La chapelle Saint-Pancrace du Château de Dorf Tirol  

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Nous n'avons pas visité ce château, c’est pourquoi les images de cette page ont été collectées sur Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à ce château nous apprend ceci :

« Histoire

La colline du château est habitée depuis la préhistoire. De nombreuses découvertes et un cimetière du début du Moyen-Âge en témoignent. Dans les années 1990, les archéologues ont mis au jour une église paléochrétienne à trois absides sur une pente en dessous du château. Le bâtiment précédent était une habitation romaine, qui a été transformée en église chrétienne avec une abside vers le VIe siècle. On ne sait pas à quels saints cette église a été dédiée en raison d’un manque de documents. Dans cette église-halle, les restes d’un monument funéraire en pierre ont été trouvés. Selon l’inscription, l’enfant d’une famille de haut rang s’appelait “Lobecena” et était enterré dans une robe de baptême blanche. Les fouilles comprennent également une boîte à reliquaires. Au Xe ou XIe siècle, une église à trois absides y a été construite sur le même site. En raison de sa situation défavorable à flanc de colline, cette église a été abandonnée et désacralisée au XIe siècle. Les pierres ont été utilisées pour la construction de la première phase du complexe actuel du château. Les vestiges de la maison ont servi de bâtiment utilitaire pour le château pendant un certain temps.

Grâce à des recherches intensives sur la construction au château du Tyrol, un total de 30 phases de construction du XIe siècle à l’époque moderne ont été confirmées et documentées par l’analyse des bâtiments. Le premier complexe du château a été construit avant 1100. La deuxième phase de construction du château dynastique, auquel appartient également le donjon, est datée de 1139/1140. Au cours du XIIe siècle, le château a été donné aux comtes du Tyrol, une famille noble bavaroise, pour créer leur propre territoire dans la partie sud du duché de Bavière.
[...]

La chapelle du château

D’un point de vue historique de l’art, les fresques de la chapelle du château et les magnifiques portails romans avec d’opulentes figures sculpturales en marbre, dont certaines montrent des créatures mythiques, des motifs religieux et des ornements géométriques, sont particulièrement intéressantes. Le remarquable “autel ailé du château du Tyrol”, de style gothique, situé à l’étage supérieur de la chapelle, a été enlevé au XIXe siècle et se trouve aujourd’hui au Musée d’État du Tyrol Ferdinandeum. Il a été remplacé par une réplique fidèle par le groupe d’artistes Unika de Val Gardena. Le sanctuaire de l’autel au sous-sol est l’œuvre de Hans Klocker. 
»


Commentaires sur le texte ci-dessus

L'intérêt de ce texte est de nous montrer l'importance que devait avoir le lieu. On nous parle de l'existence d'une basilique préromane à nef à trois vaisseaux qui se situait sur la pente en contrebas du château. Mais cette existence est en soi paradoxale, car on pourrait s'étonner que les bâtisseurs du Haut Moyen-Âge aient construit un édifice au flanc d'une petite colline et rien au dessus. D'où l'idée que dès le Haut Moyen-Âge, il pouvait y avoir une construction à l'emplacement du château. Était-ce un château ? Un palais ? Une église ? La forme même du château fait penser à celle d'une église à nef unique et abside semi-circulaire (images 1et 2). Sa hauteur élevée est caractéristique d'une église à deux étages : une église inférieure devenue crypte et une église supérieure réservée au culte (images 24, 25 et 26).

Le texte nous dit que des pierres de l'église disparue (découverte lors des fouilles) ont été utilisées pour construire le château. Par ailleurs, le même texte nous apprend que ce château aurait été édifié à partir du XIe siècle. Tout cela nous interroge quelque peu, car les divers éléments que nous retenons des images que nous voyons nous amènent à penser que les portails des images 7 et 18, l'arc triomphal de l'image 25 et le linteau échancré de la fenêtre absidale de l'image 27, bien intégrés dans la construction, pourraient être antérieurs à l'an 1000.


Images 3, 4, 5 et 6 : Colonnettes et chapiteaux de fenêtres doubles ou triples. Nous estimons que ces éléments de style roman ou néoroman ne correspondent pas aux pratiques architecturales des périodes romanes ou gothiques. En une phrase : au XIIe ou au XIIIe siècle, les propriétaires de châteaux-forts n’envisageaient pas de construire de grandes fenêtres ouvertes vers l'extérieur. Plus sûrement, c'est le propriétaire du château qui, à l'époque moderne, a fait réaliser cette construction. Il a utilisé des colonnes ou des chapiteaux récupérés sur un cloître, ou fait sculpter des imitations (la représentation des animaux fantastiques des chapiteaux nous semble néoromane).

Image 7 : Portail roman menant probablement à « l'église supérieure ».

