L'église Saint-Martin de Tohogne
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Nous n'avons pas visité cette église, c'est pourquoi les
images ci-dessous sont extraites d'Internet.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« Historique : L'église
de Tohogne fut construite sur un site gallo-romain et
franc, dans un quadrillé remarquable, au centre de
l'agglomération. À cette époque, Ocquier, Tohogne et
Xhignesse restèrent, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime,
tributaires directs de l'abbaye et principauté de
Stavelot, Tohogne étant perdue très tôt par l'abbaye quant
au droit de collation (La “collation" est l'action
par laquelle une autorité confère à une personne un diplôme,
un titre, une décoration ou un pouvoir). La
région Durbuy-Tohogne, autrefois terre “fiscale” des
Carolingiens, faisait partie au IXe siècle d'un
“alleu” (Terre libre ne relevant d'aucun seigneur
et exempte de tout devoir féodal) appartenant
à la Maison d'Ardenne-Verdun et passa à la Maison de
Namur.
La
plus importante fille aînée de Tohogne est certainement
Wéris. La séparation remonterait au VIIIe
siècle. À elles deux, Tohogne et Wéris ont couvert tout un
temps à peu près l'espace-noyau du futur comté de Durbuy.
[...]
Description :
Extérieur :
L'église Saint-Martin est orientée vers l'est et possède
toutes les caractéristiques du style roman-mosan primitif
de la première moitié du XIe siècle. Sévère jeu
des lignes et des volumes selon les traditions
carolingiennes, pas de transept, trois nefs, moellonnage
grossier, “opus incertum” dit Courtens (« La Belgique
romane ») avec mortier très varié, parfois brique pilée
rose et dure, traces d'anciens crépis et de joints en
pré-roman.
Les
toitures ne sont pas primitives. Le haut toit était
primitivement plat. Apparaissent les bouts de grosses
poutres qui supportaient le plafond de chêne. Les murs
gouttereaux furent surhaussés de 60 à 70 cm. Les fenêtres
hautes ont encore leur cintre rudimentaire sans vrai
claveau.
À
l'étage inférieur, les murs visiblement bombés, appuyés
sur un chaînage pas très rectiligne, sont d'un appareil
grossier sans horizontale. Les fenêtres actuelles sont des
XVIIe et XVIIIe siècles sauf celle
du côté nord, une grande fenêtre flamboyante (XVe
siècle) près de l'ancienne chapelle Saint-Pierre. On peut
apercevoir quelques traces des anciennes ouvertures, assez
hautes et petites, qui n'étaient pas dans l'axe des
travées intérieures. On peut découvrir aussi, au côté sud,
le remplage de l'ancienne porte dite “in paradisum” ; même
chose côté nord plus près de la tour. Ce sont sans doute
les portes primitives.
Intérieur : La nef
est constituée de cinq travées sur gros piliers carrés,
massifs et sans base. Deux ont été remplacés en
sous-œuvre, au XVIIe siècle, par des colonnes
rondes, sans doute pour faciliter la vue du chœur. Les
absidioles des deux petites nefs sont semi-circulaires,
empâtées et couvertes d'une voûte en cul-de-four. À
l'entrée du chœur, on a taillé dans le bas des montants
(anciennes bases de l'arc triomphal), pour assurer plus de
visibilité vers l'autel ; on y a placé deux colonnettes
(de remploi) dont l'une est du roman rhénan cubique. Celle
de gauche, simple dé (dorique ?). Il y a une nette coupure
entre les nefs où règne le plein-cintre et le chœur qui
apparaît dans son style du XVIIe siècle, avec
ses deux grandes fenêtres rectangulaires et son retable
monumental baroque. [...] »
Commentaire de ce texte
Il faut reconnaître qu'il est très documenté et qu'il
fournit des informations intéressantes telles que : « Sévère
jeu des lignes et des volumes selon les traditions
carolingiennes, pas de transept, trois nefs,...».
Nous retenons plus particulièrement celle-ci : « La nef est constituée
de cinq travées sur gros piliers carrés, massifs et sans
base. Deux ont été remplacés en sous-œuvre, au XVIIe
siècle, par des colonnes rondes, sans doute pour faciliter
la vue du chœur. » ? Nous avons auparavant eu
connaissance d'une situation analogue ; des piliers à
section rectangulaire ont été remplacés en sous-œuvre, au
XVIe ou XVIIe siècle, par des colonnes
cylindriques. Ces informations confirment une hypothèse que
nous avions émise auparavant. Il semblerait que dans les
premières basiliques chrétiennes, le vaisseau central d'une
nef triple était porté par des colonnes cylindriques
monolithes (il a cependant pu y avoir des exceptions). Par
la suite la préférence s'est portée sur les piliers à
section rectangulaire. Comme nous l'avons constaté dans le
chapitre
« Datation
» de ce site, ce type de pilier a évolué, devenant au fur et
à mesure un pilier cruciforme. Ce qui n'a pas été le cas du
pilier cylindrique qui n'a pas subi une évolution identique.
Cependant, on voit réapparaître le pilier cylindrique,
principalement à partir de la Renaissance, mais parfois
auparavant, durant la période romane comme à Saint-Nectaire.
Cette réapparition du pilier cylindrique est-elle dictée par
le souhait de « faciliter la vue du chœur » ? Nous ne
pensons pas que ce soit la raison essentielle. Nous
envisageons plutôt une volonté de retour aux sources.
Comme la grande majorité – pour ne pas dire l'unanimité
moins un – l'auteur ne peut pas imaginer que cette église
puisse être antérieure à l'an mille et il affirme qu'elle
«
possède toutes les caractéristiques du style roman-mosan
primitif de la première moitié du XIe siècle
». Mais aussitôt après, il ajoute : « Sévère
jeu des lignes et des volumes selon les traditions
carolingiennes...
», phrase contradictoire avec la
précédente puis que le style carolingien serait contemporain
de Charlemagne qui a vécu deux siècles auparavant.
Notre analyse
Dans le chapitre « Datation
», nous nous sommes efforcés de décrire l'évolution des nefs
à trois vaisseaux en vue d'une datation. Les éléments
caractéristiques de cet édifice sont les suivants : nef à
trois vaisseaux charpentés, le vaisseau principal est porté
par des piliers de type R0000
; les arcs reliant les piliers sont simples (image
5). Tous ces éléments permettent d'identifier une
nef préromane. À cela il faut ajouter l'absence de transept
(celui-ci est toujours présent dans une nef romane). Il faut
aussi ajouter la présence d'un linteau en bâtière au-dessus
de la porte Sud permettant d'accéder au clocher-porche (image 4). Nous estimons
que les linteaux en bâtière sont aussi préromans. Nous ne
sommes cependant pas certains que celui-ci a été placé là
dès l'origine.
Il existe cependant un élément permettant de rajeunir un peu
cette édifice. Il s'agit des impostes situées au-dessus des
piliers. À la différence des autres impostes dont le
chanfrein est tout autour de l'imposte sur les quatre côtés,
celles-ci ont un chanfrein seulement sur le côté de
l'intrados de l'arc (image
5).
La nef est décorée de fresques (image
6) . Celles-ci semblent dater du XVIe
siècle. . Elles permettent d'imaginer quelle pouvait être
cette nef plusieurs siècles auparavant peu après sa
création.
Datation
envisagée pour l'église Saint-Martin de Tohogne :
an 950 avec un écart de 75 ans.