L’église Saint-Martin d’Arnad
Nous n'avons pas visité cette église.
Les images de cette page sont extraites de galeries
d'Internet.
La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église
nous apprend ceci :
« Histoire
Pour découvrir les origines de cette église, il faut
remonter au IXe siècle, lorsqu'elle fut bâtie
dans la plaine d'Arnad-le-Vieux, en tant que chapelle du
monastère de l’ordre de Saint-Benoît de Fruttuarial. Des
traces de cette période ont été retrouvées dans les
fondations de l'abside centrale. Au cours du XIe
siècle, une inondation détruisit l'église paroissiale
dédiée à saint Germain d’Auxerre, située en aval. La
chapelle du monastère devint alors la nouvelle église
paroissiale du bourg d'Arnad. L'édifice original fut
reconstruit presque entièrement et élargi, pour acquérir
enfin la structure d'une basilique à trois nefs qu'il
présente encore de nos jours. Les murs de l'église romane,
bâtis entre le XIe et leXIIe siècle,
sont presque entièrement en pierre, la partie restante
étant constituée par des rochers de tuf de la Doire
Baltée. Le toit était sans doute soutenu par un système en
treillis au-dessus de la nef centrale, et par des voûtes
en berceau au-dessus des nefs latérales. Selon une
comparaison avec d'autres églises romanes, en dessous de
l'abside se trouvait probablement une crypte. Près de
l'église se dressait un clocher, dont il ne reste
aujourd'hui que l'ancienne structure romane dans la partie
basse, la partie restante ayant été objet de modifications
successives. En 1181, les moines de Saint-Benoît
quittèrent la Vallée d'Aoste et cédèrent l'église d'Arnad
au prieur de la prévôté de Saint-Gilles à Verrès. »
Analyse de l’architecture
de l’édifice
Le plan de l’édifice est issu de celui des premières
basiliques romaines : nef à trois vaisseaux charpentés avec
le vaisseau central surhaussé par rapport aux collatéraux,
vaisseau central porté par des piliers à section
rectangulaire et des arcs en plein cintre. On remarque par
ailleurs l’absence de transept.
En fait, il existe des modifications par rapport au plan des
basiliques primitives. Nous avons écrit ci-dessus que les
vaisseaux étaient « charpentés », ce qui n’est pas le cas
actuellement. Mais comme d’ailleurs le laisse entendre le
texte de Wikipédia, à l’origine, le vaisseau principal était
charpenté. Nous pensons qu’il devait en être de même pour
les bas-côtés. Autre observation : dans les églises
paléochrétiennes, il y a en général une seule abside
semi-circulaire située dans le prolongement du vaisseau
central. Ici on en a trois. Les églises à nefs à trois
vaisseaux avec trois absides en prolongement de ces trois
vaisseaux sont très nombreuses. Leur plan aurait été utilisé
pendant plusieurs siècles. Elles auraient succédé aux
premières basiliques paléochrétiennes. Une remarque
toutefois dans le cas présent : il est possible que le
collatéral Sud et son absidiole aient été modifiés à une
époque indéterminée ; lorsque les absides sont situées dans
le prolongement des collatéraux, elles sont accolées. Ce
n’est pas le cas de l’absidiole Sud détachée par rapport à
l’abside centrale (image 5).
L’abside centrale est décorée d’arcatures lombardes
(première génération de ce type d’arcatures).
Revenons à l’analyse de l’auteur du texte de Wikipédia : « Au
cours du XIe siècle, une inondation détruisit
l'église paroissiale ... La
chapelle du monastère devint alors la nouvelle église
paroissiale ...
L'édifice original fut reconstruit presque entièrement et
élargi, pour acquérir enfin la structure d'une basilique à
trois nefs qu'il présente encore de nos jours ».
Nous pensons à ce sujet que, comme la plupart des historiens
de l’art, l’auteur est influencé par la « victimisation de
l’art préroman », une attitude qui se résume en quelques
mots : « Avant l’an mille, à cause des invasions barbares,
les populations étaient très pauvres et incapables de
construire des églises grandes et belles. Après l’an mille,
tout cela a changé et on a pu construire des églises grandes
et belles ». Une conséquence de cette victimisation est
l’incapacité des historiens à imaginer que les nefs à trois
vaisseaux étaient présentes dans la majorité des églises de
moyenne importance avant l’an mille.
Une des objections qui peut être faite au raisonnement
développé dans le texte de Wikipédia (raisonnement rencontré
à plusieurs reprises) est qu’une nef à un seul vaisseau ne
peut être « élargie » en une nef à trois vaisseaux. A priori
l’opération semble simple : il suffit de creuser des
ouvertures dans les murs latéraux de la nef unique, d’y
installer des piliers et des arcs, puis construire des murs
extérieurs afin d’avoir une nef à trois vaisseaux. Dans la
pratique, la méthode est plus complexe et plus coûteuse que
la solution consistant à tout détruire pour construire
quelque chose d’entièrement neuf. Est-ce que c’est ce qui
s’est passé ici ? Nous ne le pensons pas. Si les
constructeurs avaient voulu construire au XIe
siècle quelque chose de neuf, ils l’auraient fait avec les
techniques et les méthodes de l’art roman : pierres
soigneusement taillées, arcs doubles ou brisés, portés par
des colonnes semi-cylindriques, des chapiteaux et des
tailloirs. Cependant, il est possible que les piliers et
arcs en plein cintre de cette nef (images
6, 7 et 8) aient été refaits ou plus exactement
restaurés à une autre période. Cette période ne serait
cependant pas romane ou gothique mais plutôt baroque, une
période attachée au camouflage sous des décors apparemment
somptueux des petits défauts hérités du passé, mais peu
propice aux grandes innovations.
Image 5 :
Ensemble de croix monolithes, peut-être préromanes.
Image 9 : Restes
d’une fresque extérieure à l’église. Dans ces régions
montagneuses (c’est aussi le cas en Autriche), les voyageurs
et pèlerins étaient souvent accueillis par ce type de
fresque représentant Saint Christophe. Datation : XVe
ou XVIe siècle.
Datation
envisagée pour l'église Saint-Martin d’Arnad : an
850 avec un écart de 150 ans.