Deux édifices de Liège : les collégiales Saint-Barthélemy et Saint-Jean-l’Évangéliste 

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La collégiale Saint-Barthélemy de Liège

Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous sont extraites d'Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Historique : Alors en dehors de l'enceinte de la cité, fondée en 1010 par Godescalc de Morialmé, grand prévôt de la cathédrale Saint-Lambert de Liège, la collégiale Saint-Barthélemy est bâtie à l'emplacement d'une église dédiée à Saint-Servais où reposaient les corps des saints Garius et Ulbert, et dotée d'un chapitre de douze chanoines. La collégiale est consacrée en 1015 par Baldéric II, successeur de Notger. Après 1025, l'évêque Réginard ajoute huit chanoines à ceux qui existaient déjà. En 1043, l'évêque Wazon en porte le nombre à trente par la fondation de dix nouvelles prébendes. Dans une charte de 1078, Hermengarde, parente de l’évêque de Liège Henri de Verdun, dote la collégiale de deux moulins, deux brasseries et vingt censitaires à Waremme. Le chapitre de Saint-Barthélemy levait aussi les dîmes de Vieux-Heverlé.

En 1236, le chapitre Saint-Barthélemy stipula, en donnant à ferme un terrain situé à Liège, que, si on y trouvait du charbon, l'exploitation se ferait aux frais du propriétaire et de l'occupant.

Description : Fondée en dehors des murs de la cité, la collégiale Saint-Barthélemy de Liège, caractéristique de l'imposant style ottonien, fut édifiée de la fin du XIe siècle (le chevet) aux dernières années du XIIe siècle (massif occidental, avec ses tours jumelles de modèle rhénan reconstruites en 1876) et connut, comme la plupart des édifices religieux, de nombreuses modifications au cours des siècles. Néanmoins, le caractère roman mosan de Saint-Barthélemy est resté profondément ancré dans son architecture. Au XVIIIe siècle, on ajouta deux nefs, on perça le massif occidental d'un portail néo-classique réalisé par Jacques-Barthélémy Renoz et on décora l'intérieur en baroque français. L'intérieur du massif occidental a été restauré dans le style roman original.
»


Commentaires sur ce texte


Nous avons eu l'occasion, dans les pages précédentes, de décrire amplement les problèmes liés à la datation. Nous constatons que dans le cas présent, une datation de la première moitié du XIe siècle (fin de travaux en 1015) est acceptée, mais seulement en début de texte. Dans le paragraphe intitulé Description, on nous dit « de la fin du XIe siècle (le chevet) aux dernières années du XIIe siècle ». Ce qui n'est pas la même chose.

On constate que la vue par satellite (image 1) et le plan de l'image 5 censé reproduire l'église dans son état primitif ne sont pas tout à fait identiques. Sur le plan de l'image 5, le transept est débordant alors que sur l'image 1 il ne l'est pas. Dans la plupart des cas que nous avons rencontrés, l'existence d'un transept débordant et bas signifie que le transept est postérieur à la nef. Il a été construit dans une nef construite auparavant dépourvue de transept. Le chevet aurait été construit en même temps que le transept. La nef serait donc plus ancienne que le transept. Mais on a un problème : le décor du chevet est baroque (images 6 et 7) ! Qu'à cela ne tienne ! L'art baroque est l'art du décor ! Dans de nombreux édifices qualifiés de « »baroques », des structures anciennes ont été recouvertes au XVIIIe siècle par des stucs ou des ornements baroques. Est-ce le cas ici ? Nous pensons que non. La nef aurait été selon nous entièrement refaite à la période baroque. Ce point de vie vient de l'analyse du plan de l'image 5. On constate que le vaisseau central est porté par un mélange de colonnes cylindriques et de piliers rectangulaires, le tout obéissant à la disposition suivante : 1 pilier, 1 colonne, 1 pilier, 2 colonnes, 1 pilier, 1 colonne, 1 pilier. Or, dans tous les cas que nous connaissons, il y a alternance parfaite : 1 pilier, 1 colonne, 1 pilier, 1 colonne,... Nous pensons que cette disposition en alternance n'est pas anodine. Elle répond à une disposition architecturale fréquente dans le Nord et l'Est de l'Europe de l'Ouest : à une travée du vaisseau central, correspondent deux travées des collatéraux.

