L'église Santa Maria dei Lumi de Bassano in Teverina
Nous n'avons pas visité cette église. Les images ci-dessous
sont extraites d'Internet.
Ce monument a fait l'objet d'une monographie succincte
écrite par Enrico Parlato dans le livre « Rome
et Latium romans » de la Collection Zodiaque.
En voici la transcription : «
L'église se trouve
presque à l'extrémité du bourg fortifié et est datée entre
le XIeet le XIIesiècle
(Raspi-Serra, 1974). La construction, de plan basilical,
est scindée par deux rangées de colonnes reliées par des
arcs et couverte par une charpente apparente. Les deux
dernières colonnes de la partie du chœur remontent par
contre à une phase ultérieure de construction.
Un intérêt spécial s'attache aux chapiteaux en péperin à
terminaison en volutes. Ils sont ornés de décor végétal et
animal , avec des motifs d'entrelacs, inspirés du
répertoire du Haut-Moyen-Âge. Il s'agit d'une persistance
que l'on retrouve également à Saint-Eusèbe de Ronciglione,
dans les chapiteaux de Sainte-Marie et Saint-Sauveur de
Vasanello, et, sur la rive opposée du Tibre, dans les
environs d'Amelia, à Saint-Simèon de Porchiano (XIesiècle,
cf Bertelli, 1985). »
Nous allons à présent examiner cette église en fonction des
critères que nous nous imposons. C'est une église à nef
triple. Les trois vaisseaux sont charpentés. Elle est dotée
d'une abside unique à plan rectangulaire.
Les piliers porteurs du vaisseau central sont cylindriques
(de type C0000).
Ce sont des colonnes monolithes en marbre. Les colonnes et
chapiteaux sont dépareillés, ce qui laisse envisager qu'il a
pu y avoir des travaux de réfection par remplacement de
chapiteaux et de colonnes. Les arcs reliant ces piliers sont
simples.
On remarque aussi l'absence de transept.
Tous ces détails sont des indicateurs d'ancienneté de cette
église, plus proche dans sa conception des basiliques
romaines paléochrétiennes que des basiliques romanes du XIIesiècle.
D'une façon générale, nous estimons que ce type de
construction est antérieur à l'an 800.
Il existe un autre argument qui devrait attirer l'attention
du lecteur. L'auteur attire notre attention sur certains
chapiteaux, « avec des
motifs d'entrelacs, inspirés du répertoire du
Haut-Moyen-Âge. Il s'agit d'une persistance que l'on
retrouve également à ... » et l'auteur cite des
églises ... qu'il attribue au XIesiècle..
Mais où sont les modèles du Haut Moyen-Âge, c'est-à-dire du
VIIe ou VIIIe siècle, qui ont inspiré les
artistes 4 siècles plus tard ? Comprenons bien : les
artistes de la Renaissance ou de la période Classique se
sont inspirés de modèles antiques grecs ou romains qu'ils
avaient sous les yeux. Mais ce n'est pas le cas ici : les
artistes du XIesiècles se seraient inspirés
de modèles du Haut-Moyen-Âge qui, a priori, n'existent pas !
ou du moins que l'auteur ne mentionne pas. Essayons de
discuter - par la pensée et à plusieurs décennies de
distance - avec Enrico Parlato : « Monsieur
Parlato, vous nous dites que des artistes du XIesiècle
se sont inspiré de modèles du VIIesiècle.
Selon vous donc, il y a eu, au VIIesiècle,
construction d'au moins un édifice doté de chapiteaux de
ce style ? (Remarque
: tout comme en paléontologie, la découverte d'une dent
signifie celle de l'individu qui l'a portée, en archéologie,
la découverte d'un chapiteau induit celle du bâtiment qui
l'a porté). Pouvez-vous
nous préciser où se trouve cet édifice ? Ou bien s'il a
disparu, où il se trouvait et quels en sont les restes ?
» Nous sommes persuadés que cet historien de l'art et avec
lui tous les autres spécialistes qui adhèrent à ses thèses
se révélera incapable de répondre. Et nous terminerons la
discussion par cette question que beaucoup trouveront
indécente. « Ne
serait-il pas possible que cette église Santa Maria dei
Lumi que vous décrivez si bien soit justement la
construction du Haut Moyen-Âge que vous cherchez en vain
? ».
Remarque :
les chapiteaux du Haut Moyen-Âge décrits par M Parlato sont
à peine visibles sur les images
3 et 5. Nous
regrettons qu'il n'y ait pas eu d'image plus précise.
Datation
envisagée pour l'église Santa Maria dei Lumi de
Bassano in Teverina : an 700 avec un écart de 150 ans.