La cathédrale Santa Maria Assunta d’Aoste  

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Nous n'avons pas visité cette cathédrale. Les images de cette page sont extraites de galeries d'Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

L’origine de la cathédrale d’Aoste remonte aux premières étapes de la propagation du christianisme dans la Vallée d’Aoste : déjà vers la fin du IVe siècle, là où se trouve aujourd’hui la cathédrale, il existait – comme l’ont prouvé les fouilles archéologiques effectuées – une
Domus Ecclesiae de proportions considérables.

L’église a été entièrement reconstruite au XIe siècle, à la demande d’Anselme Ierqui fut évêque d’Aoste entre 994 et 1025 (à ne pas confondre avec Anselme d’Aoste
(NDLR : il s’agit d’Anselme de Cantorbéry, né à Aoste, philosophe et saint, né en 1033). L’église d’Anselme avait un plan basilical à trois nefs avec un toit en treillis de bois ; le portail d’entrée a été placé au centre du côté sud. L’abside principale, semi-circulaire, était flanquée de deux clochers.

Dans la cathédrale “Anselmiana”, sur le côté Ouest, il n’y avait pas de véritable façade, mais seulement une “pseudo-façade” saillante qui, dans la partie inférieure, n’avait pas de portail d’entrée, mais reposait sur les structures murales au-dessus du cryptoportique de l’époque romaine. Les trois nefs étaient marquées par six paires de piliers quadrangulaires et une paire de piliers en faisceau, de section quadrilobée. Les dimensions de l’église étaient de 54 x 32,4 mètres, avec une hauteur de plus de 15 mètres pour la nef centrale et de 9 mètres pour les nefs latérales. L’intérieur de la nef centrale a été décoré d’un cycle extraordinaire de fresques disposées sur différents registres. Les peintres, de la “région lombarde”, engagés dans la réalisation de ce programme décoratif étaient, selon toute vraisemblance, les mêmes qui ont peint à fresque la collégiale de Saint Ours à Aoste.

Vue du côté oriental, la cathédrale ne comportait pas moins de cinq absides : une grande abside qui fermait la nef centrale, les deux absides par lesquelles se terminaient les nefs mineures et deux autres absides taillées dans l’étage inférieur des clochers. Le chœur était dans une position un peu élevée par rapport au sol de l’église. Sous le chœur, déjà à la fin du Xe siècle, une crypte à trois nefs, avec des voûtes croisées soutenues par des colonnes agiles avec des chapiteaux médiévaux en marbre, avait été construite. Dans la seconde moitié du XIe siècle, la crypte, à la suite d’un effondrement probable, a dû être reconstruite : seules les premières travées conservent les colonnes primitives, tandis que pour les autres baies, de robustes colonnes romaines ont été utilisées. Adossé à la nef nord, un cloître a été construit comme espace de rencontre et de prière pour les chanoines.

Toujours dans la seconde moitié du XIe siècle, l’église a été agrandie avec la construction du westwerk (massif occidental) sous la forme d’une deuxième abside placée en correspondance avec la nef centrale flanquée de deux autres clochers. C’est ainsi qu’a été réalisé un projet de construction qui a vu la nef centrale fermée par deux absides opposées, chacune d’elles flanquée d’une paire de clochers (adoptant un choix nordique qui a ensuite trouvé un autre exemple à proximité dans la cathédrale contemporaine d’Ivrée). Alors que le chœur de l’abside orientale, dédié à Maria Assunta, fonctionnait pour le collège des chanoines présidé par l’évêque, celui de l’abside occidentale, dédié à saint Jean-Baptiste, était utilisé pour les cérémonies paroissiales.

Les mosaïques sur le sol du chœur remontent à des années entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle.


