La chapelle Sant’Aquilino de la basilique San Lorenzo de Milan
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Nous n'avons pas visité cette chapelle. Les images ci-après
ont été extraites d'Internet.
La page du site Internet Wikipedia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« Description.
La chapelle, de structure octogonale, est reliée à la
basilique par un atrium autrefois entièrement recouvert de
mosaïques. Parmi celles-ci, restent quelques fragments
avec des figures d’apôtres et de patriarches des tribus
d’Israël, d’une qualité remarquable pour l’expressivité
des figures et l’étude des ombres, qui les rapproche des
mosaïques du mausolée de Galla Placidia à Ravenne et de
Santa Maria Maggiore à Rome.
D’une beauté particulière
est le portail (image
1) qui mène à
la chapelle, en marbre de Carrare, datant du premier
siècle et parfaitement conservé. La décoration dense
comprend des motifs végétaux, des fruits, des oiseaux, des
dauphins et diverses déités parmi lesquels Jupiter et
Neptune ont été identifiés.
Le sacello
(chapelle) a une base
octogonale et est entièrement recouvert de marbres
polychromes (images
2, 3 et 4). Le
dôme, transformé en parapluie, est d’origine de la fin de
l’Antiquité ; pour alléger le poids de la structure dans
le toit, des tuyaux denses et des amphores creuses ont été
insérés. La décoration du dôme a été détruite au XVII
e siècle, probablement en raison du mauvais état
de conservation ou de l’iconographie aujourd’hui difficile
à comprendre.
Le
décor de mosaïques : La mosaïque de la Traditio
Legis où le Christ philosophe, parmi ses disciples,
remonte au VIesiècle (image
6). Elle a un
fond d’or intéressant, un signe que cette technique (en
usage depuis le Vesiècle), n’était pas une
prérogative de l’art byzantin. En effet, il a également
été utilisé en Occident. Dans la mosaïque de l’abside de
la chapelle de Saint-Aquilin (qui était peut-être à
l’origine un mausolée impérial), sont représentés les
Apôtres, assis dans un demi-cercle autour de la figure
centrale du Christ, dont les pieds sont posés sur un
récipient avec les parchemins des Saintes Écritures.
Toutes les figures sont immergées dans une mer de tuiles
d’or scintillantes, qui représente symboliquement la
lumière éblouissante du paradis. Assis sur le trône, Jésus
lève le bras droit et tient un livre ouvert dans sa main
gauche. Il est ainsi présenté dans le double rôle de roi
et de maître.
Beaucoup plus rare est
l’iconographie de l’autre abside représentant le Sol
Invictus. La mosaïque, fragmentaire, représente un
quadrige tiré par des chevaux blancs qui court dans le
ciel, escorté par des bergers, ce qui témoigne de
l’utilisation par l’iconographie chrétienne précoce de
thèmes caractéristiques des cultes précédents (voir les images 8 et 9).
»
Quelques
remarques concernant le commentaire précédent
Le portail (image 1) : Il est
effectivement très bien conservé. Seul problème : sa
datation. Il est en effet daté par le rédacteur de la page
Internet, du premier siècle de notre ère. Mais par son style
et sa forme, il s'apparente à beaucoup d'autres portails
d'églises d'Italie visibles sur notre site. Il est difficile
d'imaginer que tous ces portails soient aussi datables du
premier siècle et très peu des siècles suivants. De plus, si
le portail est du premier siècle de notre ère, le monument
qui le contient doit aussi dater du premier siècle. Mais ce
monument est une chapelle chrétienne, chapelle qui n'a pu
être exposée à la vue de tous qu'à partir du IVesiècle.
Cela signifierait que cette chapelle a été installée dans un
temple païen ... ce qui ne peut être prouvé .;. et qui est
peu probable au vu de la forme du bâtiment et de sa
décoration.
La Traditio Legis et le
Sol Invictus. Selon un article du quotidien La Croix, « Le
thème de la “Traditio legis”, où Jésus remet la Loi aux
Apôtres, remonte aux origines de l'art chrétien. Il figure
sur des sarcophages du IVe siècle : le Christ,
au centre et en majesté, dans la position jusque-là
dévolue à l'empereur, distribue les rouleaux aux Apôtres
alignés à ses côtés. Le collège apostolique, composé des
témoins de sa Résurrection pouvant attester qu'il était le
Messie, reçoit la mission d'aller évangéliser les nations.
