La basilique Saint-Quirin de Neuss  

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Nous n'avons pas visité cette basilique. Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture. Certaines images ci-dessous sont extraites de ce site Internet. De plus, nous avons pu identifier un nombre important de monuments grâce au livre Westphalie Romane de la Collecton Zodiaque, écrit par Uwe Lobbedey.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

En 16 av. J.-C., les Romains construisirent un camp légionnaire au sud de la vieille ville d’aujourd’hui. En dehors de la sphère militaire, une colonie civile est apparue très vite. Sur la base des découvertes, on peut supposer que – comme Cologne ou Xanten – il y avait aussi des chrétiens parmi la population romaine.

Comme il était de coutume chez les Romains, les défunts étaient enterrés à l’extérieur de la colonie. Un tel cimetière était situé dans la zone de l’église d’aujourd’hui. Les restes d’une abside de l’époque romaine ont été trouvés sous la cathédrale. Ils font partie d’une
cella memoriae, c’est-à-dire un ancien bâtiment pour la mémoire des morts, et sont visibles à travers une plaque de verre dans le sol d’aujourd’hui.

Probablement vers l’an 850, un monastère a été fondé. Il n’est pas certain qu’il ait survécu à l’invasion normande de 866. Ce qui est certain, c’est que dans la seconde moitié du XIIe siècle, le monastère a été transformé en un monastère de dames nobles, un monastère de chanoinesses sous le patronage de Saint-Quirin. [...]

La première mention documentaire d’une église en ce lieu remonte à 1043 à l’occasion d’une donation par Henri III. Dans ce document, le saint patron de la ville, Quirinus, est également mentionné pour la première fois. Selon une ancienne tradition, l'abbesse Neuss Gepa, la sœur du pape Léon IX, a apporté ses reliques de Rome à Neuss en 1050.

La prospérité qui en a résulté a peut-être été l’une des causes qui ont conduit à la construction de l’église actuelle en 1209, après plusieurs constructions précédentes. La première pierre avec le nom du maître d’œuvre Wolbero peut être vue dans l’église. Le bâtiment était copié sur l’église de Cologne de Sainte-Marie au Capitole (chœur vers 1060) et ses successeurs le Grand Saint-Martin (vers 1165) et les Saints-Apôtres (chœur vers 1200), reconnaissables surtout par les trois conques de la salle du chœur. L’extérieur de la salle du chœur met également en évidence l’influence des églises romanes de Cologne.

Architecture


La cathédrale Saint-Quirinus est considérée comme un excellent exemple d’architecture sacrée dans la période de transition du roman au gothique en Allemagne. La basilique-galerie pour l’accueil des pèlerins est aussi la dernière grande église de style rhénan à trois conques ; les transepts ont une extrémité arrondie comme l’abside. La construction a commencé le 9 octobre 1209. La date est connue par la pierre de fondation, qui est encastrée dans la maçonnerie dans le bas-côté sud. La traduction de l’inscription latine se lit comme suit :

L’année de l’incarnation du Seigneur en 1209, dans la première année du règne impérial d’Otton [IV], quand Adolphe était évêque de Cologne et Sophia [von Altena] était abbesse, Maître Wolbero posa la première pierre de ce temple le jour de saint Denys le Martyr.

Le fait qu'Adolf von Athena ait toujours été titré archevêque de Cologne dans l’inscription, malgré son renvoi, peut probablement être considéré comme une courtoisie envers sa sœur Sophia. Étant donné que l’église cathédrale est également le lieu de sépulture de l’évêque, il a été spéculé que le nouveau bâtiment pouvait être destiné à créer en même temps une tombe représentative. »


Commentaires de ce texte

L'origine du nom de Neuss est Novaesium, Castrum Novaesium ou encore Novesium. C'était un castrum romain de Germanie inférieure, et, avec Nimègue et Bonn, une des plus anciennes bases militaires fondées par Drusus vers 16 av. J.-C. Il est important de noter qu'avant même l'an 1 de notre ère chrétienne, les romains s'étaient solidement implantés sur le Rhin.


Datation

Tout en signalant la probable présence en cet emplacement d'une église avant l'an mille, le texte est formel : l'église a été construite à partir de 1209 (« La construction a commencé le 9 octobre 1209. La date est connue par la pierre de fondation,... »). Cette pierre de fondation est réprésentée sur l'image 9. Nous n'avons pas de connaissance en épigraphie. Cependant le texte est suffisamment lisible par un néophyte et la traduction qui en est donnée ci-dessus convient parfaitement. Il y est bien dit que
« Maître Wolbero posa la première pierre [de fondation] de ce temple ». Il est donc normal que l'auteur du texte ci-dessus donne 1209 pour première date de construction.

Cependant, une telle datation pose un sérieux problème. En effet, à la date de 1209, on se trouverait en pleine période gothique. Si l'on croit certains spécialistes de l'art gothique, celui-ci aurait commencé en 1145 (soit 64 ans auparavant) avec le chœur et le transept de Beauvais. C'était un art gothique déjà très évolué. En fait, nous ne croyons pas trop à cela et attendons des preuves tangibles. Par contre, l'étude de la cathédrale de Béziers, partiellement détruite en 1209, fournit des éléments de preuve plus intéressants. L'architecture de cette cathédrale construite par Maître Gervais vers 1150 montre qu'à cette date, certaines spécificités (et propriétés) de l'art gothique comme l'arc brisé étaient connues et d'autres, comme la voûte sur croisée d'ogives, ne l'étaient pas. Et, pour cette dernière, elle ne l'était pas encore en 1209.

Il nous semble que les parties basses de la nef témoignent d'un certain archaîsme (piliers rectangiulaires massifs, arcs en plein cintre aussi massifs, impostes) alors que la galerie supérieure est plus évoluée (fines colonnettes, chapiteaux sculptés, arcs brisés). Il y a donc possibilité qu'il y ait eu deux étapes de travaux ou même trois si on ajoute le voûtement en croisées d'ogives.

Mais alors, comment concilier les deux informations ? : une nef qui ne semble pas correspondre à la date de 1209, et la pierre de fondation de 1209. Nous proposons ceci comme solution. La pierre de fondation ne concernerait pas la cathédrale mais un « temple ». Que serait ce « temple » ? Ce pourrait être, par exemple, un monument funéraire. Deux arguments militent en faveur de cette hypothèse d'une construction autre que celle de la cathédrale. Pour le premier : s'il existe une pierre de fondation de la cathédrale, elle est dans les fondations de la cathédrale. Par contre, si cette pierre a été la pierre de fondation d'un monument installé dans la cathédrale, elle a été retrouvée lors de la destruction de ce monument. Pour le second : une cathédrale étant un monument sacré, la pierre de fondation ne peut être posée que par un évêque. Par contre si le « temple » est un monument funéraire destiné à un évêque ou à sa sœur, il est normal que la première pierre soir posée par le constructeur qui signe ainsi son œuvre.


Datation envisagée pour la basilique Saint-Quirin de Neuss : an 1100 avec un écart de 100 ans.