Exemple de conservation des sources : fragilité des édifices du 1er millénaire 

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Cet article que nous a envoyé Monsieur Yves Vellas nous a beaucoup intéressés. Nous le reproduisons ci-dessous in-extenso (Remarque : les images de 1 à 5 et leurs légendes sont aussi dûes à Monsieur Vellas).


De la fragilité des édifices du 1er millénaire même après une restauration soignée

Les édifices du premier millénaire qui ont traversé les siècles et qui sont encore en élévation aujourd'hui (souvent partielle) sont bien évidemment très fragiles... et ce, même après une complète restauration ! À titre d’exemple, en 2009, la très ancienne chapelle Saint-Clément-de-Man de Soubès (34700), de plan préroman, a fait l'objet d'un programme de réhabilitation complet. Élaboré par Frédéric Fiore, architecte du patrimoine montpelliérain sous le couvert du Service Régional d’Archéologie (SRA), le chantier a été réalisé par l'entreprise de taille de pierre Muzzarelli du Bosc.


Dix ans après la restauration rien n’est acquis

Le travail a consisté au démontage de la partie supérieure des murs et au remontage pierre par pierre préalablement numérotées, à la reprise des joints, des arases, etc. Un chantier qui a permis le sauvetage de l'édifice et pourtant, onze ans plus tard, rien n'est garanti pour autant ! Certes, on ne constate aucun désordre important ni fissure qui ne menacent l'édifice mais la nature ayant horreur du vide, elle reprend ses droits !



« Les plantes aiment la chaux ! »

Cela se traduit par une incessante colonisation de tout le bâti par la végétation. Moins d'un an après les travaux, déjà les premières plantes sont apparues entre les pierres : des fougères de type cétérach, des polypodes, des mousses à l’intérieur ; des ronces, des clématites, et bien autres espèces, à l’extérieur, ont commencé à coloniser les murs, leurs racines plongeant dans les joints de mortier. « Les plantes aiment la chaux et donc elles trouvent dans le mortier des substances nutritives », explique un maçon.


Le sol menacé par l’apport éolien

Un autre phénomène affecte le sol intérieur de la chapelle, à ciel ouvert : le vent favorise le dépôt régulier de résidus de végétaux (aiguilles de pin, feuilles, branches, pignes, écorces, graines, poussière...) qui s’amoncellent dans les joints entre les dalles et les moindres interstices. Ce que les archéologues appellent «l'apport éolien».

Ce dépôt peut atteindre quelques millimètres en quelques semaines seulement et plusieurs centimètres d'épaisseur sans intervention humaine sur une période longue.

Le danger étant que ce substrat de fortune est néanmoins propice au développement de plantes et d'arbrisseaux dont les racines vont plonger entre les dalles et les soulever et mettre en péril la chapelle.

L’autre intérêt de maintenir un site bien entretenu, c’est de se prémunir contre d’éventuelles dégradations volontaires parfois suscitées par l’aspect d’abandon.

C’est pour cela que le sauvetage d’un bâti millénaire est un travail au long cours souvent assuré par des bénévoles comme ceux de l’association Spes sur la chapelle Saint-Clément. À raison d’une visite mensuelle - à minima -, il s’avère indispensable à la conservation de l’édifice sans aucune limite dans le temps.



Yves Vellas