L'église Saint-Pierre de Soest 

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Nous n'avons pas visité cette église. Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet. De plus, nous avons pu identifier un nombre important de monuments grâce au livre Westphalie Romane de la Collecton Zodiaque, écrit par Uwe Lobbedey.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« St. Petri (localement aussi connu sous le nom de Alde Kerke) est la plus ancienne église paroissiale de Soest et l’une des plus anciennes fondations d’église en Westphalie. Dès la fin du VIIIe siècle, une église a été érigée sur ce site en relation avec la mission saxonne de Charlemagne.

Histoire et architecture


Une église précédente des environs de l'an 800 était une église-halle à nef unique avec un chœur rétracté (un chœur rétracté est un chœur plus étroit que le vaisseau central de la nef). Elle a été fondée dans le cadre des efforts de Charlemagne pour christianiser le nord de l’Allemagne. Saint-Pierre est l’une des premières paroisses de Westphalie. En raison de la croissance de la ville au cours des siècles suivants, l’église est devenue trop petite. De nouvelles églises ont dû être construites ou les anciennes agrandies. L’église actuelle a été consacrée en 1150. Son caractère original de basilique romane à trois nefs est clairement reconnaissable à l’intérieur et à l’extérieur. L’empereur Barberousse visita l’église en 1152. Vers 1180, un vestibule de deux étages, appelé Paradis, a été ajouté au côté nord. Au XIIIe siècle, un grand chœur gothique a été ajouté à la place de la petite abside d’origine. Cela a été suivi par plusieurs modifications, y compris l’installation de galeries dans les allées latérales. À la fin du XIVe siècle, la tour a reçu un autre étage, qui a été couronné d’un dôme pointu gothique. En 1709, après l’incendie d’une tour, l’église a reçu le dôme baroque de trois étages qui la caractérise aujourd’hui.

La partie la plus ancienne du bâtiment est le hall de la tour. Dans certains cas, des rainures profondes peuvent être vues dans les colonnes. Elles ont été créées en aiguisant les lames d’épée.

Le bâtiment est accessible par deux portails chacun dans le mur des bas-côtés nord et sud. Dans le passé, le portail nord, qui fait face à l’hôtel de ville, était l’entrée principale. Ici, les conseillers s’installèrent solennellement dans l’église. La porte d’entrée, conçue par le sculpteur Thomas Walter Casanova en 1968, montre des scènes de l’histoire de la Réforme à Soest. La porte de bronze du portail sud est une œuvre de Fritz Viegener de 1958 et montre des représentations de l’Apocalypse de Jean. Le tympan date de la seconde moitié du XIIe siècle ; il représente le supplice de l’apôtre Saint Jean devant l’empereur Domitien. À côté; se trouve un ange barbu.
»


Commentaires de ce texte

Concernant la phrase « Une église précédente des environs de l'an 800 était une église-halle à nef unique... », nous aimerions avoir des preuves de ce qui est avancé. Mais auparavant une objection : par définition, une église-halle est une église à plusieurs vaisseaux d'égale hauteur. En conséquence, elle ne peut pas être à nef unique. À cela nous pouvons ajouter que, jusqu'à présent, les églises que nous avons identifiées comme étant antérieures à l'an mille étaient toutes (hormis les oratoires de très petites dimensions) de type basilical. C'est-à-dire avec les caractéristiques suivantes : nef à trois ou, dans de rares cas, à cinq vaisseau, avec un vaisseau central nettement plus élevé que les vaisseaux secondaires. Et ce, indépendamment des dimensions. Pour certaines de ces églises, une nef unique aurait suffi pour accueillir l'ensemble des fidèles. Elle aurait coûté moins cher que la nef triple. Il semblerait donc que la construction d'un édifice à plan basilical correspondait à un besoin, que la forme de basilique était en elle-même symbolique.