Vers la fin du XIIe siècle, alors que déjà – sur la vague de la culture architecturale qui émergeait en France – les choix esthétiques des commanditaires étaient orientés vers le gothique, le jubé fut construit : une grande tribune soutenue par des arcs qui délimitait le chœur (l’espace réservé aux prêtres) de l’espace réservé aux fidèles, et qui servait également de chaire. Cette structure n’a été démolie qu’en 1838. »


Commentaires sur le texte de Wikipédia

Concernant la phrase, « déjà vers la fin du IVe siècle, là où se trouve aujourd’hui la cathédrale, il existait – comme l’ont prouvé les fouilles archéologiques effectuées – une Domus Ecclesiae de proportions considérables. », nous n’avons pas pu trouver sur Internet de plan de fouilles ou tout autre document permettant de localiser cette
« Domus Ecclesiae » et de prouver sa datation vers la fin du IVe siècle.

De même, nous aimerions connaître la nature exacte du type de document, ainsi que son contenu, qui justifierait le message : « L’église a été entièrement reconstruite au XIe siècle, à la demande d’Anselme Ierqui fut évêque d’Aoste entre 994 et 1025... ». Cette phrase est en effet dépourvue d’ambiguïté. L’expression « entièrement reconstruite » signifie qu’il y a eu destruction totale d’un édifice antérieur et construction d’un nouvel édifice, et ce, peu après l’an mille . Nous aimerions donc connaître l’exactitude de cette information. Concernant la construction des monuments antérieurs à l’an 1200, nous rencontrons en effet beaucoup trop d’affirmations péremptoires peu ou mal argumentées.

La dédicace de l’église à Notre-Dame de l’Assomption est significative de l’ancienneté de l’implantation d’une cathédrale en cet endroit. Nous estimons en effet qu'à l’origine, toutes (ou presque toutes) les cathédrales étaient dédiées à Notre-Dame de l’Assomption. Elles étaient aussi beaucoup plus nombreuses qu’à présent, les diocèses étant de taille plus réduite. Nous verrons d’ailleurs dans les pages suivantes qu’il y a deux autres églises du Val d’Aoste dédiées à Notre-Dame de l’Assomption, à Morgex et Villeneuve.

Autre intérêt de ce texte : l’existence d’une contre-abside, côté Ouest (« l’église a été agrandie avec la construction du westwerk (massif occidental) sous la forme d’une deuxième abside placée en correspondance avec la nef centrale... »). L’auteur du texte place cette construction ... au XIe siècle. Nous l’estimons antérieure d’au moins un siècle (plutôt deux). Nous pensons qu’il s’agit là d’une invention « impériale ». En fait, il existe des églises avec contre-abside pour des temps très reculés mais l’usage se serait un peu plus répandu au IXe ou Xe siècle en pays germanique (Mayence, Worms, Saint-Michel d’Hildesheim, Trèves,…), et pour la France, Dijon et Nevers. Nous appelons « impériales » ces églises, car pour nombre d’entre elles, elles auraient été édifiées à l’initiative des empereurs ou de princes puissants. Nous avons émis l’hypothèse selon laquelle le côté Est était réservé au pouvoir spirituel et le côté Ouest au pouvoir temporel. Avec, il faut le comprendre, une interpénétration des deux. Ainsi, il y avait quelque chose de religieux dans le fait que l’abside était semi-circulaire côté Ouest : le monarque ne l’est-il pas de « droit divin » ? Les dédicaces que l’on a ici confirment cette idée. Il faut savoir en effet que durant le Haut Moyen-Âge, jusqu’aux alentours de l’an 900, il n’y avait pas une cathédrale mais un groupe cathédral contenant la cathédrale dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, le baptistère dédié à Saint-Jean Baptiste, et éventuellement d’autres églises. Seul l’évêque procédait aux cérémonies du baptême. L’évêque, successeur des apôtres envoyés évangéliser le monde par la Vierge Marie lors de son Assomption, était responsable de sa paroisse spirituellement mais aussi matériellement : l’évêque était aussi prince pour sa communauté. Et, en ce qui concerne les pays germaniques, cela a duré très longtemps. Il y a eu des princes-évêques jusqu’au XIXe siècle (exemple de Salzbourg). Il est donc probable qu’il y ait eu à Aoste un prince-évêque qui exerçait son pouvoir temporel (pouvoir de justice, contrôle financier ou fiscal … mais sous le contrôle d’un chapitre), côté Ouest, dans la partie de cathédrale qui lui garantissait ce pouvoir (puisqu’elle était dédiée à Notre-Dame de l’Assomption), et son pouvoir spirituel, côté Est, dans la partie de cathédrale dédiée à Saint-Jean Baptiste.


