L'église Saint-Georges du Vélabre de Rome 

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Nous n'avons pas visité cette église. C’est la raison pour laquelle les images de cette page proviennent d’Internet.

Ce monument a fait l'objet d'une monographie succincte dans le livre « Rome et Latium romans » de la Collection Zodiaque.

Dans les pages précédentes consacrées aux monuments du Latium, nous avons constaté que les historiens de l'art médiéval de cette province d'Italie, Ernesto Parlato et Serna Romano, négligeaient systématiquement les informations antérieures à l'an mille et dataient presque aussi systématiquement du XIIesiècle des monuments qu'ils estimaient romans, des monuments pourtant fort différents d'autres monuments romans d'Europe.

Voici quelques extraits du texte se rapportant à cette église : « L'église est mentionnée pour la première fois dans le Liber Pontificalis, comme fondation de Léon II (682-684) et son implantation est encore assurément médiévale : une basilique à trois nefs dont la largeur va en se rétrécissant vers l'abside (vraisemblablement pour utiliser la maçonnerie de fondations préexistantes). Munoz, ... puis Krautheimer et Venanzi, ont souligné ... comment apparaissent les traces d'une construction romane (c'est-à-dire postérieure à l'an mille). [...] »

Suivent des datations du XIIeou du début du XIIIesiècle. C'est probablement vrai pour le porche de l'église (image 1). En ce qui concerne la nef (images 2 et 3), le texte ne dit pas clairement qu'elle date de ces périodes, mais c'est sous-entendu dans les phrases ci-dessus.

Hormis l'allusion à des « fondations préexistantes », rien n'est dit sur le ou les édifices préexistants antérieurs au XIIesiècle. Mais là aussi, leur disparition quasi totale est sous-entendue. Pourtant il serait légitime d'en parler, l'église étant mentionnée dans le Liber Pontificalis. D'après l'encyclopédie en ligne Wikipedia,  « Le Liber Pontificalis (« Livre Pontifical ») est un catalogue chronologique de tous les papes et évêques de Rome, compilé à Rome dans des milieux proches de la curie à partir du
VIesiècle et qui s'arrête au IXesiècle. C'est une source de l’histoire du Haut-Moyen-Âge ; ses données doivent être reçues avec prudence, surtout pour la période antérieure à sa première rédaction qui reflète surtout l'état des connaissances de ceux qui l'ont écrit.
»

Essayons donc de parler de cet édifice censé exister depuis la fin du VIIesiècle. Il faut tout d'abord s'interroger sur la véracité de cette information. Le Liber Pontificalis a établi une chronologie des papes jusqu'au IXesiècle. Il a donc été sûrement écrit à la fin de cette chronologie, soit près de 200 ans après la fondation de Léon II. Ce laps de temps relativement important crée une incertitude sur l'authenticité de la fondation. Mais une incertitude légère si on tient compte du fait que les rédacteurs du Liber ont pu disposer de documents depuis disparus. Par ailleurs, bien que le texte de Wikipedia recommande, avec raison, la prudence dans la réception des données, on ne voit pas l'intérêt d'une falsification des écrits concernant la fondation d'une communauté.

Nombre d'auteurs associent la construction des églises à la fondation des communautés. Nous pensons que l'hypothèse est envisageable (on fonde la communauté et dans la foulée on construit l'église de cette communauté), mais ce n'est pas la seule (une communauté peut être fondée en remplacement d'une autre qui cède son église vieille de plusieurs siècles, une communauté peut s'épanouir plusieurs siècles après sa fondation et construire à ce moment là une grande église en remplacement de l'église primitive).

Revenons à cette fondation religieuse de la fin du VIIesiècle dédiée à Saint Georges. Nous pouvons être sûrs que très rapidement, il y a eu un lieu de culte même modeste à ce moment-là ; une communauté religieuse ne peut vivre sans la présence d'un lieu de culte. Essayons d'imaginer sa physionomie. Elle devait être semblable à celui d'une basilique paléochrétienne avec une nef à trois vaisseaux charpentés. Le vaisseau central devait être porté par des piliers rectangulaires ou plus probablement, puisqu'on est dans le Latium où l'usage est plus fréquent, par des colonnes cylindriques. Enfin la vaisseau central devait être prolongé par une abside unique. Quelles étaient ses dimensions ? En tout cas, on a une idée de son plan : c'est l'auteur précédemment cité qui nous l'apprend :  « (vraisemblablement pour utiliser la maçonnerie de fondations préexistantes) » . Le plan au sol doit donc être celui de l'église actuelle. À présent, il nous faut faire un très gros effort de réflexion pour essayer de l'imaginer. Comment était-elle ? Une toute petite idée ! Regardons l'image 2 ! C'est ça ! C'est exactement la description de l'église primitive.

On a deux possibilités. La première de ces possibilités, c'est que l'église primitive était exactement semblable à celle de l'image 2. Elle a été détruite par une invasion d'Aliens peu avant l'an mille. Puis elle a été rebâtie à l'identique au début du XIIesiècle. C'est l'hypothèse suggérée par la grande majorité des historiens de l'art.

La deuxième des possibilités, c'est que nous sommes en présence de l'édifice primitif. Du VIIesiècle ? C'est à voir. C'est notre hypothèse. Nous sommes des hérétiques. Nous ne croyons pas aux Aliens.

Il reste à voir de quand date cette église, en utilisant nos critères basés sur l'analyse de l'architecture de la nef. Nous sommes en présence d'une nef à trois vaisseaux. Le vaisseau central est porté par des piliers cylindriques, les arcs reliant ces piliers sont simples. On en déduit l'intervalle de datation [500-800]. Ajoutons à cela l'absence de transept. Ceux-ci semblent apparaître après l'an 800. Seul bémo,l la présence de grandes fenêtres à l'abside. Mais celles-ci ont pu être percées ultérieurement.

Une fois n'est pas coutume. Nous pourrions disposer d'une opportunité. Nous avons écrit ci-dessus : « Nombre d'auteurs associent la construction des églises à la fondation des communautés. Nous pensons que l'hypothèse est envisageable (on fonde la communauté et dans la foulée on construit l'église de cette communauté) », en ajoutant aussitôt après quelques réserves. Il semblerait cependant que dans ce cas précis, il y ait coïncidence avec les testes écrits et nos estimations de datation. Cela pourrait se révéler très intéressant, en permettant à nos successeurs dans cette recherche de restreindre les intervalles de datation.


Datation envisagée pour l'église Saint-Georges du Vélabre de Rome : an 700 avec un écart de 75 ans.