La collégiale San Quirico de San Quirico d'Orcia  

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Nous n'avons pas visité cette collégiale. La plupart des images de cette page sont extraites de galeries d'Internet.

La page du site Internet Wikipédia consacrée à cette église nous apprend ceci :

« Histoire

Au Moyen-Âge, la localité se trouvait sur la via Francegina. Sigéris, archevêque de Cantorbéry, dans son voyage accompli entre 990 et 994, cite San Quirico comme "XII submansio" et la définit "Sce Quiric". Elle gagnera de l'importance en devenant le point de rencontre des marchands de l'Ombrie et des Marches menés vers Florence et Sienne par le célèbre Guido Morgante, et qui traversaient la vallée du Chienti, Colfiorito, Foligno et Pérouse, jusqu'à San Quirico.

La commune tient son nom des saints Cyr et Julitte, martyrisés sous l'empereur Dioclétien et auxquels un culte important est rendu dans tout le bassin méditerranéen.
»

Par ailleurs, un chapitre du livre Toscane romane, écrit par I. Moretti et R. Stepani, traite de cette église. Nous n'en apprenons cependant pas beaucoup plus sur l'histoire de celle-ci :

« La collégiale, jadis piève, de San Qurico d'Orcia appartient au groupe des pièves longtemps disputées entre les évêchés de Sienne et d'Arezzo, depuis la deuxième décennie du VIIIe siècle, au temps de Liutprand. Elle est encore mentionnée dans des documents immédiatement postérieurs, mais il n'est pas resté trace de l'édifice médiéval, et l'actuel, peut-être construit sur le lieu de l'ancien, montre clairement son appartenance à la période de transition entre le roman et le gothique. »


Notre analyse de l'architecture de cet édifice

Les diverses images de cette église (vue par satellite de l'image 1, l'image 3, plan de l'image 4, vues intérieures des images 5 et 6) montrent un édifice à l'architecture très perturbée. Ce qui n'est pas le cas d'un édifice qui aurait été construit d'un seul jet « à la période de transition entre le roman et le gothique ». Les architectes du Moyen-Âge édifiaient des églises à plan régulier, symétrique, à volumes répétitifs. On peut donc penser que cette église est le résultat de multiples transformations dont certaines auraient eu lieu durant « la période de transition entre le roman et le gothique ». Le plan en forme de T (image 4) est, semble-t-il, assez rare en Italie. Nous l'avons rencontré plus fréquemment en France. Ce plan témoignerait d'un double changement de mentalité qui se serait produit au cours de la période romane (XIe-XIIe siècles). D'un côté, une moins grande importance donnée aux fidèles (ou une désertion de ceux-ci) et, de l'autre, une plus grande importance du rôle des clercs. Cela aurait conduit à l'effet suivant : alors qu'auparavant, il y avait une grande nef et un chevet à une ou trois absides, on aurait construit une nef plus petite, et, par contre, on aurait construit un transept grand et débordant et des absides plus grandes. Cela pour les églises nouvelles. Mais il y aurait eu aussi des modifications pour les églises anciennes. Les nefs auraient été en partie réduites par suppression de travées ou de vaisseaux (ainsi il arrive que des nefs à 3 vaisseaux soient réduites à un vaisseau par suppression des collatéraux). Et les chevets anciens auraient été remplacés par des ensembles plus importants (transepts, avant-chœurs et absides). Cela aurait produit des plans en T analogues à celui que l'on a ici.

Le cas de la nef triple transformée en nef unique est suffisamment fréquent en France pour l'envisager dans le cas particulier de l'église San Quirico. Et on remarque pour cette église la présence d'arcs en plein cintre côté Nord de la nef (à gauche sur l'image 5, à droite sur l'image 6). Sur cette dernière image, on devine la présence de ce qui pourrait être un collatéral Nord. Assez paradoxalement, ce collatéral n'apparaît pas sur le plan de l'image 4 mais il semble exister à gauche du clocher sur l'image 1. Il y a donc une forte probabilité pour que cette église ait eu à l'origine une nef à trois vaisseaux portée par des piliers à section rectangulaire.

Cette église aurait été réaménagée durant la période de transition entre le roman et le gothique. Les transformations auraient concerné le transept et le portail Ouest (images 2, 7, 8, 9, 10, 11) et sans doute un peu plus tard les deux portails Sud (image 12).


Bien que probablement postérieures à l'an mille, les sculptures du portail Sud ont suscité notre attention à cause des thèmes qui y sont présentés.

Image 7 : Le linteau de couleur sombre porte un décor d'hybrides affrontés. Ces hybrides ont un corps de crocodile et des ailes d'oiseau avec deux pattes au lieu de quatre. Celui de droite porte au-dessus du corps deux têtes de serpent. Ce signe serait distinctif d'une chimère. La chimère, tuée par Bellérophon, est un animal de la mythologie grecque. Sur ce linteau, une corniche contient d'autres animaux fantastiques : à gauche, un hybride à corps de lion et queue de serpent. À droite, deux hybrides à corps humain (un homme et une femme) et queue de poisson. Est-ce que ce sont des sirènes ? En tout cas, cela ne correspond pas à la « sirène à deux queues » qui est romane.

Image 8 : Chapiteaux soutenant les voussures du portail côté gauche. Sur le chapiteau de gauche, deux hybrides posent leurs pattes sur un masque humain. La corniche située au dessus des chapiteaux porte d'une part la représentation devenue traditionnelle des « oiseaux au canthare » et une autre représentation probablement dérivée de la précédente : deux lions à queue feuillue encadrant une tête de bouc.

Image 9 : Chapiteaux soutenant les voussures du portail côté droite. On retrouve à peu près les mêmes représentations que du côté gauche, fait rare dans l'art roman.

Image 10. Décor de l'intrados du support gauche du linteau : deux lions affrontés.

Image 11. Décor de l'intrados du support droit du linteau : atlante (ou orant).

Ces représentations sculptées (en particulier celle des deux « crocodiles » du linteau) témoignent de la rémanence de certains thèmes tels que la chimère ou les oiseaux au canthare. Ces thèmes remontent à l'antiquité et, pour l'un au moins d'entre eux, la chimère, à l'antiquité païenne. Nous n'arrivons pas à comprendre pour quelles raisons ils ont été placés à l'entrée d'une église où ne devraient être exposés que des thèmes chrétiens. Manifestement, les gens de l'époque devaient comprendre la signification chrétienne de ces représentations. Dans une autre église d'Italie, est représenté le monstre marin de l'histoire biblique de Jonas, mais l'image est nettement plus explicite qu'ici.


Datation envisagée pour la collégiale San Quirico de San Quirico d'Orcia : an 850 avec un écart de 150 ans.