Analyse de l’architecture de l’édifice

L'image 1 fait apparaître un décor baroque qui camoufle les traces d’ancienneté. L'image 2 des deux clochers est plus instructive. Leur décor d’arcatures lombardes et de baies géminées les rangent, selon nous, parmi les édifices construits au XIe siècle.

Les images 3 et 4 de l’intérieur sont plus révélatrices. Elles confirment la description du texte de Wikipédia : « L’église d’Anselme avait un plan basilical à trois nefs avec un toit en treillis (charpente) de bois ... Les trois nefs étaient marquées par six paires de piliers quadrangulaires et une paire de piliers en faisceau, de section quadrilobée ». Nous n’avons pas vu sur ces images la paire de piliers « en faisceau, de section quadrilobée ». Cependant ces images montrent bien la différence fondamentale entre deux styles d ‘architecture, l’archaïque, repérable aux puissants piliers à section rectangulaires portant des arcs en plein cintre, et le plus évolué, visible dans la couverture du vaisseau central portée par des croisées d’ogives accrochées aux murs à partie de consoles. Si nous estimons le premier style antérieur à l’an mille, le second doit être postérieur au XIVe siècle.

Nous n’apprenons pas grand-chose sur les images de la crypte (images 5 et 6), qui, comme cela existe dans beaucoup d’églises, a pu être érigée à l’intérieur de l’édifice construit auparavant. Il est possible que les mosaïques du chœur, ainsi décrites, « Les mosaïques sur le sol du chœur remontent à des années entre la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle. », permettent de dater cette crypte des environs de l’an 1200. En effet, pour construire une crypte à l’intérieur d’un bâtiment, il faut procéder comme pour l’installation d’une mezzanine : on pose un plancher sur des piliers. Si donc une crypte a été construite à l’emplacement du chœur, il a fallu aménager non seulement le niveau inférieur de la crypte elle-même, mais aussi l’église supérieure, et, en particulier, le nouveau sol de celle-ci. D’où la nécessité de réaliser son pavement.

Image 7 : Ce serait la mosaïque du chœur. En fait, une petite partie de celle-ci. On y voit, en haut et à droite, un bonhomme nu tenant une outre de laquelle l’eau s’échappe. La légende « TIGRIS » placée tout à côté est claire : il s’agit de la personnification du Tigre, un des quatre fleuves du Paradis Terrestre. Il manque les trois autres fleuves du Paradis. La mosaïque originale devait être au moins quatre fois plus grande. Elle devait représenter la Création. On y voit divers animaux ; certains réalistes : un ours, un poisson ; d’autres fantastiques : une chimère, un griffon, un hybride à avant-corps d’antilope et queue de poisson, un hybride à queue de serpent, aile d’oiseau et tête humaine démoniaque.

Image 8 : Détail de l’image précédente : une chimère. On reconnaît le cou et la tête de chevreuil sortant du corps de l’animal, un molosse. Il est possible que cette scène symbolise le rythme des saisons (l’été émerge de l’hiver) ou des idées plus philosophiques (un bien peut s’extraire d’un mal).

Images 10 et 11 : Fresques préromanes ? Le doute est rendu possible par le fait que les bâtiments représentés sur l'image 10 semblent proches de ceux représentés sur des mosaïques de Ravenne.

Image 12 : Diptyque d’Anicius Probus. Il s’agit d’un diptyque en ivoire déposé au musée de la ville d’Aoste. Il représente le consul Anicius Probus et l’empereur Honorius. Pour plus d’informations, consulter cette page de la Revue Archéologique. Flavius Honorius a été empereur d’Occident entre 395 et 423.


Datation envisagée pour la cathédrale Santa Maria Assunta d’Aoste : an 700 avec un écart de 200 ans.

Remarque : cette évaluation ne concerne que l‘édifice initial. Elle a été effectuée à partir des seuls piliers et arcs en plein cintre visibles à l’intérieur de l’église. D’autres travaux auraient été entrepris postérieurement : westwerk (Xe siècle), clochers (XIe siècle), cloître.