La chapelle ronde d’Altenfurt à Nuremberg 

• Allemagne - Autriche - Suisse    • Article précédent    • Article suivant   


Nous n'avons pas visité cette chapelle. Notre étude de l'édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet.

Nous n'avons pas trouvé de page sur Internet parlant de cette église. La seule information que nous possédons est une légende de photographie donnant son vocable : Saint-Jean. Il s'agit probablement de Saint-Jean-Baptiste : de nombreuses églises rondes ont été des baptistères. Et ils étaient dédiés à Saint-Jean-Baptiste.

À première vue, cette église apparaît très modeste. Un examen plus attentif de l'image 2 témoigne de son importance, principalement sur le plan esthétique. Son appareil est très soigné. Les murs sont faits de gros blocs de grès rouge. Ces blocs ont été taillés régulièrement, la face extérieure, et probablement aussi la face intérieure, suivant l'arrondi du plan.

L'intérêt de ce petit édifice est de remettre sur le devant de la scène une idée que nous avons émise concernant les édifices à plan centré. On constate que la plupart d'entre eux (pour ne pas dire tous) ne sont pas à plan parfaitement centré. Pour certains, cela peut-être dû à des changements ultérieurs tout à fait fortuits. Mais pour d'autres, le plan centré est modifié par la présence d'un chevet, côté Est, ou d'un porche d'entrée côté Ouest, voire les deux. Nous avons pu démontrer, dans les cas rencontrés précédemment (exemples : Aix-la-Chapelle, Zadar, …), que ces modifications du caractère centré du plan étaient dues à des ajouts ultérieurs. D'où l'idée de généraliser cette pratique : à l'origine, le plan est parfaitement centré mais un ajout ultérieur modifie ce plan.

Cette église pourrait constituer un contre-exemple de cette théorie. On constate, toujours sur l'image 2 que la base des murs est constituée de deux rangs de blocs de pierre de mêmes dimensions. Il y a continuité de ces deux rangs entre la nef et l'abside. Par contre, au-dessus de ces deux rangs, il y a discontinuité. Mais cette discontinuité est probablement la conséquence d'une ouverture (ou d'un agrandissement) des fenêtres postérieure à la construction initiale (À gauche, la fenêtre placée à une position plus élevée a permis de conserver un troisième rang de gros blocs). Cette continuité de la construction entre la nef et l'abside permet d'envisager que le plan au sol formé de deux arcs de cercle – donc un plan non parfaitement centré – était prévu dès l'origine. Il est possible qu'un symbole soit à l'origine de ce plan. On retrouve ce dessin formé de deux arcs de cercle réunis dans la représentation de certaines mandorles. La mandorle est en général une figure en forme d'amande entourant le corps du Christ en gloire. Mais pour certaines mandorles – peut-être celles d'origine – la mandorle est formée de deux arcs de cercle joints : le plus grand des deux cercles entoure le corps du Christ, le plus petit, la tête. Le cercle est la représentation classique du Ciel. Le grand cercle pourrait donc représenter le Ciel, et le petit cercle, le Ciel qui est au-dessus des cieux, le domaine de Dieu.

Une autre chose est remarquable. Elle concerne le décor « d'arcatures lombardes ». En fait, ce sont de fausses arcatures lombardes. Ce que nous appelons « arcatures lombardes » est une frise horizontale disposée sous la bordure du toit. Cette frise est constituée par une succession de petits arcs formés de claveaux appareillés. Nous pensons que cette bordure de toit a eu une fonction architectonique, un peu comme les génoises que l'on voit actuellement.

Mais la frise que l'on a ici ne correspond pas à ce schéma. Observons l'image 3. Les arcades forment une bande horizontale continue. En dessous de cette bande, court un rang de gros blocs taillés mais non sculptés, tous de mêmes dimensions. Considérons un de ces blocs. Juste au-dessus de lui, on peut voir deux arcs consécutifs. Et cela est vrai pour les autres. Au-dessus de chaque bloc taillé non sculpté, est posé un autre bloc taillé. Mais celui-ci est sculpté en bas-relief de deux arcades avec à l’intérieur de chaque arcade une figure symbolique : un damier (image 4), une feuille de trèfle ou une fleur de lys (images 5 et 6).

À l'inverse des « vraies » arcatures lombardes, celles -ci ne semblent pas avoir une fonction architectonique. Elles pourraient avoir une valeur esthétique. Mais il nous semble que le caractère esthétique pourrait s’exprimer d'autres façons (zigzags, moulures, chevrons, etc.) et avec plus d'économies de moyens. Nous pensons que l'arcade a une valeur symbolique plus forte : peut-être une porte d'entée au Ciel. En tout cas l'arcade est souvent représentée sue des objets liturgiques ou sacrés. On la voit sur des fonts baptismaux dans deux des pages précédentes : Sainte-Marie Immaculée de Biburg, Saint-Martin de Greding.

On retrouve le décor de fausses arcatures lombardes sur l'abside (image 7). Mais ici, il semblerait que le projet n'ait pas été réalisé et qu'il soit resté à l'état de l'ébauche. En effet, s'il avait été achevé, les éléments qui subsistent seraient plus excavés.

À l'intérieur (images 8 et 9), on découvre des fresques. Elles sont malheureusement illisibles.


Nous avons sélectionné cette église principalement parce que son plan est centré et non par son éventuelle appartenance au premier millénaire, ce dont nous ne sommes pas certains.

Datation envisagée pour la chapelle ronde d’Altenfurt à Nuremberg : an 1075 avec un écart de 100 ans.