Les contraintes liées à l’histoire laïque des peuples et à leurs traditions 

•  Contraintes     • Article précédent    •  Article suivant   


Avant de déterminer les contraintes que les peuples ont imposées à l’art et l’architecte afin de se conformer à des usages ou à respecter certaines règles, il serait bon de connaître un peu de l’histoire de ces peuples. Malheureusement on ne connaît pas grand-chose de cette histoire. Et ce n’est souvent que grâce aux réalisations artistiques que l’on arrive à détecter la présence d’un peuple. Ainsi l’entrelacs est caractéristique d’une présence barbare. Mais de quel peuple barbare s’agit-il ? C’est parfois très difficile de le savoir tant les interactions ont été réciproques.


L'image 1 est celle d’un sarcophage antique à décor de strigiles. Ce type de décor à ondulations symboliserait l’eau, symbole d’immortalité. On peut voir, sur la cuve, au milieu et en bas, un chien (ou un loup ?) et un cerf. Cette scène serait le symbole d’Esus, tantôt loup, tantôt cerf.

L'image 2 est celle d’un autre sarcophage antique à décor de strigiles. On y voit de gauche à droite, une femme aux bras levés, en attitude d’orante, un homme portant un agneau (le Bon Pasteur), et enfin un autre homme tenant un rouleau (« volumen »).

La scène de l'image 1 est probablement païenne alors que celle de l'image 2 est chrétienne. Les deux sarcophages sont sans doute contemporains. Quelle est leur datation? : IIesiècle ? IIIesiècle ?

Sur l'image 3, le pavement de cette mosaïque recèle certains symboles chrétiens cachés : croix, oiseaux, poissons. Les chrétiens craignaient les persécutions.


Image 4 : Entrelacs très complexe sur cette boucle de ceinturon : des monstres à tête de crocodile dévorent leur propre queue. L’entrelacs est caractéristique des barbares mais sa représentation s’est poursuivie pendant plusieurs siècles (image 5).

Il est difficile d’interpréter l'image 6. On y voit Dieu le Père. Mais les autres panneaux sont moins lisibles. Très certainement ces panneaux sont antérieurs à l’an 1000. Mais de quand exactement ?


Image 7 : Monogramme sur un chapiteau de l’église de Zvartnots (Arménie). Il est remarquable que ce motif s’apparente à d’autres situés en Espagne à plusieurs milliers de kilomètres.

Image 8 : La croix pattée d’Odzoun en Arménie est aussi apparentée à des croix semblables situées en Espagne. Sauf qu’en Espagne, on ne voit pas les deux branches remontant vers la croix.

Image 9 : Les statues de Vierges romanes portant l’Enfant Jésus sur ses genoux sont sans doute issues de statues de déesses mères d’origine gauloise.


Les basiliques chrétiennes comme celle de la Madeleine de Béziers sont directement issues des basiliques romaines qui étaient des monuments publics (image 10).

Dans ces monuments publics la magistrature suprême siégeait au fond de l’abside. Il est remarquable que, durant l’antiquité tardive, le trône de l’évêque est installé aussi au fond de l’abside (image 11). Ceci pourrait signifier que, lorsque le christianisme est devenu religion d’état, des magistratures civiles ont été confiées aux évêques.

La porte de Lortsch (image 12) témoigne d’une tradition d’accueil des abbayes. Il s’agit sans doute un peu plus qu’un simple hospice des pèlerins. En effet certaines des abbayes avaient des privilèges d’exterritorialité. Il était interdit de pénétrer dans l’enceinte de l’abbaye afin de capturer un ennemi. Ce bâtiment était sans doute réservé à des princes pourchassés par le pouvoir.


Les images 13 et 14 d’une maquette du monument de Zvartnots en Arménie montrent que l’architecture de ce monument ne correspond pas à celle d’une église classique mais plutôt à un monument civil.

La miniature de l'image 15 montre deux bêtes féroces s’attaquant à une plus petite (un agneau ?) C’est peut-être le symbole de la puissance civile s’attaquant à la puissance religieuse.


Parmi les monuments associés aux églises, on trouve certains ouvrages-ouest ayant des traits communs : tours-porches à plan rectangulaire ayant un premier étage aménagé en chapelle, une chapelle souvent sous le vocable de Saint Michel.