La basilique des Saints-Apôtres de Cologne  

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Nous n'avons pas visité cette basilique. Notre étude de cet édifice s'est inspirée de pages d'Internet (ex : Wikipédia) et de l'analyse de galeries d'images issues d'Internet. Nous avons en particulier abondamment consulté le site Internet http : //romanische-schaetze.blogspot.com/ qui a recueilli les images de plusieurs centaines de monuments. Notre site traitant seulement du premier millénaire, nous n'avons conservé que les monuments susceptibles d'appartenir à cette période, mais ce site, dont le nom se traduit en français par « Trésors romans », est beaucoup plus riche en monuments et nous en conseillons la lecture.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette basilique nous apprend ceci :

« La basilique des Saints-Apôtres se caractérise par un complexe à trois conques, minutieusement conçu, dans lequel deux tours latérales Est sont intégrées. En face, se trouve la tour Ouest, qui, à environ 67 mètres, est la troisième plus haute tour des églises romanes de Cologne. Le bâtiment du chœur en forme de trèfle est surmonté d’une petite tour de croisée octogonale, couronnée d’une lanterne. Le transept de la nef est relié à la tour Ouest par une courte travée voûtée en berceau (images 1 et 2).

Histoire

Bâtiment précédent, nouveau bâtiment salien et église romane actuelle : Dans le cas des Saints-Apôtres, comme dans d’autres églises romanes de Cologne, il y aurait eu une première église sur le site de la basilique actuelle vers la fin du IXe siècle, mais cela n’est pas garanti. Il est historiquement prouvé qu’un monastère a été fondé ici au Xe siècle. Sa première église dédiée aux Apôtres, historiquement prouvée, était probablement un bâtiment relativement simple.

Cela a changé au début du XIe siècle : soit sous l’archevêque Héribert, qui a régné de 999 à 1021, soit par la suite sous l’archevêque Pilgrim (règne 1021-1036) – les opinions des historiens diffèrent ici – un grand nouveau bâtiment salien a été érigé, qui, malgré l’attribution pas tout à fait certaine, est simplement appelé “Pilgrimbau”. Le fait que sa tombe se trouve dans le chœur Ouest parle en faveur de Pilgrim, un honneur accordé avant tout à un donateur.


Ce bâtiment était orienté vers l’Ouest. Ainsi, il avait le chœur avec le maître-autel à l’Ouest, à l’emplacement de la tour principale d’aujourd’hui. C’est inhabituel dans les églises chrétiennes : la plupart des églises sont à l’Est, c’est-à-dire qu’elles ont leur sanctuaire, le chœur, à l'Est, là où le soleil se lève. L’église des Apôtres de Cologne du XIe siècle, comme d’autres églises de Cologne, faisait référence à un grand modèle, à savoir l'église Saint-Pierre de Rome, qui est encore occidentale aujourd’hui.

De ce bâtiment pèlerin salien, qui détermine également les dimensions de base de l’église actuelle, les éléments suivants sont encore conservés : de grandes parties des murs extérieurs de la nef,  le transept occidental et des parties des murs de la nef centrale. Cependant, la mince peau extérieure, la paroi visible de ces murs, a été renouvelée plusieurs fois, de sorte que seule la zone centrale de ces murs remonte au XIe siècle.
[...]

Par rapport au bâtiment précédent, la nef et le transept des Saints-Apôtres ont été agrandis. Ces deux composants ont ensuite reçu des voûtes en pierre vers 1230 au lieu des plafonds plats en bois. [...]

À la fin du XIIe siècle, les Saints Apôtres a changé à la fois dans sa forme architecturale et dans son orientation : il y avait eu un changement dans la liturgie qui n’avait plus besoin d’un chœur Ouest, mais était orienté vers l’Est. [...] À St. Aposteln, un nouveau chœur Ouest a été construit vers 1150. La crypte, la crypte de l’ancien chœur Ouest salien, a été comblée et une tour Ouest de 67 m de haut a été construite dessus.  [...]

Ouvrage Ouest : La nouvelle tour Ouest, construite à partir de 1150, est accompagnée de deux tours d’escalier semi-circulaires ; aavec une telle combinaison résonne le vieux motif carolingien d'une œuvre occidentale. Aux XIIe et XIIIe siècles, les anciennes installations d’Ouest existantes ont été fréquemment reconstruites et plus étroitement liées à la pièce principale. Avec la reconstruction majeure de 1643/1644, le chœur Ouest a finalement perdu sa domination.

Chœur à trois conques : Vers l’an 1200, toujours après un incendie (1192), les travaux commencèrent sur le le chœur des Trois-Conques, composant qui était probablement calqué sur le chœur récemment achevé du Grand Saint-Martin. Contrairement à un plan au sol en croix latine, dans lequel une nef droite est traversée perpendiculairement à la tête par un transept également droit, dans le cas des Saints-Apôtres, dans le chœur des Trois Conques, trois absides de même taille sont placées sur les côtés d’un carré (inscrit) les unes par rapport aux autres de telle sorte que le plan d’étage donne la forme d’une feuille de trèfle, c’est pourquoi cette solution est également appelée chœur de trèfle. Il en résulte un bâtiment central ici à l’Est sur le site du chœur, c’est-à-dire un bâtiment avec son propre centre et des parties latérales équivalentes. [...] »


Commentaires divers

On retrouve le discours en forme de leitmotiv utilisé pour la quasi totalité des églises estimées antérieures à l'an 1200 ; « Une église est citée avant l'an mille. Mais ce n'est pas l'église que l'on voit... puisque l'église que l'on voit a été construite au XIIe siècle. » . Et ce, bien sûr, sans aucune justification.

