Les contraintes religieuses : la Bible
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L’histoire des religions, et, en
particulier, l’histoire du catholicisme et de l’Église
Catholique, semblent immuables. Et c’est vrai que les
religions inspirées d’un livre sacré ne sont pas
susceptibles de changer si le livre ne change pas.
On aurait tort pourtant de penser qu’il n’existe pas de
changement. Ceux-ci sont souvent dus aux circonstances
historiques liées à la religion.
L'image
1 est celle de la face avant d’un sarcophage
paléochrétien. Ce sarcophage, dit de l’école d’Arles,
daterait du IVesiècle. Les sarcophages ne sont
pas en général datés. Néanmoins, on peut estimer que les
sarcophages représentant des scènes manifestement
chrétiennes sont postérieurs aux divers édits de Constantin
déclarant la religion chrétienne comme religion d’Etat (vers
330).
Dans le registre supérieur (image
2), on peut voir le Christ représenté sous les
traits d’un homme jeune et imberbe. Il lève la main dans un
signe caractéristique (deux doigts levés, les autres serrés
entre eux). A ses pieds on peut voir le coq du reniement de
Pierre (« avant que le coq ne chante, tu m’auras renié trois
fois »).
Dans le registre inférieur (image3), c’est la représentation de l’Orante, aux
bras levés. A droite, sous les traits d’un homme jeune et
imberbe, le Christ procède à la guérison de l’hémorroïsse.
On constate certaines particularités dans ce style d’images
: le Christ, sous les traits d’un homme jeune et imberbe, la
présence de l’Orante, l’absence d’auréole, la description de
certains miracles.
Ces particularités correspondent à une certaine « mode ».
Laquelle « mode » a pu avoir été influencée par l’histoire.
Ainsi la « mode » de représenter un coq au pied du Christ
peut être un rappel de ce qu’avaient fait certains chrétiens
qui avaient renié leur foi afin d’échapper aux persécutions.
Sur l'image
4 d’un autre sarcophage paléochrétien, on assiste
à des scènes de désastre et de fuite d’une population. Cette
scène peut représenter la fuite d’Égypte. Elle peut aussi
représenter une autre scène plus contemporaine, de fuite ou
de déportation ?
La datation du chapiteau de l'image
5 n’est pas assurée. En effet, la scène semble
être celle du prophète Daniel entre les lions. Bien que ce
type de scène ait été développée durant le premier
millénaire (VIIe? VIIIesiècle? ),
il est possible que, pour ce chapiteau la datation soit
postérieure. Pour le confirmer, il faudrait faire plus de
vérifications.
Dans l'image 6 ,
les initiales C et D ont permis de représenter une croix ; à
l’intérieur on peut voir l’Agneau pascal. Mais la tête de
cet Agneau est une tête humaine barbue, sans doute le Christ
. Elle est auréolée d’un nimbe crucifère. L’Agneau tient
entre ses pattes un livre.
On est un peu surpris de voir sur un
livre du Xesiècle une représentation de
crucifixion (image 7). En effet, à la différence de la Déposition de Croix (image 8), la
crucifixion n’a pas souvent été représentée. Sans doute pour
des questions théologiques.
Sur l'image 9 du
portail de Charlieu, le tympan montre un Christ en gloire
entouré des symboles des quatre évangélistes. Cette
sculpture pourrait dater de la première moitié du XIIesiècle.
Les images précédentes entendaient
montrer qu’il existe une évolution iconographique en rapport
avec l‘histoire religieuse.
Mais l’évolution ne se manifeste pas seulement dans le
domaine iconographique. Elle peut aussi se voir dans la
construction des bâtiments. Les images
10, 11, et 12 montrent
trois types de transformations ayant pour origine la même
idée.
Cette idée est la suivante : dans le premier temple, le
temple juif de Jérusalem, il y avait plusieurs séparations.
Et en particulier, il y avait séparation entre le « Saint »
où officiaient les prêtres, et le « Saint des Saints »
domaine de Dieu, où seul accédait le Grand Prêtre en de
rares occasions. Un grand voile séparait le « Saint » du «
Saint des Saints » .
On retrouve ce grand voile dans l'image
10 de l’intérieur d’une église arménienne. Le
prêtre officie sur une estrade haute de plus d’un mètre
accessible par l’escalier aux hautes marches situé à droite.
Cette estrade constitue la seule séparation entre le chœur
et les fidèles.
Sur l'image 11 ,
un haut mur percé de fenêtres sépare la nef du transept de
l’église catholique de Saint-Généroux. Ce mur n’a aucune
fonction particulière de portance et on aurait pu s’en
passer en prolongeant les arcades latérales du vaisseau
central de la nef. Il sert en fait à créer une séparation
symbolique entre la nef réservée aux fidèles et le transept
réservé au clergé.
L'image 12 montre
un autre type de séparation. Mais cette fois-ci dans une
église orthodoxe de Géorgie. Cette séparation est
l’iconostase, accessible seulement aux prêtres.