Image 8 : Partie supérieure du portail de l'image 7. On trouve là un ensemble de détails très intéressants :

– Le tympan : il est décoré d'une seule figure, un ange ; probablement, Saint Michel faisant le signe de la Main de Dieu (annulaire et auriculaire repliés, pouce, index et majeur levés) et portant un bâton de procession surmonté d'une fleur à trois pétales (fleur de lys ?).

– Ce tympan est encerclé par une première voussure portant des entrelacs de type « carolingien ».

– Puis vient une deuxième voussure formée de tiges entrelacées encadrant de larges feuilles.

– Enfin une troisième voussure un peu plus complexe contenant diverses scènes avec animaux fantastiques. De gauche à droite : un rapace (aigle ou faucon), scène dite des « oiseaux au canthare » (remarque : les oiseaux sont protégés par des cyprès recourbés), un griffon, deux loups à queue terminée par une fleur de lys encadrant un homme qui saisit leurs pattes (un oiseau est au-dessus du loup de droite), un cerf, une sorte de chimère à tête de lion et queue de dragon.

Image 9 : Détail du tympan.

Image 10 : Partie supérieure du piédroit de droite du portail de l'image 7. Il s'agit très probablement d'un bloc récupéré sur un monument antérieur. Il représente très certainement un lion à queue feuillue. Il manque une partie de la queue qui devait dépasser au-dessus du corps.

Image 11 : Autre lion à queue feuillue.

Image 12 : Bélier (détail du piédroit de gauche du portail de l'image 7).

Image 13 : Griffon (détail de la voussure supérieure du portail de l'image 7).

Image 14 : Homme entre les deux loups (détail de la voussure supérieure du portail de l'image 7).

Image 15 : Chimère (détail de la voussure supérieure du portail de l'image 7).


    Image 16 : Portail roman de l'église inférieure. La voussure supérieure est décorée de scènes apparemment hétéroclites. De gauche à droite : deux hommes allongés tête-bêche tirant sur une corde, deux lions en file indienne, un personnage (assis ?) dans une mandorle, des entrelacs carolingiens, une créature fantastique non identifiée, un oiseau.

    Image 17 : La tympan du portail roman de l'église inférieure. On y voit une descente de croix. La représentation est naïve, avec une croix en V (pour quelles raisons ?). On ne sait pour quelles raisons les personnages (dont le Christ) ne sont pas auréolés. Par contre, toute la scène est portée par des ailes censées envoyer tout le monde vers le Ciel.

    Image 18 : Représentation d'un centaure tirant des flèches.

    Image 19 : Scène du Péché Originel.

    Image 20 : Scène dite de Samson et le lion. Il s'agit d'une épisode de la Bible où il est dit que Samson a arraché la gueule d'un lion. Mais la Bible ne dit pas que le lion s'attaquait à un bélier. De toute façon, plus qu'une histoire légendaire, cette scène à une valeur symbolique. Ou plus exactement diverses interprétations symboliques dont certaines peuvent être indépendantes du texte biblique (exemple : Hercule et le lion de Némée).

    Image 21 : Scène du dessus, lion à queue feuillue.

    Image 22 : Chimère. Cette bête fantastique que l'on voit ici sur un portail chrétien aurait été créée dès l'antiquité dans un milieu païen. Sa représentation, corps et tête de lion et queue de dragon, avec deux gueules et corps de serpent sortant de son dos, existait aussi dans l'antiquité avec des variantes. Le symbolisme est difficile à interpréter. Peut-être est-ce le symbole de mort et de résurrection : l'homme dévoré par la grande gueule, à gauche, semble être rejeté par la queue, à droite.

    Image 23 : Autre chimère. Celle-ci est surmontée par un oiseau.

    Image 24 : La chapelle divisée en deux parties par la poutre de gloire.

    Image 25 : L'arc triomphal est porté par des impostes (signe d'ancienneté). On distingue sur cet arc, à gauche, un taureau ailé tenant un livre (symbole de l'évangéliste Luc), un oiseau tenant un livre (symbole de l'évangéliste Jean) au centre, l'Agnus Dei, à droite , sur une même pierre, un oiseau et un lion (non ailé) tenant un livre (symbole de l'évangéliste Marc ?). À remarquer l'absence du symbole de Mathieu.

    Image 26 : Vue de la partie supérieure . On distingue, au fond, la réplique de l'autel ailé du château du Tyrol.

    Image 27 : Vue du fond de l'abside inférieure. Le linteau échancré de la fenêtre absidale porte un décor d'oiseaux au canthare : ce sont des paons. Les paons seraient les images du phénix, oiseau légendaire qui renaît de ses cendres.


    Datation envisagée pour la chapelle Saint-Pancrace du Château de Dorf Tirol : an 950 avec un écart de 100 ans.