À voir les images 2 et 3, on aurait tendance à croire que cette église est néoromane. L'image 4, plus ancienne, montre que ce n'est pas le cas.


Les fonts baptismaux de Renier de Huy (images de 8 à 12)

Selon Xavier Barral i Altet, auteur du livre Belgique romane de la Collection Zodiaque : « Aujourd'hui conservé dans l'église Saint-Barthélemy de Liège, cet objet monumental … fut commandé par Hellin (1107-1118), abbé de Notre-Dame de Liège, qui était en même temps archidiacre et, par conséquent, l'un des principaux dignitaires du chapitre cathédral de Liège. Les fonts, en forme de cuve cylindrique, reposent sur dix bœufs en laiton qui, à l'origine, étaient au nombre de douze et qui représentaient les douze apôtres, si l'on en croit l’inscription qui se déploie sur le bord intérieur de la cuve. Sur la paroi, les personnages se détachent en fort relief. Cinq scènes s'y déroulent, séparées les unes des autres par des arbres, et accompagnées d'inscriptions qui les expliquent. On y voit le baptême du Christ et ceux du Centurion Corneille par Saint Pierre, du philosophe Craton par saint Jean-l'Évangéliste, du publicain par saint Jean-Baptiste dans le Jourdain, enfin de la prédication de ce dernier dans le désert. [...] »


Datation envisagée pour la collégiale Saint-Barthélemy de Liège (estimation du seul Ouvrage Ouest, la nef étant estimée totalement reconstruite au XVIIIe siècle) : an 1025 avec un écart de 100 ans.



La collégiale Saint-Jean-l’Évangéliste de Liège

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Origine : La collégiale est construite sous l'épiscopat de Notger à la fin du Xe siècle, entre 980 et 987, avec des pierres provenant des églises démolies après la prise du château de Chèvremont par cet évêque. Elle fut achevée et consacrée en 987 et dotée de trente chanoines. Cette église était une réplique de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle de Charlemagne. Notger l'aurait fait construire pour remercier Dieu de lui avoir donné la victoire sur le terrible seigneur de Chèvremont.

Nouvel édifice : Cet édifice subsista jusqu'en 1754, époque à laquelle il fut rasé pour être remplacé par l'édifice néo-classique actuel (conçu par l'architecte italien Gaetano Matteo Pisoni, et mis en œuvre par l'architecte liégeois Jacques-Barthélémy Renoz), seule la tour romane ottonienne a été conservée.
»


Commentaire sur ce texte


Bien sûr, nous ne sommes pas a priori intéressés par l'édifice construit à partir de 1754, mais par la rotonde antérieure restituée sur l'image 18. Selon l'auteur du site Internet, elle « fut achevée et consacrée en 987 ... elle était une réplique de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle de Charlemagnee. ». Plusieurs remarques à faire à ce sujet : si c'était une réplique de la cathédrale d 'Aix-la-Chapelle, elle devrait avoir un déambulatoire à l'étage supérieur. Ce qui n'apparaît pas sur la maquette de l'image 18.
Par ailleurs, il nous est difficile d'imaginer qu'il puisse y avoir deux siècles de différence entre une œuvre et sa réplique. L'auteur du texte ne se pose pas la question de la fonction de cet édifice. En fait, nous pensons y avoir répondu à d'autres occasions en émettant l'idée que ces églises rondes pourraient être des « parlements », c'est-à-dire des espaces de dialogues entre égaux. Dernière remarque : l'auteur nous dit que cet édifice « fut rasé pour être remplacé par l'édifice néo-classique actuel ». Si nous suivons ce raisonnement : la rotonde d'origine a été rasée pour être remplacée par une rotonde de plan identique, mais de décoration baroque. Nous trouvons cette démarche vraiment bizarre car d'habitude, lorsqu'on rase un bâtiment pour en reconstruire un autre, on ne reconstruit pas le même bâtiment, on innove. En conséquence, soit le bâtiment précédent n'a pas été rasé et des restes de murs subsisteraient sous le décor baroque, soit un fort symbolisme était tellement attaché aux formes de l'ancien bâtiment qu'on a voulu restituer son plan dans le nouveau bâtiment. Mais alors, la question devrait se poser : quel était ce symbolisme ? Quelle était la fonction de ce bâtiment ?

Datation envisagée pour la rotonde de la collégiale Saint-Jean-l’Évangéliste de Liège, dans sa partie primitive : an 800 avec un écart de 150 ans.