Un tel type de raisonnement part de l'idée, sans réel fondement, qu'avant l'an mille, il n'existait pas d'église, ou s'il en existait, elles étaient de petites dimensions, à nef unique. Ainsi, dans le cas présent : « Sa première église dédiée aux Apôtres, historiquement prouvée, était probablement un bâtiment relativement simple. » .

La difficulté pour les historiens qui ne s’intéressent en général qu'aux documents écrits est d'essayer de justifier des incohérences de leurs raisonnements. Ainsi, sachant qu'ils ont tendance à assimiler la fondation d'une communauté au début de construction de l'abbatiale, et la consécration d'un autel à la fin de construction de cette abbatiale (divers événements dont la corrélation reste à prouver), ils sont un peu démunis face à des contradictions (multiplicité de fondations ou de consécrations, consécration précédent une fondation, consécrations distantes de plusieurs siècles). Il leur faut alors admettre qu'il y a eu une succession de constructions en un même lieu. De plus, alors qu'il leur est facile d'admettre cette succession de constructions lorsqu'il y a, par exemple, dans une église, une nef romane et un chœur gothique, ils ne peuvent admettre que difficilement une telle succession de travaux pour une église antérieure à l'an 1200 : pour eux, c'est une église romane du XIIe siècle !

Il semblerait que, dans le cas présent, c'est ce type de raisonnement qui a prévalu. Les historiens devaient disposer de documents signalant, l'un, l'existence avant l'an mille d'une église dédiée aux Saints Apôtres, un autre la présence en ce lieu de Héribert et de Pilgrim au début du XIe siècle, et enfin la consécration de 1230. Et aussitôt, le programme d'intelligence artificielle s'est mis à fonctionner à partir des données préalablement enregistrées : on a trois informations successives de l'existence d’une ou de plusieurs églises. On constate que la partie Ouest de l'église des Saints Apôtres semble plus ancienne que la partie Est. Mais cette partie Ouest est de grandes dimensions. Ce ne peut donc pas être l'église citée avant l'an mille. Donc l'église citée avant l'an mille a totalement disparu.

Il reste donc la partie Ouest de l'église actuelle. Nous venons de dire qu'elle ne peut pas être antérieure à l'an mille. Donc elle a été construite au XIe siècle par Héribert ou Pilgrim. Mais on constate qu'il y a une abside et une crypte côté Ouest. Cela signifie que que l'église n'était pas orientée côté Est mais côté Ouest. Enfin, vers la fin du XIIe siècle, les constructeurs décident d'orienter l'église côté Est. Ils construisent alors le chevet tréflé.


Notre analyse de l'architecture de l'édifice

Elle donne des résultats très différents. Nous pensons qu'à l'origine, on a construction d'une basilique « carolingienne » (VIIIe ou IXe siècle, voire même avant). La nef de cette basilique devait être à trois vaisseaux charpentés. Les piliers étaient à impostes, de type R0000. Ces piliers existent encore, mais ils sont difficiles à reconnaître par la suite d'ajouts de pilastres ou de colonnes. Fait important : les arcs étaient en plein cintre et à un seul rouleau. Pour le vérifier, examinons sur l'image 7 la deuxième travée à partir de la droite (la première travée un peu différente doit faire partie de l'Ouvrage Ouest). Les piliers de cette travée portent apparemment un arc à deux rouleaux (arc double). Mais on constate que si l'arc inférieur est de forme semi-circulaire, l'arc supérieur ne l'est pas (c'est un arc de cercle à 120°). Qui plus est, l'arc inférieur repose sur une imposte, ce qui n'est pas le cas de l'arc supérieur implanté sur un pilastre. Nous formulons l'hypothèse suivante : à l'origine, les piliers étaient de type R0000 et ils portaient des arcs en plein-cintre, les arcs inférieurs. Plus tard, on a décidé de renforcer les murs en accolant des pilastres aux piliers, des arcs sur ces pilastres et des cloisons sur ces arcs. En conséquence, l'arcature aveugle qui s'appuie sur cette cloison est contemporaine à cette transformation. Côté collatéral (image 8) la différence de styles entre, d'une part les pilastres et les colonnes cylindriques,; et d'autre part les impostes et les chapiteaux, invite à penser qu'il y a eu là aussi plusieurs étapes de travaux.

Revenons à présent à l'explication qui nous a été donnée sur la présence d'une abside et d'une crypte à l'Ouest. En fait, il n'y a pas selon nous d'ambiguïté. Nombre d'églises « carolingiennes » ont développé le concept des absides opposées : une abside (parfois trois) à l'Est, une contre-abside à l'Ouest.

L'idée est donc que l’église d'origine était de type carolingien avec une abside à l'Ouest et une (trois) abside(s) à l'Ouest, dans le prolongement des vaisseaux. Ultérieurement, dans le courant du XIIe siècle, le chevet tri-conque aurait été construit en remplacement du chevet d'origine.

Mais alors ? Comment expliquer (si explication doit être faite) les travaux faits par Héribert ou Pilgrim ? Nous pensons que dans cet édifice, d'autres parties ont pu faire l'objet de travaux importants au début du XIe siècle : par exemple, l'Ouvrage Ouest.


Datation envisagée pour la basilique des Saints-Apôtres de Cologne : an 850 avec un écart de 200 ans.