Le musée archéologique de Venosa
Des lions sont représentés sur les images 1 et 2. Ils
soutenaient probablement les colonnes d'un porche. Celui de
l'image 1 se
révèle afficher un visage rieur. Est-ce le fait du hasard ou
d'une volonté délibérée du sculpteur ? C'est en tout cas la
première fois que nous voyons une telle scène dans l'art
roman. Nous datons ces deux sculptures de l'an 1100 avec un
écart de 100 ans.
Les images suivantes sont plutôt réservées à un usage
interne pour nos recherches. Nous avons en effet beaucoup de
difficultés à les dater et les interpréter.
Le chapiteau de l'image 3
relève de l'ordre ionique. Cela signifie-t-il pour
autant qu'il existait à Venosa un temple grec d'ordre
ionique ? Nous l'ignorons. Pour en être certains, il
faudrait disposer de renseignements que nous n'avons pas (
provenance du chapiteau, existence d'autres chapiteaux
analogues ...).
Une croix pattée orne le tailloir (ou l'imposte ?) de l'image 5. Concernant cette pièce, nous avons le choix entre deux datations : l'Antiquité tardive (IVe- Vesiècle ) ou le XIIIe- XIVesiècle. Nous penchons plutôt en faveur de la seconde hypothèse. Par son style, cette croix s'apparente aux croix d'ordres militaires, templiers ou hospitaliers. Le fait que l'abbaye Venosa ait été cédée aux hospitaliers à la fin du XIIIesiècle vient confirmer cette hypothèse.
Une sirène tenant sa queue dressée orne le chapiteau de l'image 6.
Un couple s'expose sur la sculpture funéraire de l'image 9 qui semble dater de l'Antiquité tardive (du IVeau VIesiècle).
Datation
envisagée pour le musée archéologique de Venosa
Les éléments exposés dans ce musée recouvrent un
large éventail de datation : du IIIeau XIVesiècle.
Nous pensons cependant que la partie la plus importante
concerne l'Antiquité tardive : an 400 avec un écart de 200
ans.
Nous avons surtout constaté la rareté et la pauvreté de ces
monuments. Il faut dire que le Basilicate est une des
régions les plus pauvres d'Italie. Voire même la plus
pauvre.
La rareté se manifeste aussi et avec davantage d'acuité pour
les monuments dits « romans ». Nous n'en connaissons que
deux : Saint-Jean-Baptiste de Matera et la seconde église de
la Santissima Trinita de Venosa. Et encore !
Saint-Jean-Baptiste de Matera est un édifice de transition
entre l'art roman et l'art gothique. Et certains détails de
la seconde église de la Santissima Trinita ressemblent
fortement à des œuvres préromanes. Cette rareté d'ouvrages
du XIeou du XIIesiècle pose
question. Car inversement, les œuvres antérieures à l'an
mille semblent un peu moins rares.Nous aurons l'occasion de
réexaminer le problème lors de notre étude sur les autres
régions d'Italie et, en particulier l'Italie du Sud (
Calabre, Campanie, Pouilles, Sicile). Que s'est-il donc
passé durant le Premier Millénaire dans ces régions ?
Et pas seulement celles-ci. Parce qu'on constate le même
phénomène de rareté ou d'absence de monuments entre le IXeet
le XIIIesiècle dans toutes les régions situées
au Sud de l'Europe et au Nord de l'Afrique. Naguère,
l'explication était simple : les destructions par les
invasions barbares. On n'oubliait que deux choses : il n'y a
pas trace de destructions durant cette période, les
envahisseurs s'attaquent en priorité aux riches.
L'explication doit donc être trouvée ailleurs : changements
climatiques d'ordre naturel ? épuisement des sols dûs à
l'intervention humaine ?