La phrase « L’église actuelle a été consacrée en 1150. », est souvent interprétée par le néophyte comme signifiant « L’église actuelle a été inaugurée en 1150. » ou « L’église actuelle date de 1150. ». C'est d'ailleurs dans la plupart des cas l'opinion même de l'auteur. Pourtant, cette opinion devrait être battue en brèche par plusieurs constatations. La première d’entre elles est que l'acte de consécration n'est pas un acte d'inauguration d'une construction nouvelle. Consacrer, c'est affirmer qu'un objet (reliquaire, sarcophage, autel, crypte, église) contenant des reliques est aussi sacré que les reliques qu'il contient. En conséquence, dans bien des cas, la consécration ne concerne pas une église, mais un objet à l'intérieur de cette église. Il faut aussi savoir qu'une église peut être consacrée plusieurs fois. Prenons le cas présent. On nous dit qu'une église existait vers l'an 800. Si elle existait, cela signifie qu'elle a été consacrée à un moment donné. Et on n'a certainement pas attendu l'an 1150 pour la consacrer. L'acte de consécration (si un acte a été rédigé) a disparu. Nous disons « si un acte a été rédigé ». En fait, un acte a bien été rédigé. Parce que durant les 350 ans séparant l'an 800 et l'an 1150, il y a fatalement eu au moins une visite pastorale. Et dès le début de sa visite, il a posé la question : « Cette église a-t-elle été consacrée ? ». Et ; face à une réponse négative, ou du style « On ne sait pas quand car tous les documents ont disparu dans un incendie. », il a répondu : « Bon ! Je m'en occupe ! Je dois repasser dans un mois et demi, et je vous la consacrerai vite fait, bien fait. Et cette fois-ci, vous tâcherez de conserver les documents !».


Image 4 : portail Nord. Nous pensons qu'il est néo-roman. Cependant nous l'avons choisi parce qu'il reprend un thème iconographique, très présent dans les cultures tardo-antique, préromane et romane : le thème des arcades. Des arcades représentées nues, sans personnage à l'intérieur. Nous ne pensons pas que ce soit un simple décor mais qu'il y a un message symbolique : portes de passage vers une Vie Nouvelle ?

Image 5 : portail Sud. Tympan représentant le martyre de Saint Jean l'Évangéliste. Saint Jean est plongé dans une cuve contentent de l'huile bouillante. Il en ressort vivant. Au-dessus de lui, sortant des nuages, la main de Dieu est représentée faisant le signe caractéristique des trois doigts (pouce, index, majeur) dressés et les deux autres repliés. À droite, sur son trône, l 'empereur Domitien tend lui aussi la main. Mais seuls deux doigts sont dressés et les trois autres repliés.

Image 8 : photographie prise en 1905. En la comparant avec l'image 7, on réalise que l'intérieur de l'église n'a pas beaucoup changé en plus de 100 ans.

Image 10 : Cette image est extraite de la page du site Wikipédia. Sa légende, que nous avons aussi copiée est : « Système de voûte, tiré de l’annuaire du palais royal impérial. Commission centrale pour la recherche et la conservation des monuments III, 1859 ». Nous avons eu de la difficulté de comprendre que cette image pouvait ne pas concerner la seule église Saint Pierre de Soest, mais trois profils différents d'églises analogues. Si l'étage inférieur est sensiblement le même pour les trois profils, l'étage supérieur témoigne de différences. En particulier, on devine que dans la partie de droite, une galerie occupait l'étage supérieur, au-dessus du collatéral. Cette galerie communiquait avec la nef par une grande baie. L'élévation évoque trois profils différents d'une travée de mur gouttereau du vaisseau central. Le profil correspondant à l'église Saint-Pierre pourrait être celui de gauche (image 9).


Datation

De l'étude des images 6, 7, 8, 9 et 11, nous pouvons déduire ceci. À l'origine, l'église Saint-Pierre n'était pas voûtée, mais charpentée. Elle aurait été construite dans le style dit ottonien : nef à trois vaisseaux charpentés, système lié. Dans le système lié, une travée du vaisseau central correspond à deux travées des collatéraux. La conséquence est la suivante : le couvrement d'une travée du vaisseau central est porté par quatre piliers. Le couvrement des deux travées correspondantes d'un collatéral est porté par 6 piliers dont 3 sont accolés au mur extérieur et 2 accolés aux piliers porteurs du vaisseau central. Il reste un pilier qui est situé entre les piliers porteurs du vaisseau central. Ce pilier-là est soumis à moins de contraintes que les deux autres qui l'encadrent. Il peut donc être plus léger : une colonne cylindrique. La conséquence est la suivante : dans un système lié, il y a en général alternance entre piliers rectangulaires et colonnes cylindriques. Ce n'est pas toujours le cas, l'idée étant sans doute venue après.

Dans le cas présent, on a cette alternance de piliers rectangulaires de type R0000 et de colonnes cylindriques.

Ultérieurement, au XIIIe ou XIVe siècle, de puissants pilastres ont été accolés aux piliers rectangulaires. Ces pilastres ont servi à porter les doubleaux qui portent actuellement les grandes voûtes (probablement en croisée d'ogives).


Datation envisagée pour l'église Saint-Pierre de Soest : an 950 avec un écart de 100 ans.