L'église Sint-Annakerk de Maaseik à Aldeneik 

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Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-après ont pour source Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« L’église Sainte-Anne, également appelée Munsterkerk, est une église en partie romane, en partie gothique, située à Aldeneik, en Belgique, près de Maaseik. Construite à l’origine comme une église de monastère, plus tard une collégiale dédiée à Notre-Dame, l’église a été utilisée à partir du XVIe siècle comme église paroissiale, dédiée à Notre-Dame et Saint-Pierre. Dès le XVIIIe siècle, l’église adopta le patronyme de Sainte Anne, la mère de Marie.

Historique : Selon la tradition, les sœurs Harlindis et Relindis fondèrent le monastère Eike (ou monastère à Aldeneik) vers 730 sur le domaine de leur père Adelard, près de la Meuse et non loin de l'abbaye de Susteren, fondée quelques années plus tôt.

Les Normands ont détruit le monastère des femmes au IXe siècle. L’église a été reconstruite dans le troisième quart du IXe siècle. Afin d’éviter que les biens de l’abbaye ne tombent aux mains des nobles locaux, l’empereur Othon Ier fit don du domaine au prince-évêché de Liège. Le prince-évêque y fonda un chapitre de chanoines séculiers vers le milieu du Xe siècle. L’église romane qui existe encore en partie aujourd’hui a été construite dans la seconde moitié du XIIe siècle comme une église collégiale. À côté se trouvait une église paroissiale plus petite, destinée aux gens du peuple.
[...]

La partie la plus ancienne et en grande partie originale de l’ancienne collégiale est la nef du XIIe siècle. Le chœur gothique polygonal date du XIIIe ou du XIVe siècle. Les bas-côtés ont probablement été reconstruits vers 1850 par l’architecte Maaseiker Adolph Leemans, après avoir été démolis au cours du XVIe ou XVIIe siècle, probablement parce que l’église était devenue trop grande en raison de son changement de fonction. L'ouvrage Ouest et la tour ont également été largement restaurés au XIXe siècle, ce qui rend pratiquement impossible de vérifier à quoi ils ressemblaient auparavant. [...]

La Sint-Annakerk est une église à trois nefs, sans transept, de style maasland-roman, datant en partie de la seconde moitié du XIIe siècle. L'ouvrage Ouest, bien que largement néo-roman, est particulièrement impressionnant, avec une galerie naine et un beau portail d’entrée. Le chœur est construit en marne du Limbourg dans le style gothique de Meuse. Les deux rosaces spéciales de chaque côté du chœur sont spéciales (sic). »


Commentaire de ce texte

On retrouve dans ce texte ce que nous pensons être des poncifs. Ainsi il est dit ceci : « Les Normands ont détruit le monastère des femmes au IXe siècle ». Le manque de précision sur la date introduit déjà un soupçon de doute sur cette information, et ce, en comparaison avec la page précédente sur Stavelot qui signale le pillage de cette abbaye par des normands en 881, puis 883, dates dont la précision témoigne d'un souvenir direct. Mais il y a plus ! Nous avons en effet écrit dans la page précédente sur Stavelot que, très souvent, les historiens du premier millénaire ont déduit automatiquement d'une incursion par des barbares, la totale destruction du bâtiment envahi et sa reconstruction intégrale quelques années plus tard. Comme si, actuellement, on devait reconstruire automatiquement toute maison qui vient d'être cambriolée.

Un autre de ces poncifs maintes fois signalés dans ce site concerne la datation de la construction. Une datation sur laquelle les spécialistes reviennent constamment : le XIIe siècle ! Quelques soient les documents anciens signalant l'existence d'un monument antérieur à l'an mille, ce monument est presque toujours du XIIe siècle, rarement du XIe siècle. Quant au monument qui existait avant l'an mille, il a subitement disparu : on n'en parle plus ! Dans le cas présent, voici ce qui est écrit : « L’église romane qui existe encore en partie aujourd’hui a été construite dans la seconde moitié du XIIe siècle » et « La partie la plus ancienne et en grande partie originale de l’ancienne collégiale est la nef du XIIe siècle ». Cette nef de la seconde moitié du XIIe siècle, on peut la voir sur les images 4, 5 et 6. Puis, après l'avoir bien vue dans tous les détails, la comparer avec le chœur et le transept de la cathédrale de Noyon (sur ce site) datés, selon un panneau explicatif, de la première moitié du XIIe siècle. Laquelle des deux églises apparaît la plus ancienne que l'autre ? Selon l'expression consacrée : «Y'a pas photo !». Sauf qu'en l'occurrence il y a photo !

Cette nef a les caractéristiques suivantes : nef à trois vaisseaux ; le vaisseau central est porté par des piliers de type R0000 par l'intermédiaire d'impostes. Les arcs reliant les piliers sont à simple rouleau. Le vaisseau central est charpenté. Les collatéraux sont voûtés d’arêtes sur doubleau plein cintre. Cependant, le fait que les doubleaux reposent directement sur des impostes, et non des pilastres adossés aux piliers, fait envisager que le voûtement ait été tardif, et qu'à l'origine, les collatéraux étaient charpentés. Selon les critères que nous avons élaborés en vue d'une estimation de datation, cette nef est préromane (datation en fin de page).

Cette église est pourvue d'un ouvrage Ouest important (image 7). À l'intérieur (image 8), une galerie de circulation entoure un carré central sur trois côtés. Le modèle de ce type d'ouvrage Ouest se trouverait en Bourgogne, à Perrecy-les-Forges.

Cette église possède de très beaux fonts baptismaux (image 9). Ils sont ornés de masques à chacun des angles. Nous avons de la difficulté à dater les symboles, nouveaux pour nous. On devine au centre une croix pattée, mais chacune des branches est assimilable à une gerbe. La croix inscrite dans un cercle est encadrée par 4 fleurs de lys. Le motif de la fleur de lys est particulièrement présent durant la période gothique, mais peu ou pas du tout dans la période romane. Nous pensons qu'il pourrait être présent durant la période préromane. Tout cela nous fait hésiter sur la datation de cet objet liturgique.

Revenons sur une phrase apparemment anodine : « Construite à l’origine comme une église de monastère, plus tard une collégiale dédiée à Notre-Dame, l’église a été utilisée à partir du XVIe siècle comme église paroissiale, dédiée à Notre-Dame et Saint-Pierre ». Les changements de dédicace, à Notre-Dame, puis Notre-Dame et Saint-Pierre, puis Sainte-Anne, pourraient signifier qu' à l'origine, cette église était épiscopale, une sorte de cathédrale. Les premiers responsables de paroisse étaient des épiscopes (plus tard des évêques). Ils avaient le droit de baptiser. Leurs églises, dédiées à Notre-Dame (plus exactement Notre-Dame de l'Assomption) étaient indépendantes de l'église de Rome. L'allégeance à l'église de Rome s'est faite plus tard. L'évêque de Rome se déclarant successeur de Saint Pierre, de nombreuses églises (particulièrement en Belgique) pourraient avoir été dédiées à Saint Pierre. Les changements de vocable d'églises pourraient donc traduire les changements de primauté en Église.


Datation envisagée pour l'église Sint-Annakerk de Maaseik à Aldeneik : an 750 avec un écart de 200 ans.