Cette scène d'investiture est d'une grande importance pour
l'avenir de la communauté chrétienne : elle montre que la
mission apostolique, reprise par les évêques, se fonde
directement sur la parole divine. » Rappelons-nous :
nous avons déjà eu l'occasion de voir une représentation du
thème le de la Traditio Legis. Nous l'avions appelé,
peut-être à tort, « Jésus et les Docteurs de la Loi ». C'est
une des faces du sarcophage surmonté par la chaire de la
basilique Saint-Ambroise de Milan. Mais ce qui est
remarquable, c'est la scène représentée sur une autre face
du même sarcophage. On y voit, en effet, la quadrige du Sol
Invictus. On en déduit que les deux scènes sont liées. Sol
Invictus (Soleil Invaincu) est l'image du soleil, qui meurt
chaque soir et ressuscite chaque matin. Ce thème a été
récupéré par les chrétiens. Il le fallait bien. Comment en
effet expliquer que le soleil qui décrit un trajet bien
visible pendant le jour puisse passer de l'autre côté grâce
un trajet invisible ? Il doit être transporté par un char
invisible. Cela nous semble bizarre, mais pour les gens de
l'époque, c'était la seule explication possible. Le fait que
le Sol Invictus soit représenté sue un sarcophage chrétien
en même temps que d'autres symboles chrétiens permet de
penser que ce sarcophage est postérieur à l'an 330. Il doit
être de même en ce qui concerne les mosaïques de
Saint-Aquilin et la chapelle elle-même de Saint-Aquilin.
Nous remarquons que les mosaïques à fond d'or étaient,
d'après l'auteur, « en
usage depuis le Vesiècle ». Nous
ignorons les arguments de l'auteur en faveur de cette
hypothèse, mais elle correspond avec ce que nous avons
envisagé depuis un certain temps. Ce type de mosaïques
daterait des VIe- VIIesiècles.
Autres remarques
Une galerie court au-dessus des absides (images
2, 3 et 4). Nous pensons que cette galerie n'est
pas une simple galerie de circulation, permettant par
exemple d'accéder à des combles ou à un toit. Un
agrandissement des images
2 et 3 permet de détecter la présence de fresques
sur les parois des couloirs de cette galerie et l'image
5 montrerait un de ces couloirs peints. En
conséquence, nous pensons que cette galerie servait de
tribune réservée à une élite pour un spectacle. Le spectacle
d'une cérémonie. Cérémonie d'intronisation ? de
naturalisation ? de baptême ? de négociation ?
Un sarcophage paléochrétien a été déposé dans une des
absides (image 4).
Ce sarcophage présente sur la face avant le dispositif
caractéristique du triplet : partage de l'espace en 3
panneaux rectangulaires surmontés d'un fronton triangulaire
pour le panneau central et de frontons semi-circulaires pour
les extrêmes (image 7).
À l'intérieur des panneaux et sur les côtés du sarcophage,
sont insérées des scènes représentant à chaque fois une
croix monogrammée accompagnée pour l'une (image
8) de deux brebis, pour une autre (image
9) de la colombe du Saint Esprit, et, pour
une dernière (image 7)
d'une croix pattée. À noter que nous avons déjà vu ce type
de croix monogrammée. C'était à Milan dans la chapelle San
Vittore in Ciel d'Oro. L'image était estimée du IIIesiècle
de notre ère. De même, le sarcophage est lui aussi estimé du
IIIesiècle de notre ère. Nous pensons que dans
les deux cas, la datation est plus tardive, du Veou
VIesiècle. Manifestement, en pleine période de
persécutions, un sarcophage décoré de symboles chrétiens
risquait d'être dégradé et ne pouvait pas être sculpté pour
être ensuite exposé à la vue de tous.
Datation
envisagée pour la chapelle Saint-Aquilin de la
basilique Saint-Laurent de Milan : an 500 avec un écart de
150 ans.