire, car cela signifierait un plan d 'église tout à fait inusité. Nous distinguons dans cet édifice 5 parties, ainsi décrites de gauche à droite :

– Partie 1 : Ouvrage-Ouest (image 3) . Il s'agit d'un clocher-porche comme il y en a beaucoup en Belgique et ailleurs en Europe. Il nous est très difficile de le dater : XIIIe siècle ?

– Partie 2 : La nef telle qu'elle était à l'origine. Elle a probablement été révélée par les fouilles car on ne l'identifie pas sur l'image 6. Il s'agit d'une nef à trois vaisseaux charpentés. Le vaisseau central est porté par des piliers de type R0000. Cette forme de nef serait antérieure à l'an mille.

– Partie 3 : Le transept qui serait un transept bas et débordant.

– Partie 4 : c'est une partie de forme rectangulaire jouxtant avec le transept. Ce serait l'abside principale mentionnée par Xavier Barral i Altet. Cette abside devait être encadrée par deux absidioles semi-circulaires non dessinées sur ce plan.

– Partie 5. Cette partie serait située en contrebas. Ce serait la crypte (image 5), une crypte dite extérieure, car elle est de l'autre côté de l'abside principale. Elle est formée de deux travées et terminée par trois absidioles semi-circulaires.

Les explications de Xavier Barral i Altet semblent confuses et peu crédibles. Elles partent de l'idée que les parties 1 et 5 ont été ajoutées à la construction initiale. C'est probablement vrai pour la partie 1 (Ouvrage Ouest). Nous pensons que ce l'est moins pour la partie 5. Notre hypothèse est la suivante : supprimons par la pensée les parties 3 et 4, et, éventuellement la partie 1. Il reste les parties 2 et 5 séparées par un grand vide. Si on prolonge par continuité les murs latéraux Nord et Sud de ces parties 2 et 5 ainsi que l'alignement des piliers, on obtient le plan type d'une basilique à nef triple sans transept.

En conséquence, nous envisageons la situation suivante. À l'origine, une grande église à plan basilical est construite. C'est celle imaginée ci-dessus : les parties 2 et 5 avec le prolongement par continuité. Puis, ultérieurement, on décide de construire le transept (partie 3) et un nouveau chevet (partie 4). Ces parties sont construites, non en ajout avec la nef antérieure, mais à l'intérieur de celle-ci et en conservant côté Est une partie de l'ancienne nef ainsi que son chœur. Celui-ci servira par la suite de crypte et les trois absides de l'ancien chœur abriteront les autels secondaires du nouveau dispositif.

On aurait donc une situation analogue à celle de l'abbatiale de Stavelot, étudiée dans une des pages précédentes.


Datation envisagée

Pour la nef d'origine de la collégiale Saint-Feuillen de Fosses-la-Ville : an 800 avec un écart de 200 ans.

Pour le transept et le chevet de la collégiale Saint-Feuillen de Fosses-la-Ville : an 1050 avec un écart de 100 ans.